Annecy 2015 - Des femmes majoritaires dans les écoles d'animation mais minoritaires dans l'industrie
Les deux coprésidentes de Women in Animation, Marge Dean et Kristy Scanlan, viennent à Annecy pour y impulser keynotes, rencontres et discussions autour de la place des femmes dans le secteur, en compagnie de nombreux membres de leur comité consultatif. Parallèlement, Marge Dean, qui est également réalisatrice et productrice, sera membre du jury international long métrage, exclusivement féminin cette année.
Comment présentez vous Women in Animation ?
Kristy Scanlan : Nous sommes une association à but non lucratif dont la mission est de soutenir et promouvoir la présence des femmes au sein des postes de création de haut niveau dans le milieu de l'animation. Nous n'avons de liens avec aucun studio et toutes nos actions se font dans une indépendance totale. Nous agissons pour faire entendre la parole des femmes dans ce métier, car nous pensons qu'un accroissement de leur présence ne pourra qu'être bénéfique au monde culturel en termes de diversité.
Comment se manifestent vos actions ?
K.S: Elles sont de toutes sortes. Nous participons à de grands festivals internationaux, nous organisons des cycles de conférence pour sensibiliser le plus grand nombre, montons des programmes, faisons des expositions mettant en avant cette présence féminine dans l'animation. Nous avons commencé par Los Angeles avant d'orienter notre travail vers le reste du monde. C'est en fait un véritable travail éducatif. Car la présence des femmes dans ce secteur est souvent gommée, y compris dans la presse professionnelle. Il y a beaucoup de choses à rectifier dans le domaine. Nous faisons certaines interventions en partenariat avec l'Ucla, notamment sous la forme d'ateliers.
Pourquoi avoir choisi d'intervenir à Annecy cette année ?
Marge Dean : Je suis venue à Annecy l'an passé et j'ai pu présenter le fonctionnement de notre association aux organisateurs. Il semblait évident que nous avions des buts communs et que nous pourrions participer directement au festival en organisant notamment plusieurs rencontres professionnelles. Leur écoute et leur accueil ont été absolument fantastiques. Nous avons reçu un vrai soutien de leur part.
L'animation est toujours un métier très masculin ?
M.D. : Nous avons fait des études en ce sens qui sont très parlantes. Les femmes sont très présentes dans les écoles artistiques et notamment d'animation. Elles y sont même majoritaires. Mais dans l'industrie, elles n'occupent que 20% des postes, notamment créatifs. Il y a certes des réalisatrices comme Brenda Chapman ou Jennifer Lee. Un studio comme Dreamworks a fait des efforts réels dans ce sens. On commence donc à voir apparaître quelques réalisatrices et beaucoup de femmes viennent en ce moment du scénario ou du storyboard. Je pense qu'on est en train de franchir une étape et qu'une nouvelle génération de réalisatrices est sur le point de naître.
Il y a donc une majorité d'étudiantes. Pourquoi ne retrouve pas la même proportion dans l'industrie ?
M.D.: C'est une question très complexe. L'environnement de travail des studios est majoritairement masculin. Et je pense que lorsqu'ils recherchent de nouveaux talents ils se tournent naturellement vers des hommes. Tout cela évoluera sans doute quand il y aura plus de femmes aux commandes. Nous développons d'ailleurs des programmes en ce sens afin que les femmes supportent les femmes. Il faut faire évoluer les mentalités, y compris chez les femmes elles-mêmes.
La situation est similaire en Europe ?
M.D. : Les chiffres ne sont pas exactement les mêmes mais la situation est très proche. D'ailleurs, il est intéressant de constater que ce ratio de 20% de femmes dans une industrie n'est pas propre à l'animation, ni même au cinéma, mais se retrouve être quasiment le même dans beaucoup d'autres secteurs.
Propos recueillis par Patrice Carré
© crédit photo : © CITIAVous avez déjà un compte
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