Cinéma

CONNeXT 2018 - Les auteurs de premiers films flamands face à un défi

Date de publication : 09/10/2018 - 08:38

Les premiers films représentent cette année quasiment la moitié des projets présentés à différents stades à CONNeXT, Girl de Lukas Dhont, étant le plus emblématique, en raison d’une carrière déjà éblouissante. Mais le montant global des aides reste plafonné.

Tandis que 16 premiers films étaient présentés l’an passé, ils ne seront "que" 14 cette année. Un chiffre néanmoins très conséquent pour un territoire qui ne sort qu’une trentaine de films par an, neuf seulement étant en moyenne soutenus par le VAF. Premier constat, les profils des cinéastes présentant des premiers longs métrages est très contrasté. Beaucoup sont d’abord passés par le court métrage, afin d’y faire leurs premières armes lors de parcours plus ou moins longs. C’est le cas notamment pour Jonas Baeckeland (Cool Abdoul), Anouk Fortunier (My dad is a sausage), de Frederike Migom (Binti), Anke Blondé (The best of Dorien B.), Eva Cools (Cleo) ou encore Mathieu Mortelmans (Bastards). Mais certaines trajectoires peuvent s’avérer plus longues. Lars Damoiseaux (Yummy) a ainsi réalisé son premier court métrage en 1997, le dernier remontant à 2016.

D’autres premiers longs métrages sont portés par des cinéastes ayant faits leurs armes de façon conséquente sur les plateaux de séries télévisées. Réalisateur de plusieurs épisodes de la saison 3 de Peaky Blinders mais aussi de Tunnel, Tim Mielants présentera ce mardi 9 octobre Patrick, arrivé au stade de work in progress après avoir été pitché l’an passé. Même cas de figure pour Sven Huybrechts qui dévoilera Torpedo. Il a notamment été aux commandes de la série parodique Tegen de sterren op, dont la première saison remonte à 2010.

Révélé l’an passé à l’état de WIP, Girl de Lukas Dhont (photo) avait d’emblée marqué les esprits, tant au niveau des sélectionneurs de festivals que des distributeurs, notamment français. Une conjoncture heureuse qui devait pour beaucoup à la présentation d’images, certes non finalisées, mais laissant transparaître un propos déjà très affirmé visuellement. Une carrière boostée par une Caméra d’Or qui a permis d’ouvrir bien des portes au film, lequel fera l’ouverture ce mardi soir du festival de Gand, avant de commencer sa carrière en salles.

Si le soutien du VAF aux premières œuvres reste conséquent, l’enveloppe globale de son fonds cinéma est loin de suivre un volume des demandes devenu exponentiel, notamment, en raison de l’existence d’un très grand nombre d’écoles de cinéma au regard de la taille du territoire. Conséquence inéluctable, de nouveaux entrants arrivent chaque année avec leurs projets, ce qui n’était pas le cas encore il y a une dizaine d’années, les étudiants se tournant vers la télévision ou la publicité à la fin de leur cursus. Mais l’embellie du cinéma flamand a suscité des ambitions nouvelles. Alors les producteurs s’adaptent, en mettant au point des calendriers de présentation des projets très précis, voire en adaptant les budgets.

"C’est très compliqué pour nos réalisateurs. Une fois qu’ils ont fait leur premier film, le second peut prendre plusieurs années à se monter. Ensuite leur carrière va démarrer, à condition qu’ils rencontrent le succès. Mais dans le cas contraire, certains arrêtent" explique le producteur Dries Phlypo (A private view). En raison de ces intervalles de plus en plus conséquents entre deux films, beaucoup se tournent vers la télévision. D’autres comme Michaël R. Roskam partent à l’étranger et notamment aux Etats-Unis. Leur carrière y prend alors un élan permettant à leurs projets suivants d’être financés par le marché, laissant ainsi la place à d’autres aux différents guichets existant. "Il faut arriver à donner leur chance aux nouveaux réalisateurs, tout en permettant à ceux qui ont déjà prouvé leur savoir faire de pouvoir continuer" résume le réalisateur et producteur Eric Wirix. Une équation complexe qui représente un défi, auquel Erwin Provoost, le nouveau directeur-intendant du VAF, semble vouloir s’atteler.

Premiers films présentés à CONNeXT 2018

Pitchs
Cool Abdoul de Jonas Baeckeland (Potemkino Port)
My dad is a sausage de Anouk Fortunier (A Private View)
Yummy de Lars Damoiseaux (A Team Productions)

Work in progress
The best of Dorien B. de Anke Blondé (A Private View)
Binti de Frederike Migom (Bulletproof Cupid)
Cleo de Eva Cools (Lunanime)
Patrick de Tim Mielants (Savage Film)T
orpedo
de Sven Huybrechts (A Team Productions)

Projections
Bastard de Mathieu Mortelmans (Marmalade)
Coureur de Kenneth Mercken (Czar)
Etangs noirs de Timeau De Keyser et Pieter Dumoulin (Accattone Films)
Everybody pays de Matteo Simoni, Ruth Beeckmans et Bruno Vanden Broecke (Finders Keepers)
Girl de Lukas Dhont (Menuet)
ZOOks de Kristoff et Dimitri Leue (Potemkino)

Patrice Carré
© crédit photo : Menuet


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