Congrès FNCF 2015 - Flore Tournois : "La Commission jeunes exploitants se devait d’être le reflet de la fédération"
Deux ans après l’annonce de sa création par la FNCF, la Commission de réflexion des jeunes exploitants organisera ce mardi après-midi un Happy Hour sur l’exposition du Congrès pour partager ses deux années de travail. L’occasion d’interroger sa présidente, Flore Tournois, sur le chemin parcouru.
La Commission des jeunes exploitants a été annoncée à l'occasion du 68e Congrès de la FNCF, puis mise en place en décembre 2013. Quel bilan tirez-vous de son action ?
Nous en tirons un bilan positif. Du point de vue de son action envers les membres, tout d’abord. Nous avons tous beaucoup appris. Par la mutualisation et l’accès aux coulisses de l’actualité du secteur, nous avons pu appréhender des facettes du métier parfois insoupçonnées. C’est précieux, tant sur le plan professionnel que personnel. La pleine intégration à la fédération a rendu plus lisible le fonctionnement syndical qui, pour la plupart d’entre nous, représentait l’inconnu, ou du moins quelque chose d’assez éloigné des préoccupations du quotidien de chacun. Le réseau étendu et la mutualisation ont permis de prendre un peu de hauteur sur nos pratiques et découvrir que tout le monde œuvre dans le même dessein et tâche de préserver à sa manière la salle de cinéma. C’était un acte fort que d’ouvrir les portes à de jeunes professionnels. La vision globale de la représentation de la filière semblait un peu vieillissante, surtout assez figée. Il y a eu de nombreux changements ces deux dernières années, nous sommes chanceux d’avoir été là au "bon" moment.
Surtout, la fédération nous a fait confiance. Elle nous a soutenu dans nos projets et nous a laissé une grande liberté de réflexion. Du côté de ses adhérents, l’action de la commission s’est essentiellement vue à travers la présentation des fiches pratiques à l’usage des exploitants. 15 fiches sont actuellement disponibles. Ce n’est pas rien. Les remontées ont elles aussi été très positives. Elles ont servis, elles serviront. Sans budget particulier, à distance, avec des postes qui demandent déjà beaucoup d’implication et de temps, nous avons la satisfaction d’avoir amorcé quelque chose, un rythme s’est trouvé, des objectifs ont été définis, les premières réalisations concrètes ont vu le jour mais, et c’est bien ce qui reste excitant, tout peut encore se développer et s’imaginer !
Vous évoquiez la rédaction de fiches pratiques. Quel est leur but ?
Les fiches pratiques sont nées d’une réflexion à propos des "jeunes professionnels". Ce n’est pas une question d’âge, mais d’entrée dans un monde professionnel. Vous pouvez avoir 50 ans et décider de vous lancer dans une reprise de salle, vous êtes un jeune professionnel. Nous avons échangé sur les besoins que nous avions pu ressentir en débutant, et avons tous convenus que nous aurions voulu gagner en temps, en autonomie, en efficacité. Nous pouvions transmettre des choses que nous avions apprises. Nous le faisons avec les fiches pratiques. Ce ne sont pas des "leçons des choses", mais le partage de "bons plans". Plutôt que de gâcher de l’énergie à rechercher comment faire telle ou telle chose, à construire des outils qui existent déjà, les fiches pratiques sont là, sur le site internet de la FNCF. On peut s’en servir, prendre ce qu’on veut et les adapter à ses besoins. Libéré de certaines réflexions à avoir sur les sujets abordés dans ces fiches, on peut peut-être mieux se pencher sur les sujets plus importants de nos établissements.
Les membres de cette commission sont issus d'horizons extrêmement variés : circuits, indépendants ou municipaux ; petite, grande ou moyenne exploitation ; art et essai ou généralistes ; exploitants, programmateurs ou responsables marketing... Qu’induit cette diversité ?
Avec ces approches si différentes, il est de fait difficile de dégager une vision commune de la commission à propos de tous les sujets, mais les échanges ont toujours été constructifs et respectueux. La reconnaissance de l’altérité permet de mieux cerner les enjeux de chacun de nos collègues, et de prendre de la distance, de réfléchir à une échelle moins étroite que celle de nos structures. S’il est souvent nécessaire de se réunir par communauté pour défendre des droits, des valeurs ou des projets précis, la commission jeunes devait juste être le reflet de la fédération sans l’adjectif "jeunes"; être à l’image, en comité réduit, de cette fédération qui réunit toute les typologies de salles. Ce qui change c’est l'approche, les codes. Un regard jeune est un regard nouveau. Chacun par son poste, par son établissement, apporte quelque chose de nouveau. Et de fait, cette richesse dans la diversité a, de manière pragmatique et à titre d'exemple, naturellement dirigé la rédaction de fiches par "spécialité" des contributeurs afin de garantir une qualité de travail.
Quels sujets sont les plus régulièrement abordés au sein de la Commission ?
Nous avons organisé nos échanges en mettant toujours en parallèle nos "dossiers prioritaires" – entre avancées des fiches pratiques, relations avec les distributeurs et fournisseurs, transmissions des salles, renouvellement des publics – et l’actualité des débats. Mutuelles, accessibilité, après-VPF, chronologie des médias, Assises du cinéma…, chaque nouvelle réunion faisait le point sur l’état d’avancement des grands sujets de l’exploitation cinématographique.
La question de transmission des salles revient régulièrement dans les débats. La Commission a-t-elle participé aux réflexions autour du futur dispositif de prêts participatifs concocté par l'Ifcic ?
Oui, nous avons été à la table des échanges avec quatre membres des "jeunes" pour défendre nos positions. Et nous préparons des accompagnements à ce dispositif pour apporter notre contribution concrète.
Quels sont désormais vos chantiers prioritaires ?
A ce jour, les reprises de salles, donc, les relations distributeurs-exploitants, le renouvellement des publics mais aussi la défense d’une "bourse projet" pour chaque mandat de la commission jeunes. Mais l’environnement évolue vite et les priorités vont sans doute bouger. Et puis, la commission va se renouveler au tiers en janvier 2016, ce qui va peut-être amorcer des changements avec l’intégration de nouvelles énergies.
Vous organiserez un Happy Hour mardi après-midi sur l’exposition du Congrès. Qu’en attendez-vous ?
Nous avons fait de nombreuses propositions pour animer ce congrès anniversaire, certaines farfelues, d’autres plus sérieuses. Au final, l’Happy Hour a été retenu. Nous voulons ainsi partager nos deux années de travail avec l’ensemble des adhérents. Parce qu’en quelque sorte, ces deux années nous ont rendu "joyeux", il y a l'envie de le communiquer. Ces rencontres apéritives seront surtout un temps complémentaire aux échanges. Nous devons nourrir les réflexions de la commission jeunes autour des besoins et des attentes des adhérents, et l’Happy Hour nous en offre l’opportunité.
Propos recueillis par Kevin Bertrand
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