Cinéma

Cannes 2017 : entretien avec Laurent Lavolé, producteur de "Nothingwood"

Date de publication : 24/05/2017 - 08:15

Ce documentaire qui suit Salim Shaheen, baptisé le Ed Wood afghan, pendant le tournage d'un de ses films est présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.

Qu'est-ce qui a pu vous décider à produire "Nothingwood" ?
J’ai eu un coup de cœur pour le projet, avec l’évidence que je voulais le produire pour le grand écran. Et le courant est tout de suite passé avec Sonia. Il y a un sujet sérieux et important, l’amour inconditionnel du cinéma face à la guerre et l’obscurantisme, avec une entrée complètement pop et décalée. C’est la force du film, qui est en quelque sorte une comédie documentaire, jubilatoire, ouvrant une fenêtre sur un univers rarement filmé.

Vous connaissiez ce personnage de Salim Shaheen ?
Je n’avais jamais entendu parler de Salim Shaheen, dont la notoriété est purement afghane.
 
Quel financement pour quel budget ?
Le budget du film est de 700 000 €, que j’ai trouvés en construisant notamment une coproduction franco-allemande. Donc Pyramide pour la France et l’international, l’Avance sur recettes, le minitraité franco-allemand, Eurimages, le Slate Funding d’Europe Creative, la coproduction de Mélanie Andernach avec sa société Made in Germany, le NRW Filmstiefstung, la région Île-de-France, la Sofica Cinéventure et le Doha Film Institute.
 
Des difficultés particulières pour monter ce film ?
Le projet était très séduisant sur le papier, Sonia maîtrisait bien son sujet, elle va très régulièrement en Afghanistan et elle écrit particulièrement bien. Sa connaissance du pays permettait d’être confiant dans sa capacité de tourner là-bas, ce qui n’est pas une mince affaire. Donc, nous avons assez vite fédéré la curiosité et l’intérêt de partenaires essentiels.

Est-ce que défendre de telles propositions de cinéma n'est pas de plus en plus compliqué ?
Je constate qu’il y a un appétit du public pour le documentaire, que ces films font souvent de belles carrières dans les salles et à l'étranger, sur la durée. Finalement seules les chaînes de télévision ont été frileuses et c’est la coproduction internationale qui a permis de nous en passer.
 
Cette sélection à la Quinzaine a une signification particulière pour vous ?
Difficile de rêver d’une meilleure exposition. La Quinzaine est réputée pour la qualité de ses choix. Edouard Waintrop et son équipe sont fans de notre film et je ne doute pas que le public sera ravi de le découvrir pendant le Festival. Et Cannes, avec son marché, est la plateforme de lancement idéale pour l’international. Nous avons décidé, avec Pyramide, de sortir le film en salle dans la foulée du Festival, le 14 juin. Et nous faisons venir Salim Shaheen et ses deux fidèles acteurs en France, ils seront sur La Croisette avec nous.
 
Les autres projets en cours de Gloria Films ?
D’abord, nous présentons à Cannes un autre documentaire, Belinda de Marie Dumora, film de clôture de l’Acid. Puis, début juin, nous débutons le tournage en Turquie du premier long métrage d’une jeune réalisatrice syrienne, Mon tissu préféré de Gaya Jiji, avec Manal Issa dans le rôle principal. Une histoire magnifique, sensuelle et subversive, Belle de jour à Damas au début de la guerre civile, distribué par Sophie Dulac, les ventes internationales étant confiées à UDI. Nous sommes aussi en pleine postproduction d’un long métrage documentaire de Claus Drexel, America, une immersion vertigineuse au cœur de l’Amérique qui a élu Trump. Coproduit par Arte, il sera distribué Diaphana et vendu par Indie Sales. Ensuite, le nouveau Gaël Morel avec Catherine Deneuve et de nombreux projets en développement, avec notamment Arnaud Malherbe et Sébastien Betbeder.
 

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo :


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