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6 ÉVÉNEMENT
[Cinéma]
VOIE DÉGAGÉE POUR
“DON QUICHOTTE”
Au lendemain de la décision de justice l’autorisant à être projeté en clôture
du 71 Festival de Cannes, L’homme qui tua Don Quichotte a décroché son visa
e
d’exploitation auprès du CNC. Une nouvelle étape dans le périple cinématographique
et judiciaire du film de Terry Gilliam, en attendant le verdict sur le fond de la Cour
L’homme qui tua Don Quichotte
d’appel de Paris le 15 juin. OCÉANE LE MOAL, KEVIN BERTRAND ET SYLVAIN DEVARIEUX le 19mai dans près de 300salles.
de Terry Gilliam, qui sortira
C ’ est une double victoire pour
Terry Gilliam. Le réalisateur
britannique a été assuré, ce
mercredi 9 mai par décision de
justice, de voir son nouvel opus,
L’homme qui tua Don Quichotte,
projeté en clôture du 71 Festival
e
de Cannes. Personne, sur La
Croisette, n’ignore en effet que le film est au cœur d’un
conflit qui oppose son cinéaste, avec ses producteurs
Kinology, Tornasol, Entre Chien et Loup et Ukbar Filmes
ainsi que son distributeur français Océan Films, au pro-
ducteur Paulo Branco et sa société Alfama Films. Ces
deux derniers revendiquent en effet un droit sur le long
métrage, et, après plusieurs événements judiciaires en
France comme en Grande-Bretagne, avaient assigné
le Festival de Cannes en référé suite à l’annonce d’une
sélection hors compétition et d’une projection en clôture.
Alfama demandait ainsi l’interdiction de la séance, que
le producteur voyait comme “une violation de ses droits,
droits réaffirmés par trois décisions judiciaires”.
La justice a donc tranché. Le tribunal de grande instance de © DIEGO LOPEZ CALVIN
Paris a autorisé la projection en clôture le samedi 19 mai.
Une annonce formulée par Thierry Frémaux, en salle
Debussy, à l’occasion de l’ouverture d’Un certain regard.
La séance se fera toutefois sous certaines conditions. Le
jugement indique ainsi que le Festival devra “diffuser à a deux ans, autour des droits du film. En attendant, Terry transparents avec eux sur les conditions particulières qui
ses frais (…) un avertissement à l’attention du public, sous Gilliam, victime “d’une légère attaque sans conséquence” entourent le film”, précise Mikaël Muller, directeur des
forme écrite projetée sur l’écran avant le début du film”. d’après le distributeur, a savouré cette première victoire et ventes et des acquisitions d’Océan Films, qui avance un
En substance, cet avertissement doit comporter le mes- a confirmé sa venue à Cannes sur Twitter. “Après des jours objectif avoisinant les 400 000 entrées. La société a toute-
sage suivant : “La projection du film L’homme qui tua Don de repos et des prières aux dieux, je suis rétabli et je vais fois dû travailler rapidement pour installer le long métrage
Quichotte lors de cette séance de clôture du Festival inter- bien de nouveau. L’homme qui tua Don Quichotte aussi !” dans les esprits, un mois seulement séparant son ajout à
national du film ne préjuge en rien des droits revendiqués la sélection officielle de sa sortie en salle. “C’est effecti-
par Alfama, qui font l’objet de procédures judiciaires en UNE SORTIE CONFIRMÉE vement un couloir très serré, confirme Philippe Aigle, qui
cours.” Du côté de Paulo Branco, qui a tenu un point presse LE 19 MAI relativise aussitôt. Dès le départ, nous avions l’objectif de
au Marché du Film de Cannes, cette décision fut parado- Cette décision n’est, toutefois, qu’une étape d’un long pro- le sortir simultanément à sa présentation – éventuelle – à
xalement accueillie comme une “victoire”, puisqu’il “s’agit cessus judiciaire engagé autour de Don Quichotte. En effet, Cannes.”
d’une autorisation exceptionnelle”, selon lui. Avant même la Cour d’appel de Paris doit encore se prononcer le 15 juin Le coup d’envoi de la campagne promotionnelle, estimée
le rendu du verdict, le producteur avait tenu à rappeler que sur la titularité des droits du long métrage, attendu en salle à 1,5 M€ brut, a d’ailleurs été donné dans la foulée de
trois décisions de justice lui auraient été favorables. Pour le 19 mai, le jour même de sa présentation cannoise. “La la sélection cannoise, avec le lancement en ligne d’une
ensuite violemment incriminer le Festival de Cannes, qui sortie simultanée est importante à nos yeux, explique première affiche préventive, “qui a été tellement bien reçue
avait, d’après lui, “pollué” les négociations entamées, il y Philippe Aigle, dirigeant d’Océan Films Distribution Int. et partagée sur les réseaux que nous l’avons imprimée
Elle permet en effet, au-delà de la sphère professionnelle, et intégrée au plan d’affichage”, explique Mikaël Muller.
au Festival et au public de découvrir en même temps ce Ce plan interviendra le 15 mai, avec un réseau national
Des ventes prolifiques film exceptionnel.” de colonnes Morris mobilisé à Paris et dans 25 villes.
Il ne restait qu’à obtenir le visa d’exploitation auprès du Océan Films s’est également entouré de partenaires
L’homme qui tua Don Quichotte s’est déjà CNC pour valider une fois pour toutes cette sortie. Un puissants, tels RTL, 20 Minutes et LCI, reflétant la dimen-
particulièrement bien vendu à l’international. précieux sésame qui a finalement été délivré par le Centre, sion fédératrice que Philippe Aigle prête au long métrage.
Le film sortira notamment en Belgique, en Suisse, ce 10 mai. Une décision qui conforte Océan Films dans “C’est un véritable objet cinéphilique, qui fait la somme
au Royaume-Uni, en Espagne ouencore en Chine,
pays pour lequel un deal aétéconclu dès l’ouverture son ambition de distribuer L’homme qui tua Don Quichotte, de toute l’œuvre de Terry Gilliam tout en l’inscrivant dans
du Festival de Cannes. Amazon Studios s’est, en le 19 mai, dans 300 salles environ, confirmées pour la la modernité, car il s’adresse à tous.” “In fine, la vérité
revanche, désengagé de sa distribution américaine. grande majorité d’entre elles à ce jour. “Les exploitants appartient au public. C’est lui qui décidera s’il aime ou
ont confiance dans notre parole, nous avons toujours été non le film”, conclut Mikaël Muller.
11 mai 2018