Cinéma

Congrès FNCF 2018 - Le CNC va accompagner les exploitants dans leur transformation numérique

Date de publication : 27/09/2018 - 08:15

À la fin de son discours au Congrès de la FNCF, Frédérique Bredin a annoncé un plan destiné à inciter les salles à adopter les principes généraux du marketing digital.

Tout est parti d’une étude sur les pratiques numériques des salles de cinéma, mais aussi des spectateurs, pilotée par la Direction des études, des statistiques et de la prospective du CNC. Durant l’été 2018, le Centre a fait suivre un questionnaire en ligne à plus de 1 600 exploitants, recevant en retour 600 réponses. Parallèlement, l’institut QualiQuanti réalisait des entretiens qualitatifs d’exploitants tout en faisant parvenir un autre questionnaire à un panel de 300 spectateurs.

L’étude, dont les grandes lignes ont été dévoilées par Frédérique Bredin durant le débat avec les pouvoirs publics du mercredi, fait ressortir deux constats majeurs : un écart important entre les usages des circuits et celles des monoécrans, mais également un gap tout aussi élevé entre les attentes des spectateurs et les pratiques des salles. Si 100% des circuits possèdent un site adapté à la consultation sur mobile, un peu plus des 3/4 des monoécrans (76%) ont développé un site, 58% seulement étant adaptés à la consultation sur mobile. Or internet est devenu la principale source d’information des spectateurs, 78% déclarant utiliser Allociné. Loin derrière, on trouve Google avec 33% et Facebook avec 19%.

Outil gratuit et facile à prendre en main, le réseau social de Mark Zuckerberg est le plus fréquemment utilisé par l’exploitation en général. 100% des circuits y sont présents ainsi que 77% des monoécrans. Mais l’écart se creuse drastiquement lorsque l’on aborde le sujet de la publication quotidienne d’infos sur les réseaux sociaux. Là où 93% des circuits affirment le faire, la proportion tombe à 8% au sein des monoécrans qui se disent découragés par le besoin permanent de contenus ou la gestion des avis négatifs.

Les freins identifiés par l’étude sont de trois ordres : manque de temps, de moyens et de savoir-faire. Autre problème, la véritable désaffection des jeunes générations vis-à-vis de Facebook, aux États-Unis mais aussi en France, au profit d’Instagram mais surtout de Snapchat. Par ailleurs, dans son analyse de l’année internet 2017, Médiamétrie fait apparaître que les 15-24 ans ont l’usage le plus concentré des applications sur leur mobile. Mais seulement 6% des monoécrans (contre 100% pour les circuits) proposent une billetterie en ligne, là où 52% des spectateurs se déclarent intéressés par un tel service.

Mais parmi les constats rassurants émerge le fait que, hormis un noyau pur et dur de réfractaires, l’immense majorité des exploitants se dit prête à opérer la bascule dans le marketing digital, pourvu que les freins soient levés. Afin de réduire cette fracture numérique, le CNC a choisi de mettre en place dès 2019 trois mesures qui ne sont pas d’ordre financier. Concernant au premier chef la petite et moyenne exploitation, elles se manifesteront sous la forme d’un accompagnement.

Les dépenses de formation pour ces outils digitaux seront ainsi rendues éligibles aux fonds de soutien. Et un tour de France sera opéré avec les Drac afin d’organiser, partout sur le territoire, deux journées de formation gratuites, ouvertes à tous les exploitants souhaitant découvrir les bonnes pratiques en matière d’utilisation des réseaux sociaux. Enfin, le Centre va lancer un appel à projets, afin d’inciter entreprises et start-ups à créer des applications mobiles, peu onéreuses, destinées à faire gagner du temps aux exploitants. Des initiatives comme le Hackathon, organisé l’an passé par le Festival des Arcs, qui avait fait émerger Cinémoi, projet permettant des échanges entre salles et spectateurs via les "devices" de ces derniers, pourraient être aussi fortement encouragées. Une dernière mesure concerne les médiateurs, dont les emplois sont cofinancés par le CNC et les régions. Étant dédiés à l’animation, certains pourront spécifiquement s’occuper du digital, afin d’aider les exploitants à consolider leur relation avec leurs spectateurs et faire venir les plus jeunes. 70 postes ont été financés à ce jour, ce qui représente, dans le cadre des conventions État-Région-CNC, un effort de 1,4 M€ supplémentaire par an.

Résumé par Frédérique Bredin, l’enjeu de ce dispositif est de permettre aux exploitants "de remporter la deuxième phase de la mutation numérique, tout aussi cruciale. Concrètement, il s’agit de maîtriser l’usage des technologies numériques pour dynamiser la fréquentation, élargir le public, le fidéliser, communiquer avec lui et attirer les jeunes". Et ne pas laisser la gestion des données aux seuls Gafa.

Patrice Carré
© crédit photo : Patrice Carré


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