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32 LES FILMS DU JOUR
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Un certain regard
THE CLIMB
AMIS POUR LA VIE
L’Américain Michael Angelo Covino a bâti sa réputation de réalisateur sur
une série de courts métrages salués dans les festivals : One Night Stand
(2007), The Liberation of Teddy Wendin (2008), Surprise Surprise (2010) et
The Climb (2018), présenté à Sundance, la matrice à partir de laquelle il a
développé son premier long homonyme autour de l’amitié au long cours
de deux hommes. Simultanément, il est apparu comme interprète dans
plusieurs films, dont les courts Lightning Man: The Allen Glukowski Story © AMAZON STUDIOS
(2012) de Sam Kretchmar, qu’il a coécrit, ainsi que son long Keep in Touch
(2015), primé à plusieurs reprises, Climbing Mt. Evelyn (2012) de Jimmy
Loweree et Jake Moreno, Samice (2018) et Carte blanche (2019) d’Eva Hors compétition
Dolezalova. Parmi les interprètes de The Climb, on retrouve la comédienne
française Judith Godrèche, qui a orienté sa carrière vers l’international TOO OLD TO DIE YOUNG…
avec Stoker de Park Chan-wook (2013). J.-P. G.
GOOD COP, BAD COP
Longtemps attaché à un projet de série télévisée tiré de la BD Barbarella, Nicolas Winding Refn revient
à Cannes avec un concept très différent, Too Old to Die Young-North of Hollywood, West of Hell, qu’il
a développé avec la complicité de l’auteur de BD et scénariste expert en superhéros Ed Brubaker. Il a
toutefois tenu préalablement à se rendre à Paris afin de s’y faire tirer les tarots par celui qu’il considère
comme l’un de ses maîtres, le cinéaste et gourou Alejandro Jodorowsky, qu’il est revenu consulter au
© A TOPIC STUDIOS-WATCH THIS READY PRODUCTION incarne un détective schizophrène qui se mue en tueur à gages afin de satisfaire ses pulsions les plus
cours de la préparation. Miles Teller (couvert de louanges pour Whiplash de Damien Chazelle, en 2014)
inavouables. Jusqu’au moment où il se trouve confronté à un cartel de la drogue qui sévit au Nouveau-
Mexique. Libre de répartir à son gré la durée des dix épisodes, tournés sur une période totale de dix mois,
le réalisateur danois a tenu à s’entourer de techniciens chevronnés qui figurent pour la plupart parmi ses
collaborateurs de prédilection, afin de mener à bien ce projet ambitieux promis à devenir culte. Parmi
ceux-ci, le chef opérateur franco-iranien Darius Khondji, qui a éclairé six épisodes (les quatre autres
ayant été attribués à Diego Garcia et Chung-hoon Chung), et le compositeur Cliff Martinez. L’intégralité
Un certain regard de cette première saison sera disponible en France sur Amazon Prime dès le 14 juin. J.-P. G.
PAPICHA
DÉFILER… POUR NE PAS SE DÉFILER
Après une année de journalisme à la faculté d’Alger, Mounia Meddour
immigre en banlieue parisienne, où elle passe une maîtrise en information
et communication, puis suit un stage d’été à La femis et étudie au Centre
européen de formation à la production de films (CEFPF). Parmi ses
reportages et documentaires : Particules élémentaires (2007), La cuisine en
héritage (2009) et Cinéma algérien, un nouveau souffle (2011), qui s’attache
aux jeunes réalisateurs algériens de sa génération, suivis du court métrage © MY NEW PICTURE-LES FILMS DU BAL-PLAYTIME-ARTE FRANCE CINÉMA, AD VITAM
Edwige (2012). Lauréat du prix Sopadin du meilleur scénario et de l’Aide
à l’écriture du CNC, Papicha, que Moudia Meddour a écrit avec Fadette
Drouard (citée au César 2018 pour Patients), est un film partiellement auto-
biographique sur la fameuse “décennie noire”, qui a confronté le pouvoir
algérien à divers groupes islamistes armés à partir de 1991, entraînant
plus de 150 000 morts, des dizaines de milliers d’exilés et un million de
personnes déplacées. “J’ai ce sujet en moi depuis longtemps, explique
Mounia Meddour, mais il m’a fallu du temps avant de m’y consacrer entiè-
rement. J’ai eu besoin de recul, peut-être de faire le deuil de cette période.” Quinzaine des réalisateurs
Son personnage principal, Nedjma, est campé par Lyna Khoudri, primée ZOMBI CHILD
à Venise pour Les bienheureux de Sofia Djama. Dans Papicha, elle incarne
“une jeune femme combative qui rêve de rester dans son pays, précise
Mounia Meddour. J’étais comme elle : quand on est jeune et qu’on n’a pas
conscience des opportunités qu’offre l’étranger, on n’a pas envie de partir”. SECRET DE FAMILLE
La réalisatrice prépare d’ores et déjà son deuxième long, Houria. J.-P. G. Après avoir réalisé Saint-Laurent et Nocturama, Bertrand Bonello avait envie de revenir à un projet plus
léger en termes de production. Zombi Child puise son inspiration dans l’histoire de Clairvius Narcisse,
donné pour mort en 1962, puis revenu dans le monde des vivants 18 ans plus tard après avoir été
zombifié. L’un des rares cas à avoir été précisément documenté. Pour des raisons éthiques, le cinéaste
souhaitait tourner à Haïti sur les lieux même de l’action. “Ce que nous avions à faire était assez simple
puisque c’était surtout montrer un homme qui marche. En filmant ces scènes dans un autre pays, elles
auraient perdu beaucoup de sens pour moi. Et puis je ne voulais pas recréer une cérémonie vaudou
ailleurs.” Le cinéaste va recevoir beaucoup d’avertissements sur ce pays réputé comme étant très
compliqué pour y tourner. Il effectuera trois voyages afin de se faire avant tout accepter par des Haïtiens
très remontés contre le regard des Blancs sur leur pays. “Au bout du compte, comment avons-nous
réussi à tourner là-bas ? Je crois qu’il nous a fallu un mélange de chance, de pugnacité, d’organisation
et le soutien d’une équipe haïtienne engagée à nos côtés et emmenée par notre productrice exécutive,
© FAYCAL BEZZAOUCHA tournage va se scinder en deux parties, le réalisateur commençant par la France avant de tourner
Guetty Félin.” Une première pour Bertrand Bonello qui n’avait encore jamais travaillé à l’étranger. Le
en Haïti. Film sans vedettes, Zombi Child a été produit pour Les Films du Bal par Judith Lou Lévy,
accompagnée de son associée, Eve Robin.
Patrice Carré
17 mai 2019 suite page 34
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