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20 LES FILMS DU JOUR
© ISTIQLAL FILMS Quinzaine des réalisateurs
Semaine de la critique LES HARKIS
THE WOODCUTTER STORY CONFLITS INTIMES
Pour son 11e long métrage, Philippe Faucon retourne à nouveau
explorer la guerre d’Algérie, 17 ans après La trahison. Il s’intéresse
cette fois aux harkis, ces jeunes Algériens ayant rejoint l’armée fran-
çaise, “traîtres pour les uns, soldats au service de la France pour les
autres”. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de
l’Algérie et le sort des harkis paraît très incertain. Le cinéaste en a lui-
même écrit le scénario avec Yasmina Nini-Faucon et Samir Benyala
d’après le livre de Robert Luca, Harkis, mes frères de combat. Produit
à nouveau par Istiqlal Films, la société de Philippe Faucon, Les harkis
(qui s’est d’abord appelé La guerre) est coproduit par Arte France
Cinéma, Nord-Ouest Films et Les Films du Fleuve, avec le soutien
notamment d’Eurimages, de Wallimage et de l’Avance sur recettes
du CNC. Pour le cinéaste, il s’agit “à l’encontre de tout didactisme
ou de toute simplification, de faire exister de véritables personnages,
faits de toutes les complexités (voire des contradictions possibles)
qui déterminent les comportements humains (grands ou petits) au
moment de confrontations à des situations tragiques ou détermi-
nantes, comme celles de la guerre, de la survie, de la compromis-
sion, de la responsabilité”. Prévu initialement en 2020, le tournage
a eu lieu en fin de compte au Maroc à l’automne 2021, mais avec
des comédiens algériens, mobilisant des moyens logistiques assez
conséquents. Sur place, la production exécutive a été assurée par
Mont Fleuri Production, la société de Saïd Hamich. ❖Patrice Carré
Quinzaine des réalisateurs
GOD’S CREATURE
L’APPEL DE LA FORÊT
Également scénariste, Mikko Myllylahti a réalisé plusieurs courts métrages avant ce premier
long. “Un jour, j’ai rencontré un bûcheron un peu particulier, originaire du nord de la Finlande,
non loin de ma ville natale de Tornio. Il m’a raconté sa vie, la façon dont il avait été obligé
de quitter le village et sa famille, comment il avait tout perdu. C’était une histoire triste qu’il
semblait étonnamment bien accepter. Plus je pensais à lui et à son attitude face à la vie, plus
je réalisais le potentiel d’une histoire sur la possibilité d’espérer dans notre monde moderne
rempli d’incertitude et de peur”, raconte le réalisateur qui a rédigé en un week-end la première
version du scénario. “Dès le début, il était clair pour moi que je devais écrire une intrigue
avec des rebondissements, mais en évitant tout ‘schéma habituel’. Et cette première version
comporte beaucoup de scènes et d’arcs qui sont restés dans le film final.” La préparation
a été assez longue. “Créer une atmosphère surréaliste dans un film est un travail difficile,
similaire à celui effectué sur un film d’époque, où chaque détail et chaque objet doivent être
intégrés au décor. Il nous a fallu beaucoup de temps pour trouver les lieux réels. La majeure
partie de la Laponie a été réduite en ruines par les troupes nazies en retraite pendant la
Seconde Guerre mondiale, et malheureusement, la reconstruction effectuée après-guerre est
un véritable désastre architectural.” Le tournage a eu lieu finalement autour de la région de
Kainuu et Koillismaa, dans la partie sud-est de la Finlande du nord, juste en dessous de la
Laponie, le réalisateur optant pour un support 35 mm. “Nous savions que seule la pellicule
pouvait créer une sensation intemporelle et particulière pour, au final, éloigner le film du © SIXTY-SIX PICTURES
réalisme quotidien.” Mikko Myllylahti faisait partie de la 5e promotion de Next Step en 2018,
et a participé en 2019 à l’Atelier du Festival de Cannes. ❖ P. C.
ANATOMIE D’UN MENSONGE
Tourné en Irlande, God’s Creature a été coréalisé par Anna
Rose Holmer et Saela Davis. Elles avaient déjà collaboré
ensemble sur The Fits, réalisé par Anna Rose Holmer. Saela
Davis avait participé à l’écriture du scénario puis avait monté
le film, qui a été remarqué à la Mostra de Venise avant d’être
sélectionné à Sundance et de remporter plusieurs prix, notam-
ment celui de la critique à Deauville. L’action se situe dans
un village de pêcheurs irlandais balayé par la pluie. Le film se
présente comme le portrait d’une mère, interprétée par Emily
Watson, qui ment pour protéger son fils. Ce mensonge va avoir
un impact dévastateur sur sa communauté, sa famille et elle-
même. Le scénario a été écrit par Shane Crowley d’après une
histoire coécrite avec la productrice Fodhla Cronin O’Reilly.
C’est cette dernière qui a produit le film, via sa société anglo-
© TERO AHONEN irlandaise Sixty-Six Pictures. Les Américains de A24, qui
détiennent les droits internationaux du film, l’ont cofinancé
avec BBC Films, Screen Ireland et le fonds irlandais Wrap
(Western Region Audiovisual Producers Fund). ❖ P. C.
19 mai 2022
© ISTIQLAL FILMS Quinzaine des réalisateurs
Semaine de la critique LES HARKIS
THE WOODCUTTER STORY CONFLITS INTIMES
Pour son 11e long métrage, Philippe Faucon retourne à nouveau
explorer la guerre d’Algérie, 17 ans après La trahison. Il s’intéresse
cette fois aux harkis, ces jeunes Algériens ayant rejoint l’armée fran-
çaise, “traîtres pour les uns, soldats au service de la France pour les
autres”. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de
l’Algérie et le sort des harkis paraît très incertain. Le cinéaste en a lui-
même écrit le scénario avec Yasmina Nini-Faucon et Samir Benyala
d’après le livre de Robert Luca, Harkis, mes frères de combat. Produit
à nouveau par Istiqlal Films, la société de Philippe Faucon, Les harkis
(qui s’est d’abord appelé La guerre) est coproduit par Arte France
Cinéma, Nord-Ouest Films et Les Films du Fleuve, avec le soutien
notamment d’Eurimages, de Wallimage et de l’Avance sur recettes
du CNC. Pour le cinéaste, il s’agit “à l’encontre de tout didactisme
ou de toute simplification, de faire exister de véritables personnages,
faits de toutes les complexités (voire des contradictions possibles)
qui déterminent les comportements humains (grands ou petits) au
moment de confrontations à des situations tragiques ou détermi-
nantes, comme celles de la guerre, de la survie, de la compromis-
sion, de la responsabilité”. Prévu initialement en 2020, le tournage
a eu lieu en fin de compte au Maroc à l’automne 2021, mais avec
des comédiens algériens, mobilisant des moyens logistiques assez
conséquents. Sur place, la production exécutive a été assurée par
Mont Fleuri Production, la société de Saïd Hamich. ❖Patrice Carré
Quinzaine des réalisateurs
GOD’S CREATURE
L’APPEL DE LA FORÊT
Également scénariste, Mikko Myllylahti a réalisé plusieurs courts métrages avant ce premier
long. “Un jour, j’ai rencontré un bûcheron un peu particulier, originaire du nord de la Finlande,
non loin de ma ville natale de Tornio. Il m’a raconté sa vie, la façon dont il avait été obligé
de quitter le village et sa famille, comment il avait tout perdu. C’était une histoire triste qu’il
semblait étonnamment bien accepter. Plus je pensais à lui et à son attitude face à la vie, plus
je réalisais le potentiel d’une histoire sur la possibilité d’espérer dans notre monde moderne
rempli d’incertitude et de peur”, raconte le réalisateur qui a rédigé en un week-end la première
version du scénario. “Dès le début, il était clair pour moi que je devais écrire une intrigue
avec des rebondissements, mais en évitant tout ‘schéma habituel’. Et cette première version
comporte beaucoup de scènes et d’arcs qui sont restés dans le film final.” La préparation
a été assez longue. “Créer une atmosphère surréaliste dans un film est un travail difficile,
similaire à celui effectué sur un film d’époque, où chaque détail et chaque objet doivent être
intégrés au décor. Il nous a fallu beaucoup de temps pour trouver les lieux réels. La majeure
partie de la Laponie a été réduite en ruines par les troupes nazies en retraite pendant la
Seconde Guerre mondiale, et malheureusement, la reconstruction effectuée après-guerre est
un véritable désastre architectural.” Le tournage a eu lieu finalement autour de la région de
Kainuu et Koillismaa, dans la partie sud-est de la Finlande du nord, juste en dessous de la
Laponie, le réalisateur optant pour un support 35 mm. “Nous savions que seule la pellicule
pouvait créer une sensation intemporelle et particulière pour, au final, éloigner le film du © SIXTY-SIX PICTURES
réalisme quotidien.” Mikko Myllylahti faisait partie de la 5e promotion de Next Step en 2018,
et a participé en 2019 à l’Atelier du Festival de Cannes. ❖ P. C.
ANATOMIE D’UN MENSONGE
Tourné en Irlande, God’s Creature a été coréalisé par Anna
Rose Holmer et Saela Davis. Elles avaient déjà collaboré
ensemble sur The Fits, réalisé par Anna Rose Holmer. Saela
Davis avait participé à l’écriture du scénario puis avait monté
le film, qui a été remarqué à la Mostra de Venise avant d’être
sélectionné à Sundance et de remporter plusieurs prix, notam-
ment celui de la critique à Deauville. L’action se situe dans
un village de pêcheurs irlandais balayé par la pluie. Le film se
présente comme le portrait d’une mère, interprétée par Emily
Watson, qui ment pour protéger son fils. Ce mensonge va avoir
un impact dévastateur sur sa communauté, sa famille et elle-
même. Le scénario a été écrit par Shane Crowley d’après une
histoire coécrite avec la productrice Fodhla Cronin O’Reilly.
C’est cette dernière qui a produit le film, via sa société anglo-
© TERO AHONEN irlandaise Sixty-Six Pictures. Les Américains de A24, qui
détiennent les droits internationaux du film, l’ont cofinancé
avec BBC Films, Screen Ireland et le fonds irlandais Wrap
(Western Region Audiovisual Producers Fund). ❖ P. C.
19 mai 2022