Annecy 2016 – Benjamin Renner "Un WIP TV, c’est beaucoup de pression"
A l’occasion de participation à la première édition du WIP TV ce jeudi, avec son adaptation de sa propre bande dessinée Le grand méchant renard et autres contes, il répond à nos questions.
Le grand méchant renard et autres contes est votre première œuvre pour la télévision…
Oui, c’est pour la télévision mais ce n’est pas une série. Nous l’avons vraiment construit comme trois courts métrages, voire moyens métrages que comme quelque chose de sériel. C’est un 3x26’ mais il s’agit bien de trois histoires différentes, comme un triptyque. Il n’y a pas de continuité entre les différents mini-films. Canal+ diffusera les épisodes mais ils seront également réunis au cinéma sous la forme d’un film les mettant bout à bout.
C’est la première année pour ces WIP TV à Annecy. Comment vous sentez-vous d’être un pionnier ?
C’est particulier. Je suis vraiment très heureux de présenter mon travail à Annecy mais c’est aussi beaucoup de pression. A vrai dire, il s’agit plus d’une demande de mon producteur. Personnellement j’étais effrayé à l’idée car, selon moi, "Work in Progress" signifie "haute qualité" comme pour des longs métrages particulièrement travaillés à l’instar de La Tortue rouge par exemple. Et donc l’idée d’arriver avec un projet doté d’un budget de télévision, donc plus petit, on montre des travaux à priori un peu moins impressionnants même s’ils sont bons. Mais je trouve ça vraiment intéressant de mettre en avant la production télévisuelle car il faut la rendre plus qualitative. Après, évidemment, arriver derrière ces longs métrages qui ont l’air sublimes, c’est déstabilisant.
Quelle est pour vous la véritable différence entre ce projet pour le télé et ce que vous aviez pu faire auparavant ?
En fait, à l’issue d’Ernest et Célestine, j’expliquais à Didier Brunner, mon producteur que j’étais particulièrement heureux de la façon dont ça s’était passé entre nous et de la confiance qu’il nous avait accordé. J’avais surtout compris que tout le travail effectué sur le film pouvait encore être optimisé, et notamment pour la télévision. On pouvait, dans un budget moindre, offrir une animation traditionnelle, faite par des animateurs de talent, pour un résultat très expressif. Didier nous a d’abord proposé de travailler sur la série Ernest et Célestine mais je n’en avais pas vraiment envie, surtout qu’elle était réalisée en 3D. Et comme je lui avais présenté ma bande dessinée quelques temps auparavant, il nous a laissé l’occasion de nous lancer avec Le grand méchant renard. Et si nous sommes un peu plus coulant sur les détails que sur Ernest et Célestine, on essaye tout de même d’être au plus proche du film au niveau des techniques d’animation, de la manière de faire mais aussi de l’expressivité. Le but était vraiment d’optimiser le travail réalisé en amont avec le long métrage. Il n’y a finalement pas tellement de différence.
Et vous aimeriez continuer à travailler pour la télévision ?
Honnêtement, peu importe où mes travaux sont diffusés, j’ai surtout envie de raconter des histoires. En fait, ce qui me déplaît assez avec la série télévisée, même si je pense que cela est en train d’évoluer, c’est qu’il y a une nécessité de trouver un concept déclinable à l’infini. Du moins c’est aussi ce qu’on nous expliquer à l’école, à la Poudrière. Et personnellement, cela ne m’intéresse pas. J’aime qu’une histoire ait un début et une fin, qu’elle reste un objet à part entière. Après j’apprécie les séries d’animation comme les Simpsons, South Park ou Adventure Time. Mais en tant que créateur, je n’ai pas très envie de faire ça. Mais si on me proposait un autre 26 minutes, par exemple, pour la télé, je n’hésiterai vraiment pas à y aller.
Perrine Quennesson
© crédit photo : DRVous avez déjà un compte
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