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22 LES FILMS DU JOUR
Semaine de la critique - Ouverture
LITIGANTE
LA VIE QUI VIENT AVEC
À la fois portrait de femme, tableau familial et film sur la justice en
Colombie, Litigante se présente comme une œuvre plus intime que Gente
de bien, sélectionné en 2014 à la Semaine de la critique. “J’y raconte la
maladie de ma mère, qui joue par ailleurs l’un des deux rôles principaux,
celui de la mère de Silvia, le personnage central, explique Franco Lolli.
J’ai eu envie de rendre compte de ce moment. Ce n’est pas une œuvre © LE MOINDRE GESTE-ALTAMAR FILMS
sur la maladie ou sur le cancer, mais sur la vie qui vient avec.” Litigante
est coproduit par Srab Films, Les Films du Worso et Evidencia Films. “J’ai
beaucoup de producteurs sur ce projet : Toufik Ayadi et Christophe Barral
de Srab Films, que j’avais rencontrés au moment de mon court métrage
Rodri, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2012. Ce sont eux qui
l’avaient produit. À l’époque, ils travaillaient au sein des Films du Worso, Semaine de la critique
la société de Sylvie Pialat, que j’avais aussi rencontrée à ce moment-là.
Ma mère jouait déjà l’un des rôles principaux. On s’était toujours dit que LE MIRACLE
si je faisais un film avec ou sur ma mère, on le ferait ensemble, et on s’est
lancés avec Toufik, Christophe et Sylvie. C’est ma société qui a assuré la DU SAINT INCONNU
production en Colombie. En tant que réalisateur, je ne pouvais pas avoir
les deux casquettes en même temps : la production colombienne a donc
été gérée par Daniel García, dont le titre Los silencios était également à CENT MILLE DIRHAMS AU SOLEIL
Cannes l’an dernier. Par ailleurs, Capucine Mahé est ma compagne et Alaa Eddine Aljem présente son film comme une histoire burlesque sur le rapport à
mon associée au sein d’Evidencia Films.” Tous les acteurs sont des non- la foi et l’observation de la transformation d’une microsociété. “Comme dans tous les
professionnels, à l’exception du comédien jouant le personnage d’Abel, travaux que j’ai faits auparavant, le point de départ est le même. Une situation absurde
qui est également réalisateur. Patrice Carré que je cherche à exploiter à la fois dans son potentiel dramatique et comique.” Vient
se greffer là-dessus une envie de filmer le désert comme dans son précédent court
métrage, Les poissons du désert. “J’aime beaucoup tourner dans des espaces ouverts,
qui renvoient paradoxalement à un enfermement.” Le développement du Miracle
du Saint inconnu a été relativement long. “C’était le temps qu’il fallait. C’est un
premier film, je n’étais pas pressé, il fallait que ce soit bien et que je sente que j’étais
allé au bout. On a eu des financements au Maroc, en France, des fonds régionaux
comme le Doha Film Institute, et des MG du vendeur et du distributeur français.”
L’ensemble des acteurs s’est constitué “au feeling, le seul vrai critère. Certains
© SRAB FILMS-LES FILMS DU WORSO-AD VITAM sauf le rôle principal tenu par Younes Bouab. On s’est juste vu deux fois pour parler
comédiens sont connus, d’autres débutent, mais je les ai tous vus en deux temps.
Un café et une longue discussion amicale, puis un casting avec des essais. Tous
de plein de choses, puis un peu du film. C’est le seul que je n’ai pas casté car j’avais
travaillé avec lui sur un film italien peu de temps avant, La controfigura. Je devais voir
CREDIT PHOTO avec lui la scène qu’il jouait en arabe car la réalisatrice italienne n’en comprenait pas
un mot… Cela me suffisait.” Le miracle du Saint inconnu a été tourné de mi-octobre
P. C.
à fin novembre 2018, à Agafay, au sud de Marrakech.
Quinzaine des réalisateurs - Ouverture
LE DAIM
JAMAIS SANS MON DAIM
Annoncée très en amont, cette ouverture de la Quinzaine des réalisateurs
avec le nouveau film de Quentin Dupieux marque la volonté de Paolo Moretti
d’offrir une vitrine à des écritures singulières. Positionné très tôt sur Le daim,
il suivait depuis longtemps le travail du cinéaste, auquel il avait confié la
tenue d’une master class au Festival de La Roche-sur-Yon en octobre 2018.
Quentin Dupieux était déjà venu en 2010 à Cannes pour présenter son
deuxième long métrage, Rubber, en séance spéciale à la Semaine de la
critique. Le daim a été à nouveau produit par Thomas Verhaeghe ( Atelier
de Production), qui avait déjà accompagné Au Poste avec son frère Mathieu.
“Nous avons eu les mêmes partenaires, Diaphana pour la France et WTF
pour l’interna tional, ainsi que l’Avance sur recettes et une région, la
Nouvelle-Aquitaine, précise Thomas Verhaeghe. Mais la spécificité du Daim
est d’avoir une chaîne hertzienne, Arte.” Le montage financier a été complété
par Canal+ et OCS pour les chaînes payantes, le budget final étant de 3,9 M€.
Si le scénario a rapidement convaincu, l’arrivée de Jean Dujardin a permis
d’accélérer le processus, en offrant la possibilité “de toucher un public qui
n’est pas forcément celui de Quentin”. Le tournage a duré six semaines, se
déroulant notamment en vallée d’Aspe, dans les Pyrénées-Atlantiques. “Sur
des films d’auteurs comme celui-là, on a besoin du soutien des régions au
côté de celui du CNC. C’est absolument indispensable. Le fait d’être à la
Quinzaine est très cohérent pour le film et faire l’ouverture l’expose d’une © ATELIER DE PRODUCTION
manière particulière, dans un très bel écrin. Cela contribue à le crédibiliser
et c’est capital pour l’international.” P. C.
15 mai 2019