Congrès FNCF 2017 – Xavier Albert : "La révolution numérique reste une priorité"
Alors qu’Universal retrouve la villa Le Cercle pour la traditionnelle fête "off" du mercredi en marge du Congrès, retour sur l’excellent premier semestre de la major avec son directeur général. L’occasion pour lui d’élargir aux grands sujets inhérents à sa fonction.
Comme Universal réinvestit, après Sony l’an dernier, la villa Le Cercle pour la fête "off" du mercredi soir, il s’agira aussi de votre première soirée deauvillaise en tant que directeur général d’UPI France, comment le vivez-vous ?
Honnêtement, je pense surtout à l’équipe UPI avec laquelle c’est effectivement la première fois que je vais vivre cette "tradition" puisque ce concept de soirée pré-journée des distributeurs a été imaginé dès le début de l’aventure Universal en 2009. En termes de "team building", il n’y a pas mieux ! Et c’est bien sûr toujours un bonheur de pouvoir discuter avec nos partenaires et bien souvent amis exploitants dans un cadre convivial et festif comme celui de la Villa Universal.
Sans gâcher la fête, que pouvez-vous nous dire sur ce qui attend les accrédités ce soir ?
Ce sera comme le veut la tradition un cocktail d’images, d’animations riches et variées, de musique et de goodies à gagner dans un décor d’exception créé par l’équipe. Nous sommes une grande entreprise d’entertainment, donc on se doit de divertir nos invités ! Il y aura aussi un joli cadeau pour chaque invité en fin de soirée…
Après neuf mois et 13 sorties, vous apparaissez en tête du classement des distributeurs 2017 avec près de 23 millions d’entrées. Quel premier bilan tirez-vous de ce début d’année ?
Je pense qu’il est avant tout important de rester très humble par rapport à ces chiffres. Nous savons tous que c’est une question de cycle et nous avons eu un premier semestre particulièrement heureux avec à la fois des franchises à fort potentiel qui n’ont pas déçu et de très belles surprises que nous avons portées.
C’est vraiment le studio dans son ensemble qu’il faut féliciter, autant au niveau des productions internes que des différents deals qui nous ont apporté de très bons films. Enfin, je souhaite surtout saluer mon équipe dans son ensemble car ils ont réellement travaillé dur. Nous aurons sorti 21 films à fin 2017 et je peux vous assurer que c’est vraiment une gageure : l’efficacité et la créativité sont une nécessité avec un tel volume de films.
Quels ont été les grands enjeux d’Universal en France depuis janvier ?
Comme pour beaucoup d’entreprises, la révolution numérique reste une priorité, que ce soit en termes de culture d’entreprise (communication et management) ou de marketing digital. Nous avons encore beaucoup à faire pour être encore meilleurs dans ce domaine même si j’estime que nous sommes déjà en avance sur beaucoup de sujets avec notamment de plus en plus de films sortis sans média offline en dehors de campagnes cinéma.
La fameuse data reste un véritable sujet autant au niveau de l’analyse du marché et de nos prévisions d’entrées que dans notre relation avec les salles pour encore mieux les accompagner et faire en sorte d’optimiser l’engagement de nos spectateurs communs. Beaucoup d’efforts sont encore à faire et j’espère que les exploitants nous suivront dans cette direction en partageant leurs données et expériences pour être encore plus efficaces.
D’un point de vue plus institutionnel, je suis également très attentif aux côtés de mes camarades du SFAC à tous les sujets qui animent notre industrie ces derniers temps, comme la chronologie des médias ou l’ouverture de la publicité pour le cinéma à la télévision, entre autres. Je suis réellement pour davantage de transparence mais également d’innovations dans nos métiers, cela me paraît vital pour le secteur.
Quelles seront les rendez-vous les plus importants de votre programme dans les mois à venir ?
La diversité de notre line-up sera toujours très forte dans les derniers mois de l’année, puisque nous aurons du film de genre avec le très fun Happy Birthdead, du polar noir avec Le bonhomme de neige, de la comédie pure avec Girls Trip ou musicale avec Pitch Perfect 3 et un pur film d’auteur d’ores et déjà acclamé par la critique, A Ghost Story. Sans oublier notre troisième acquisition française de l’année, Daddy Cool dont nous sommes très fiers au vu des excellentes réactions lors des premières projections.
Enfin, le début d’année sera aussi fort avec un magnifique film historique, Les heures sombres avec un Gary Oldman impressionnant en Winston Churchill, puis la fin de la trilogie phénomène avec Cinquante nuances plus claires et le nouveau film de Paul Thomas Anderson, Phantom Thread, avec Daniel Day-Lewis dans ce qui semble être son dernier rôle. 2018 sera à nouveau une année très riche avec de grands réalisateurs tels que Steven Spielberg, Juan Antonio Bayona, Damien Chazelle ou Peter Jackson.
Le groupe NBCUniversal a ouvert récemment à Paris un tout nouveau pôle dédié aux Consumer Products (licences et produits dérivés), la marque d’une mutation accomplie en groupe de divertissement diversifié et intégré. Qu’est-ce que cette nouvelle entité va apporter de plus à votre activité cinéma dans l’Hexagone ?
Je suis effectivement ravi de l’ouverture de cette structure avec Virginie Kleinclaus-Renard à sa tête. C’est un véritable atout pour nous et mon expérience chez Disney m’a clairement montré que cela peut nous apporter beaucoup sur nos franchises avec de belles opérations événementielles travaillées en collaboration avec ce nouveau département aux côtés de nos partenaires licenciés. Ce sera particulièrement important pour les films d’animation Illumination et, dès 2019, DreamWorks Animation.
Vous aurez sorti trois films français en 2017. En tirez-vous des enseignements et allez-vous poursuivre cette spécificité éditoriale ?
À l’heure de cette interview, je ne connais pas encore les résultats de notre deuxième comédie française de l’année, L’un dans l’autre, et la troisième, Daddy Cool, sortira dans quelques semaines. Il est évident que je ferai un bilan de ces sorties à tous les niveaux pour confirmer ou non notre stratégie d’acquisitions auprès du studio d’un point de vue éditorial et économique. Ce que je peux d’ores et déjà dire est que sur les trois films, quels que soient les résultats, l’aventure humaine sur ces sorties était belle, ce qui est un facteur important pour nous, notre métier se nourrissant de relations entre les différents acteurs de l’industrie.
Par contre, nous souffrons comme l’ensemble de la distribution, plus particulièrement sur les productions françaises, de l’embouteillage des sorties. Cela rend un modèle économique déjà risqué encore plus périlleux. Et malgré le fait que nous soyons une filiale de studio donc a priori un acteur fort de la distribution, le challenge de sortir un film français est de plus en plus compliqué. Nous ne sommes pas un groupe intégré que ce soit au niveau de la salle ou des chaînes de télévision donc le poids de la salle dans l’équation économique est très fort, accentué par le déclin de la vidéo et la nouvelle stratégie commerciale des chaînes linéaires qui tend à réduire drastiquement les prix d’acquisition.
Il va falloir recréer de la valeur dans le cycle de vie d’un film ou sinon, j’ai bien peur que nous ne devions arrêter car le risque deviendra trop fort. L’envie est toujours là mais l’équation devient très complexe. Étant donné notre volume de sorties françaises annuelles (deux à trois films maximum), notre poids est bien évidemment très réduit par rapport à d’autres distributeurs bien plus importants dans ce secteur, mais je trouverais cela extrêmement dommage en tant que défenseur auprès du studio d’une industrie locale forte de ne plus pouvoir alimenter, même à notre faible niveau, l’écosystème français.
Propos recueillis par Sylvain Devarieux
© crédit photo : Juliern Lienard/Contour By Getty pour LffVous avez déjà un compte
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