Cinéma

Annecy 2024 – "La balade de Yaya", un récit d'aventures et de rencontres

Date de publication : 13/06/2024 - 08:03

Adapté de la BD éponyme, le projet de long métrage d'animation La balade de Yaya a été présenté aux pitchs MIFA. Porté par sa réalisatrice Hefang Wei, la scénariste Catherine Paillé, et la productrice Justine Francke (Blue Spirit Productions), le film est actuellement en pleine recherche de financements.

Tout vient à point à qui sait attendre. C'est ainsi que l'on pourrait résumer l'aventure autour du projet de long métrage d'animation La balade de Yaya. Depuis plusieurs années, cette adaptation de la bande dessinée éponyme (éditions Fei), sillonne les marchés de l'animation. En 2012, il fut sélectionné aux Cartoon Movie 2012 dans sa phase de concept puis en 2019 dans sa phase de développement. Tout s'est accéléré au cours des derniers mois porté notamment par un trio 100% féminin : la réalisatrice Hefang Wei, la scénariste Catherine Paillé, et la productrice Justine Francke pour Blue Spirit Productions.

"Ce film est la réunion de beaucoup de personnes qui s'est étalée sur de nombreuses années. Il y a eu des couches successives de travail. Nous pensons aujourd'hui avoir trouvé la bonne équipe. Sur les huit derniers mois, nous avons plus avancé que les dix dernières années. Une alchimie s'est instaurée", raconte Justine Francke. Tout en ajoutant : "C'est un vrai bonheur de travailler avec ces talents. Hefang Wei nous a notamment rejoint l'été dernier. Je suis ravie de l'avoir comme réalisatrice. Trop peu de femmes réalisent encore des longs métrages d'animation. En tant que productrice, nous avons une responsabilité à ce niveau et j'entends poursuivre sur cette voie."

"Un récit d'apprentissage mêlé à une histoire sociale"

L'histoire du film commence à Shanghai en 1937 lors de l'invasion japonaise.  "Yaya, séparée de ses riches parents lors de l'invasion japonaise, rencontre Tuduo, un garçon des rues. Elle l'entraînera sur les routes de la Chine, convaincue qu'elle pourra retrouver les siens et offrir une vie meilleure à son ami", dévoile le synopsis.

"La balade de Yaya est un récit d'apprentissage mêlé à une histoire sociale. C'est la rencontre entre deux enfants issus de classes sociales très différentes où chacun apprend l'un de l'autre. Lorsque j'ai rejoint ce projet, j'ai été très touchée par ce trajet de transformation de Yaya, petite fille très privilégiée, qu'on va retrouver sur une île déserte en train d'apprendre à arracher les noix de coco et à allumer un feu. Cette dimension de robinsonnade m'a beaucoup plu", indique Catherine Paillé. Hefang Wei abonde en ce sens : "J'adore les films de rencontres. J'apprécie tout particulièrement l'influence des personnages secondaires sur les protagonistes principaux dans des lieux différents. Ces échanges sont très enrichissants et rythment l'aventure. C'est en tissant des liens, en s'entraidant que les personnages vont trouver des solutions"

La guerre sino-japonaise sera également la ligne directrice du film. "La dramaturgie du film est particulière. L'antagoniste principal est la guerre, il n'y a pas de grand méchant. La guerre rebat toutes les cartes et met tous les individus à égalité", souligne Justine Francke. "Nous ne souhaitions pas tomber dans la caricature du méchant", confirme Hefang Wei. "Il y a quelques années, mes enfants m'ont fait une remarque très juste. Ils ont relevé que si les films américains comportaient très souvent un personnage méchant, les films japonais n'en avaient quasiment pas. La méchanceté est plus compliquée, plus inhérente. Nous aurons la même approche pour La balade de Yaya, il n'y aura pas d'antagoniste incarnée", ajoute Catherine Paillé.

La figure de la mère, sous différents modèles, dominera aussi le récit. Tuduo a été abandonné dès son plus jeune âge avec son petit frère par sa mère qui n'avait pas les moyens de les nourrir. Elle n'est jamais revenue. Yaya était, elle, dans un cocon familial. Le premier jour de la guerre, elle est persuadée que ses parents ont fui Shanghai en l'abandonnant. "Dans le film, ils seront accueillis quelques jours par une famille de circassiens. Tuduo va ici découvrir une maman aimante. Nous souhaitions incarner cette figure maternelle tout au long du récit", raconte Justine Francke. "Nous aimerions beaucoup d'ailleurs avoir une chanson illustrant cette thématique", indique Hefang Wei.

La musique originale, justement, aura toute son importance dans le film. Yaya étant une jeune joueuse de piano. "Les créations sonores, illustrant son état d'esprit tout au long du voyage, seront essentielles tout comme la musique d'ambiance. Nous replongerons dans les années 30 de Shanghai où le jazz chinois était très présent. Il va falloir inventer une sonorité qui traverse les années 30 jusqu'à aujourd'hui", détaille Hefang Wei. La réalisatrice aimerait "En plus de l'écriture du scénario, il y aura un vrai travail d'écriture musicale à mener qui retranscrit l'évolution de notre jeune musicienne. Yaya, qui jouait seule du piano au départ, va découvrir la magie de la musique et ce qu'elle procure aux autres", complète Justine Francke.

Un des enjeux du film sera de retranscrire l'architecture chinoise et la diversité des costumes de l'époque. Un travail important de documentation sur les archives de l'époque a déjà été mené.  Hefang Wei cite également comme références les films d' Edward Yang et Isao Takahata pour la mise en scène naturelle et le peintre Henri Rivière pour son travail sur les lumières et sa sensibilité de couleurs. "L'enjeu est d'avoir un univers graphique organique et intemporelle", indique la réalisatrice. Pour le design des personnages, elle privilégie une approche semi-réaliste et épurée.

Si l'univers du film est très ancré dans le paysage chinois, les thématiques abordées donnent une universalité au récit : l'amitié entre deux enfants aux antipodes, la vie en temps de guerre, l'entraide, l'amour familial, la solitude, la peur de l'abandon. "Nous adorerions que ce film devienne un classique de la jeunesse. Un film universel et intemporel que les enfants voudraient voir et revoir",  déclare Justine Francke.

Blue Spirit Productions est actuellement en pleine recherche de financements, sur la base du scénario. Le budget prévisionnel est estimé à 8 M€. Le long métrage a déjà bénéficié du soutien au développement de la Région Nouvelle-Aquitaine et du département de la Charente.

La productrice aimerait lancer le storyboard d'ici à la fin de l'année en vue d'une sortie en salles en 2027.  Justine Francke se rendra à Shanghai dans les prochaines semaines pour rencontrer des potentiels studios partenaires. Une collaboration qui ferait sens au regard de la nature du projet, de l'équipe franco-chinoise et qui coïnciderait avec les 60 ans de relations diplomatiques entre les deux pays.

Florian Krieg
© crédit photo : Newen Studios

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