Annecy 2016 - Quand passent les cigognes

Le producteur Brad Lewis est venu présenter en exclusivité de larges extraits de Cigognes & compagnie qui représente une nouvelle étape pour les ambitions de Warner dans le domaine de l’animation.

Le WAG (Warner Animation Group), a fait son show ce mardi salle Lamy, dans la plus grande tradition des gros studios américains. Seul, sur scène, s’appuyant sur un discours bien rôdé et de nombreuses séquences présentées pour la première fois intégralement, Brad Lewis a raconté devant une salle comble la fabrication du dernier film d’animation du studio, Cigognes et compagnie dont il a assuré la production à Burbank. Le film revisite le mythe de la cigogne livreuse de bébés, devenue à présent un simple coursier au service d’un géant de l’internet.

Il a été réalisé par Nicholas Stoller (Nos pires voisins) et Doug Sweetland qui était notamment superviseur de l’animation sur Cars d’après un scénario écrit par Nicholas Stoller. "L’ambition du WAG est de proposer de nouvelles perspectives dans le domaine de l’animation afin de surprendre le public" a précisé d’entrée de jeu Brad Lewis. Pour ce faire, une équipe éditoriale s’est constituée autour du scénariste. "Le cinéma est une création collective mais l’architecture globale de l’histoire reposait sur une seule personne défendant sa vision. Nicholas a réussi à trouver la façon de traiter cette thématique de l’arrivée du deuxième enfant dans un foyer en la transposant dans un univers délirant". Mais le scénario sera difficile à mettre au point. "A chaque étape il faut s’interroger sur ce qui est la meilleure façon de servir l’histoire, en gardant constamment à l’esprit que nous sommes là pour divertir le public et pour lui faire ressentir des émotions diverses".

Le processus de fabrication du film sera également assez long, dépassant le délai initialement prévu par Warner. "Durant chaque étape de la production nous avons eu d’heureuses surprises. Il faut avoir à l’esprit que les artistes n’aiment pas se trouver devant des directions trop précises à suivre car ils aiment expérimenter par nature. Diriger une équipe artistique suppose donc d’avoir une grande confiance en leur capacité à amener des choses nouvelles. Il faut donc encourager leur spontanéité tout en restant dans un schéma de production prédéterminé. C’est loin d’être simple". D’autant que Nicholas Stoller a réorienté plusieurs fois le fil de l’histoire, se livrant parfois à de véritables improvisations. "Un peu comme un musicien de jazz" précise Brad Lewis qui reconnaît tout de même que "cela a rendu par moments le studio un peu nerveux". Par ailleurs certaines limites habituelles de l’animation ont été repoussées, notamment dans le domaine des hautes et des basses lumières. Certaines séquences présentées à Annecy faisaient clairement apparaître tout un travail notamment autour de la surexposition, mais aussi sur un éclairage particulièrement fin, notamment dans une scène éclairée seulement par un feu de camp.

"Seuls les réalisateurs ont une vision d’ensemble du projet. Or il y a toujours plusieurs façons d’y parvenir. Certains animateurs peuvent être plus audacieux que d’autres dans leurs propositions mais globalement il n’y a pas de règle en la matière. La seule limite à se fixer c’est qu’il y existe un temps pour croire, pour essayer, qui peut être assez long, et ensuite vient le temps pour faire. Et à ce moment, tout le monde doit aller dans le même sens. Mais même à cette étape, Nicholas avait besoin d'improviser, de faire des essais. Quand à Doug il a une imagination débordante. C’est leur façon de travailler et mon rôle c’était de leur faciliter la tache".

Au vu des salves de rire qui ont secoué la salle Lamy, remplie d’étudiants, majoritairement anglo-saxons, mais ayant largement dépassé la tranche d’âge de la cible visée, le pari semble en bonne voie d’être gagné. Cigognes & Compagnie sortira sur les écrans le 12 octobre.