Annecy 2018 - Yuchiro Saito, producteur de "Mirai, ma petite sœur" : "Nous avons créé le plus petit studio du Japon"
Le producteur du film de Mamoru Hosoda, Mirai, ma petite sœur, présenté en compétition, détaille le mode de fonctionnement du studio Chizu.
Vous avez produit Mirai ma petite sœur, film d'animation de Mamoru Hosoda sélectionné cette année en compétition à Annecy et produit par le studio indépendant Chizu. Quelle est la particularité de ce dernier ?
Je l'ai fondé en 2011 avec Mamoru Hosoda. L'idée première était de disposer d'une structure indépendante qui nous permette de nous consacrer aux films que nous avions envie de développer, sans subir aucune influence extérieure. Mamoru Hosoda a beaucoup d'histoires à raconter et possède sa propre vision des choses. Réaliser un film représente à chaque fois un défi. Beaucoup d’artistes et de créateurs ont aussi parfois besoin de périodes de solitude. L'idée fut donc de créer une structure entièrement adaptée à ce besoin. C'est sans aucun doute le plus petit studio d'animation du Japon et peut-être même du monde entier. Mais, en outre, cela nous permet d'agréger tous les talents ayant envie de travailler sur les films de Mamoru Hosoda.
La réalisation du film a nécessité la mise en place de moyens particuliers ?
Nous réunissons à chaque fois des équipes d’animateurs assez fameux. Beaucoup ont déjà travaillé avec nous, mais en même temps, chaque projet est particulier et nécessite des talents divers pour réussir à transposer à l’écran les visions de Mamoru Hosoda. La maison où se déroule une grande partie de l'action a été ainsi entièrement dessinée par un architecte. Hosoda est aussi très attaché à l'obtention d'un rendu proche du style des années 1940, celui d'un film comme Bambi. Nous avons donc utilisé des techniques hybrides, en ayant recours aux CGI, mais aussi en travaillant à l’ancienne avec beaucoup de dessins faits manuellement. Notre but était d'obtenir un résultat n’ayant encore jamais été vu à l'écran.
Comment se déroule votre collaboration avec Mamoru Hosoda ?
Je ne lui donne pas de conseils artistiques directs. C’est un auteur qui a une vision très affirmée sur ce qu’il veut faire. Au début, tout part de quelques feuilles de papier sur lesquelles est résumée l’intrigue du film. On en parle alors tous les deux, il me raconte ce qu’il veut faire. Mais ensuite, quand on entre dans la période de production proprement dite, il y a de plus en plus d’intervenants. Et Mamoru Hosoda s’interroge alors beaucoup sur la façon de faire, il a des périodes de doute, mais aussi d’enthousiasme, au risque de vouloir partir sur d’autres pistes. Je lui rappelle alors ce qu’il avait écrit sur les feuilles de papier du début, parce que c’est là que réside l’essence du film. Mais je n’interviens pas d’avantage sur le plan créatif.
Qu'attendez vous de cette présentation à Annecy ?
En tant que producteur, je connais évidemment par cœur le film, je sais exactement ce que nous avons voulu faire et exprimer. Nous espérons qu’il va plaire au public, mais ça va bien au-delà de ça. Je suis curieux de voir comment il va entrer en résonance avec les spectateurs. Je sais que la réception d’une œuvre dépend de nombreux facteurs, notamment la façon dont elle peut résonner avec la vie personnelle de celles et ceux qui vont la voir. Mais je suis d'autant plus en attente que les Français et en particulier Annecy ont toujours soutenu le travail d'Hosoda. Avant de se lancer dans la réalisation, il a fait de la peinture à l’huile. Or il a été très influencé par l’art occidental et notamment certains peintres français. La France est en quelques sortes sa seconde patrie.
Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : Studio ChizuVous avez déjà un compte
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