Annecy 2016 - "La tortue rouge", un film fabriqué chez Prima Linea à Angoulême
Produit par Why Not et Wild Bunch en France et le studio Ghibli au Japon, le film de Michael Dudok de Wit, présenté en ouverture du Festival d’Annecy, a été fabriqué chez Prima Linea, la société de Valérie Schermann et Christophe Jankovic. La productrice nous raconte pourquoi.
À quel stade êtes-vous entrés dans le projet de La tortue rouge ?
Quand le film est arrivé en France. Michael avait déjà commencé à travailler en Grande-Bretagne et au Japon. Il y avait déjà le storyboard et l’animatique. ll a fallu retravailler l’animatique. Pascal Caucheteux (Why Not) a ensuite eu l’idée de faire intervenir Pascale Ferran sur le projet. Elle a travaillé sur le scénario, en aidant Michael à y voir plus clair, en scindant le film en trois parties précises et l’a aussi conforté dans ses choix de réalisation. Parallèlement au travail de Pascale Ferran, Michael a démarré des tests d’animation.
Mais comment avez-vous été choisis pour assurer la production exécutive du film, produit en délégué par Why Not, Wild Bunch avec le studio Ghibli ?
Nous avons été invités à déjeuner par Daniel Goudineau (alors Dg de France 3 Cinéma, Ndlr), avec d’autres producteurs. S’il n’a pas pu prendre ce film pour France 3, Daniel aura en tout cas fait quelque chose pour lui. Nous étions avec Pascal Caucheteux à la même table. Il a dit qu’il allait faire un film d’animation. Je me suis un peu moquée, puis il a évoqué un réalisateur néerlandais qui travaille au Japon. J’ai tout de suite compris et dit, ça nous intéresse ! Puisque comme producteur d’animation, nous avons nos propres studios. Nous avons ensuite rencontré Michael et proposé une méthode et un devis.
Quels étaient-ils ? Et combien de temps a pris la fabrication ?
Hormis les tests, la fabrication a duré près de trois ans, essentiellement dans notre studio d'Angoulême et un peu à Paris. Nous avons préconisé un délai long car après d’intenses discussions avec Michael, nous avons compris qu’il fallait réaliser un travail d‘orfèvre. Donc, nous avons préconisé une fabrication avec peu de gens pendant longtemps, plutôt que beaucoup pendant une plus courte période. Ghibli, Why Bunch et Why Not ont joué le jeu pour le film et nous ont donné carte blanche.
Il nous a d‘abord fallu recruter de très bons animateurs. Quand les gens de Ghibli ont découvert les tests, ils se sont demandés si nous allions réussir à tenir ce niveau, avec ce budget et dans ce délai. Sachant que le budget d’agrément du film est de 9,5 M€, et que les imprévus n’ont pas été consommés, ce dont nous sommes fiers.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à réaliser ?
Les effets spéciaux étaient très importants pour notamment parvenir à réaliser le ressac, la mer, la tempête, les ombres. Plus largement, le plus difficile était la délicatesse de l’animation. Beaucoup d’animateurs n’ont pas pu, du coup, rester.
À un moment, nous avons filmé des comédiens pas tant pour l’acting que pour avoir les mouvements de vêtements quand on bouge en sortant de l’eau. Les deux se sont baignés dans la Charente.
Pour parvenir à un tel niveau, Michael travaillait tout le temps. Pour nous, le plus difficile était de savoir quand il fallait l’arrêter lorsqu'il faisait des retakes, savoir à quel stade c’était bien.
Quelle a été la relation avec les producteurs délégués ?
L’équipe de Ghibli est venue trois fois pendant la fabrication. Mais ils ont toujours été présents quand nous avions besoin d‘eux, tout comme Why Not et Wild Bunch. C’est un film qui a eu beaucoup de bonnes fées, où il y a eu un bon alignement des planètes.
Propos recueillis par Sarah Drouhaud
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