Annecy 2016 - Retour sur la success story de l’animation française, en présence de Jack Lang
L’ancien ministre de la Culture, initiateur du plan Image il y a 30 ans, qui a permis l’émergence de la filière de l’animation hexagonale, était présent à Annecy pour la table ronde organisée par le CNC sur le thème "Le tournant de l’animation française des années 1980 à nos jours".
Comment la France est-elle passée d’une industrie quasi inexistante à la vitalité de l’animation française aujourd’hui, troisième industrie du genre dans le monde ?
À l’occasion de la mise à l’honneur de l'Hexagone par le Festival d’Annecy, Frédérique Bredin, la présidente du CNC, a voulu revenir sur non pas ce que l’on qualifie trop souvent selon elle de "miracle" mais sur la "success story de l’animation française". Jack Lang, dont elle était la conseillère à l’époque où il était ministre de la Culture et de la Communication, en est "le père" comme elle l’a rappelé, en ayant initié le plan Image en 1983. Apparu "comme un peu saugrenu" pour certains à l’époque, il s’est révélé "l’acte fondateur" pour parvenir à l’émergence d’une filière qui rayonne aujourd’hui dans le monde – avec plus de 21 millions d'entrées en salle notamment –, sur les écrans des diffuseurs français aussi – avec une PDM unique en Europe de 45% – , qui emploie 5 300 personnes, le tout s’appuyant sur une filière de formation d‘excellence. Également dans la foulée du plan Image, en 1985, est né le Mifa, qui fête cette année ses 30 ans. Le Marché international du film d’animation, "qui a donné un nouveau souffle au Festival d’Annecy et est devenu son relai économique", ainsi qu'un "tremplin pour les jeunes créateurs" : les studios français et étrangers viennent directement recruter ici. Une success story que les pouvoirs publics continuent d’accompagner aujourd’hui avec la récente réforme du Cosip animation et le renforcement des crédits d’impôt. "C’est cette même démarche que nous menons sur la filière des effets visuels, aujourd’hui délocalisée", a noté Frédérique Bredin.
Selon Jack Lang, comment et pourquoi ce plan Image est né en 1983 ? "On ne peut rien faire si on n'a pas le bonheur d’être entouré d’une équipe qui en veut, qui partage une même vision, une même détermination." Dans cette équipe, il y avait donc Frédérique Bredin, mais aussi Jean Cazes et Daniel Populus. Elle a permis la mise en place d’un "commando" pour créer le Mifa, initié par le ministère de la Culture via une agence privée, l’agence Octet, afin d'éviter les lenteurs administratives, comme ne l'a pas caché Jack Lang.
"Nous n’avions rien contre l’animation japonaise ou américaine, mais il était anormal que les talents soient partis. Il nous a fallu une volonté de fer, une équipe et l’appui déjà du CNC." Il a également cité Jacqueline Joubert, qui à l’époque, après avoir cessé sa carrière d’animatrice à la télévision, a été un relai important pour l'animation à la tête des programmes d’Antenne 2 alors. Mais surtout "tout ce que nous avons entrepris aurait été impensable s’il n’y avait pas eu une communauté d’artistes, de talents, de jeunes… pour se lancer", a poursuivi l’ancien ministre, actuellement président de l’Institut du monde arabe, encore épaté par sa récente visite des studios parisiens d’Illumination Mac Guff.
Le président du studio qui assure la production des longs métrages pour Universal, Jacques Bled, est revenu sur cet essor de la filière à travers le parcours de sa société Mac Guff, créée justement en 1986. Et il a conclu son intervention sur la nécessité de "rester vigilant pour que le cinéma français trouve sa cible, ses moyens d’expression et ses moyens financiers. En termes de soutien public, le système actuel est quasi parfait. Toutefois, nous ne souhaitons pas revivre la même année 2015 en salle pour les films français", cru qui a connu beaucoup de déceptions, "mais nous allons y arriver, la France est une terre de Culture et d’images".
Marc du Pontavice, le Pdg de Xilam, qui installe actuellement des studios à Lyon, a, lui, évoqué les différentes étapes de la reconquête pendant ces 30 ans du marché intérieur de l’audiovisuel, qui au final abouti aujourd’hui à certaines productions audiovisuelles entièrement fabriquées en France. Reste maintenant pour la filière audiovisuelle, selon lui, à dépasser la limite des chaînes généralistes et "à prendre le train des plateformes".
Sont également intervenus Dominique Puthod, le président de Citia, qui est revenu sur les bouleversements profonds qu’a connus le Festival d’Annecy, avec un focus particulier sur la rupture de 1982, et Christophe Serrand, chef de la création des personnages chez DreamWorks, qui a, lui, évoqué, en la relativisant d'ailleurs, la fameuse "french touch" dans les studios américains vue d’Hollywood.
Sarah Drouhaud
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