Congrès FNCF 2017 - La ministre déterminée sur la chronologie des médias et la lutte contre le piratage
Pour sa première venue au Congrès des exploitants, Françoise Nyssen est intervenue lors de la journée des distributeurs. Elle a annoncé "un changement de méthode" pour sortir du blocage de la chronologie des médias et s’est montrée offensive sur la lutte contre le piratage.
C’est une ancienne consœur que les exploitants ont accueilli chaleureusement pour sa première venue à leur rendez-vous annuel de Deauville puisque, lorsque Françoise Nyssen était encore à la tête des éditions Actes Sud (avant sa nomination au gouvernement), la maison d’édition assurait aussi l’exploitation d’un cinéma de trois écrans, classé art et essai.
La ministre de la Culture a structuré son intervention autour de la nécessité de "consolider un héritage" que les exploitants ont tissé avec l’appui des politiques publiques et "de consolider l’avenir".
Après avoir évoqué "plusieurs réformes structurantes menées dernièrement" (l'accord du 13 mai 2016 pour améliorer l’accès des films aux salles et l’accès des salles aux films, la réforme de l’art et essai et des aides à la distribution, "qui ont permis d’augmenter les soutiens du secteur et notamment à ceux qui s’engagent pour une plus grandes diversité de l’offre"), elle a salué le rôle des salles de cinéma : "Si nous continuons à vous soutenir, c’est que vous êtes le piliers de la vie culturelle de proximité. C’est le cœur de l’action que nous voulons mener au sein de ce ministère. Nous sommes le ministère de la Culture pour tous, partout, de la cohésion sociale grâce à la vie culturelle. Nous devons réduire la fracture géographique en termes de vie culturelle. Je suis pour cela particulièrement attachée à votre réseau, qui est essentiel." Un réseau de salle qui est, a-t-elle précisé, le deuxième plus grand réseau de proximité en France avec celui des bibliothèques (lui-même plus fort que le réseau des bureaux de postes).
Afin de "préparer l’avenir" à l’heure du numérique, Françoise Nyssen a évoqué ses trois chantiers. Celui de l’évolution de la régulation audiovisuelle et précisément de la chronologie des médias. Après les interventions de la sénatrice Catherine Morin Dessailly et de la présidente du CNC, Frédérique Bredin, hier à Deauville, la ministre s’est montrée ferme : "Les discussions professionnelles sont bloquées depuis trop longtemps. Il faut sortir de ce blocage, l’avenir de notre système de préfinancement en dépend. J’ai la conviction que nous devons changer de méthode. Le Sénat s’est emparé du sujet. Je suis absolument convaincue que la réponse est d’abord à trouver dans la concertation entre professionnels. Elle doit être encadrée dans un délai strict. C’est pourquoi j’ai annoncé la nomination d’un médiateur", dont le nom sera connu "très prochainement". Il "aura au maximum six mois pour trouver un nouvel accord", et à défaut, "le gouvernement prendra ses responsabilités et proposera une solution législative ou réglementaire".
Le deuxième chantier phare de Françoise Nyssen porte sur "l’intégration de géants du numérique à notre modèle de régulation et la protection de la valeur créée". Un thème qui couvre en particulier la lutte contre le piratage. Après un premier discours sur ce sujet offensif lors de la signature de l’accord entre Google et l’Alpa, "qui ouvre des horizons prometteurs de coopération, notamment pour bloquer contenus illicites diffusés sur YouTube", la ministre a enfoncé le clou à Deauville. "Le piratage est un fléau, une incivilité qui doit être combattue comme telle et par tous les moyens. C’est un phénomène évolutif et des solutions doivent être trouvées pour toutes les technologies mobilisées. C’est pour moi une priorité absolue." Elle a ainsi utilisé le terme d’incivilité, jusqu’ici utilisé par les professionnels – dont Nicolas Seydoux, président de l’Alpa, ou Richard Patry, pour la FNCF – qui prônent l’instauration d’un système d’amende automatique.
"Si cette valeur est détruite par le piratage, c’est tout l’écosystème de la création qui est ébranlé. Je suis donc mobilisée sur ce sujet au niveau national et européen", a-t-elle aussi déclaré, notant au passage que la lutte contre le piratage est un sujet sur lequel il faut faire de la pédagogie auprès des parlementaires.
Un autre enjeu est, selon elle, de "faire entrer les géants dans le système vertueux de notre écosystème". Elle a évoqué les avancées que sont l’entrée en application des taxes YouTube et Netflix, "un grand pas sur l’équité fiscale", et le projet de directive SMA sur lequel elle s’est mobilisée dès sa nomination.
Enfin, le troisième grand chantier de la ministre est la formation du public de demain, à savoir l’éducation à l’image – l’éducation artistique et culturelle étant le 1er point de sa feuille de route tout juste publiée – et, comme elle l’avait évoqué la semaine dernière, l’éducation pour montrer dès le plus jeune âge les effets du piratage des œuvres.
Sarah Drouhaud
© crédit photo : DRVous avez déjà un compte
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