CONNeXT 2018 - Rapport Nostradamus et rencontre avec Walter Iuzzolino

Au programme des "CONNeXT 2018 talks" figurent tables rondes et keynotes, destinés notamment à sensibiliser les professionnels flamands aux nécessités de stratégies tournées vers l’international.

Initié par le Festival du film de Göteborg, le projet Nostradamus vise à esquisser l'avenir de l'industrie de l’audiovisuel tel qu’il pourrait se dessiner au cours des trois à cinq années à venir, au travers d’interviews d'experts et de diverses analyses. Rédigé, depuis sa première édition en 2014, par l’analyste finlandaise Johanna Koljonen, qui viendra en faire la présentation à Gand durant l’après-midi du lundi 8 octobre, il porte cette année le titre éloquent de "Do or die".

Le rapport évoque en premier lieu la place prédominante prise par les grandes plateformes telles que Netflix ou Amazon, qui sont en train de modeler la consommation cinématographique et audiovisuelle des années à venir. Un bouleversement qui atteint également la télévision, avec un mode de diffusion linéaire semblant de plus en plus dépassée par les nouveaux usages. Parmi les pistes évoquées par le rapport, figure le développement de l’offre légale européenne en matière de streaming, qui devra aller de pair avec la mise en place d’un cadre juridique solide afin de protéger les ayants droits, tout en permettant à un grand nombre d'acteurs indépendants d'entrer sur ce nouveau marché.

De leurs côtés, les salles de cinéma devront clairement se réinventer, afin, non seulement d’offrir des projections d’une grande qualité technique, mais d’être aussi capables de devenir des lieux d’échanges et de rencontres multi-culturels. La salle de demain devra être pensée comme un nouveau média social, privilégiant le contenu exclusif et l’événementiel, pour attirer des publics ciblés. Et, en dépit - ou selon certains, en raison - d’un monde de plus en plus régi par les algorithmes, le contenu reste roi, les européens ayant clairement à jouer un rôle en la matière en raison de la richesse et de la diversité de la culture du vieux continent. L’intelligence artificielle sera de plus en plus utilisée, notamment en termes d’analyse de scénario, comme le prouve actuellement le logiciel ScriptBook, capable d’analyser des scripts en livrant des prévisions financières en terme de coût et de rentabilité.

Enfin, le rapport souligne aussi la sous-représentation féminine dans le secteur, Hollywood restant très mauvais élève derrière l’Europe, ou des progrès significatifs commencent à être perceptibles dans certains pays, grâce à la mise en place de diverses initiatives. Une présentation qui débouchera ensuite sur une table tonde, composée de Hans Van Nuffel (Oxygen), Maud Van De Velde (Fox Belgium) et Zsuzsi Bankuti (The Match Factory) afin de revenir sur ces différentes thématiques.

Autre invité, Walter Iuzzolino, livrera un keynote, le mardi 9 octobre dans l’après-midi. Acheteur pour le compte de Channel 4, ce dernier a largement contribué à faire connaître les séries flamandes au public anglo-saxon. Par son intermédiaire, la chaîne britannique a ainsi fait l’acquisition de Clan, Professor T, Tabula Rasa, également achetée par Netflix, ou encore 13 Commandments. Outre Tabula Rasa, Netflix a également acquis les droits de Code 37 et Beau Séjour. Dans un article récemment publié par The Guardian, Walter Iuzzolino expliquait son intérêt pour les séries flamandes : "leur originalité résulte de leur rafraîchissante différence, leur imprévisibilité, leur touche surréaliste, mais aussi leur penchant pour le mélange des genres".

Début 2016, il lance au Royaume-Uni Walter Presents, un service de VàD inclus dans l’offre de la plateforme de Channel 4, All 4. Entièrement programmé par Iuzzolino, Water Presents, qui diffuse des séries dans leur langue d’origine, est également proposé sous forme d’abonnement aux Etats-Unis et en Australie. L’offre est à présent disponible en Italie depuis le mois de septembre.