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[Digital] donne la parole à…

Commune Image, incubateur

de réalité virtuelle Yann Gonzalez
Scénariste, réalisateur d’Un couteau dans le cœur

n rachetant la holding Scintillo, déjà des producteurs de contenus actifs. – Sélection officielle, Compétition
le groupe SOS présidé par Jean- “Nos incubés se retrouvent ainsi au
Marc Borello a créé une branche cœur de la création”, résume le directeur
E SOS Culture, dont fait désormais général François Calderon. Une nouvelle Yann Gonzalez réalise des courts métrages
partie Commune Image. Un actionnaire communauté se met donc peu à peu depuis 2006, traçant un sillon très singulier.
dynamique, dirigé par Alexandre Lourié, en place aux côtés des sociétés dites Son premier long métrage, Les rencontres
qui a trouvé au sein de cette commu- flatistes”, mais toujours très actives. d’après minuit, était projeté en 2013
nauté créative, composée de producteurs, à Cannes dans le cadre de la Semaine
d’auteurs et de réalisateurs, mais aussi DES FORMATIONS de la Critique. Un couteau dans le cœur,
de distributeurs et de festivals, le modèle ACCÉLÉRÉES À LA VR qu’il présente comme “le portrait
qu’il cherchait à perpétuer, tout en le Un cycle de formation va être prochaine- d’une femme amoureuse dans un train
faisant évoluer. Après avoir longtemps ment mis en place. “Nous nous sommes © ELEONOREHERMIER fantôme”, fait partie cette année
soutenu la production indépendante, rendu compte que beaucoup de profes- de la sélection officielle.
Commune Image s’est donc ouvert à sionnels du secteur, mais aussi des gens
la réalité virtuelle. Le lieu sert à présent tels que des financiers, s’intéressaient à
d’incubateur dédié aux start-ups spéciali- la VR, sans savoir du tout ce que c’était.
sées dans le domaine, en partenariat avec Nous allons donc créer des formations z C’est la première fois que vous travaillez avec un coscénariste.
Créatis, centre de résidence pour entrepre- accélérées dont la première aura lieu le Comment s’est passé la collaboration avec Cristiano Mangione ?
neurs culturels. Une première promotion 4 juillet.” Baptisés VR In One Day, ces Cela a été une joie absolue. J’ai eu l’impression de me libérer en étant
de cinq jeunes pousses bénéficie depuis cursus proposent une approche écono- à la fois acteur et spectateur de mon scénario. C’est génial d’avoir
novembre d’un programme de formation. mique, technique et artistique. Sur les un regard extérieur en permanence sur ce que l’on écrit tout en étant,
Un Lab VR a donc été installé, composé sept salles de montage permanentes en même temps, surpris par ce que votre partenaire va écrire. C’est une
notamment de bornes, d’une chaise dyna- installées à Saint-Ouen, deux vont être sorte de jeu que l’on construit à deux, un parcours autour d’un personnage,
mique six axes et de casques de réalité exclusivement dédiées à la VR. qui nous guide et nous surprend en permanence. C’était très ludique.
mixte. Chaque incubé peut ainsi tester ses À noter enfin que l’un des résidents, le
productions en direct au fur et à mesure de studio de création sonore Shaman-Labs, z Vous éprouvez le même plaisir à travailler avec vos producteurs ?
leur fabrication. a choisi de se spécialiser dans toutes les Chaque histoire est différente. J’ai eu un rapport très fusionnel, très
Par ailleurs, plusieurs résidents perma- problématiques sonores posées par ces organique avec Cécile Vacheret qui a produit mon premier long métrage.
nents de Commune Image, tels que La nouveaux médias à 360°. Ma relation avec Charles Gillibert, mon nouveau producteur se tisse peu
Vingt-Cinquième Heure ou Optima, sont Patrice Carré
à peu. On se découvre au fil des étapes. Il est tellement difficile de produire
des films qu’il faut de l’humanité, sinon c’est très dur. Un producteur,
c’est quelqu’un qui trouve toujours les mots pour avancer, pour vous
relever quand vous êtes à terre. Ça m’est arrivé car le projet n’a pas eu tout
[Institutionnel] de suite les financements que nous attendions. Nous avons tenté trois fois
de suite l’Avance sur recettes avant de l’avoir.
Les pistes du SPI pour z Avez-vous parfois subi des contraintes dans votre parcours ?
Il y a des contraintes budgétaires qui font que sur le tournage, on est obligé
maintenir la diversité d’inventer en permanence et de trouver des solutions parfois artisanales,
souvent sur le fil. Mais c’est ce qui donne l’électricité d’un film et d’une
équipe, car tout le monde cherche des solutions. Et ce que l’on trouve
in fine est peut-être plus fort que ce que l’on aurait fait si on avait eu
e Syndicat des producteurs la possibilité pour les nouveaux acteurs le budget. C’est donc un autre rêve qui se dessine à partir du premier.
indépendants (SPI), dont les de s’inscrire dans notre système vertueux.
membres sont liés à pas moins de En outre, alors que les chaînes de Il passe par le prisme du budget mais peut se révéler être beaucoup plus fou.
L33 films des sélections cannoises, télévision demeurent “le socle de
a, lors d’une conférence de presse sur La financement de la création cinémato- z Le combat pour le droit d’auteur est important à vos yeux ?
Croisette, le 15 mai, consacrée au thème graphique”, le SPI a rappelé le poids du Bien sûr car cela me permet de vivre. Toucher des droits d’auteurs,
“Promouvoir le soutien à la création dans service public dans le financement des grâce aux diffusions télé, permet de dégager du temps pour travailler
un monde numérique”, fait part de ses œuvres et défend une adaptation de la sur d’autres projets. Cet argent offre du temps libre pour travailler.
positions sur les nombreux dossiers règlementation pour mieux tenir compte C’est une vraie liberté.
en cours. À l’heure “où tout le monde des chaînes de la TNT, qui diffusent
s’accorde sur la nécessité de revoir abondamment des films et contri- z Comment voyez-vous la diversité culturelle au sein du cinéma français ?
en profondeur la régulation”, Marie buent très peu à la création, et cela via Je sens que c’est assez difficile. Je suis assez en colère contre la nouvelle
Masmonteil, présidente du collège long l’instauration d’obligations de groupe. aide dédiée au cinéma de genre créée par le CNC. Cela part d’un bon
métrage, a expliqué que derrière les sentiment mais c’est une marche arrière. Le cinéma de genre devrait être
chiffres macro-économiques favorables DES ENGAGEMENTS au cœur des financements. À mes yeux, c’est une façon d’exclure
du secteur se cachent des disparités et DE PROGRAMMATION en donnant une petite fenêtre de tir à trois projets par an. Que va-t-on faire
une grande fragilité pour la production Parmi les nombreux sujets, le SPI de films comme le mien, qui essaient de proposer un mélange hybride entre
indépendante et la diversité. recommande un renforcement des
Dans le contexte actuel de grandes muta- engagements de programmation des plusieurs formes et plusieurs genres ? À l’Avance sur recettes, à chaque fois
tions, une politique de soutien volonta- salles et des engagements de promotion que je parlais de film fantastique, j’avais affaire à des gens
riste est plus que jamais nécessaire, et une commission de contrôle opération- qui ne comprenaient pas. Pour moi la solution, c’est de faire participer
selon le SPI, pour préserver une création nelle et indépendante. Il met également des experts, mais au sein de la commission et de ce cinéma dit traditionnel.
riche et diversifiée. Prônant un accord l’accent, via une série de préconisations, Il n’y a plus de cinéma haut ou de cinéma bas, de cinéma pur ou impur.
rapide pour moderniser la chronologie sur la nécessité dans les soutiens publics Aujourd’hui, tout se mélange.
des médias, notamment pour montrer de préserver leur dimension culturelle Propos recueillis par Patrice Carré
que la filière prend ses responsabilités, face à des objectifs économiques de plus
le syndicat estime qu’elle doit prendre en plus présents. Sarah Drouhaud LA SACD À CANNES
compte de la contribution effective des www.lefilmfrancais.com
acteurs à la création tout en aménageant Les propositions détaillées du SPI Pavillon des Auteurs 204/La Pantiero
06 72 93 04 22
N° 0000 du XX mois XXXX
Tout le programme sur www.sacd.fr