CONNeXT 2018 - Des duos de productrices et réalisatrices à l’offensive
Sur les douze films présentés à l’état de work in progress, cinq ont été réalisés par des femmes, le sixième étant le fruit d’une coréalisation.
Sans qu’aucune politique volontariste n’ait été mise en place par le Vlaams Audiovisuel Fonds (VAF), la participation féminine est tout aussi importante à CONNeXT que l’an passé. Le résultat d’une sélection naturellement ouverte à la diversité et au renouvellement des talents. Sur les douze projets présentés à l’état de work in progress (WIP), cinq sont, en effet, réalisés par des femmes. Trois sont des premiers longs métrages : The Best of Dorien B. d’Anke Blondé, Binti de Frederike Migom et Cleo de Eva Cools (photo). Les deux autres sont portés par des cinéastes déjà confirmées : Sinner d'Émilie Verhamme et Tench de Patrice Toye. Enfin le sixième, The Barefoot Emperor, est coréalisé et produit par Peter Brosens et Jessica Woodworth.
Eva Cools - qui a déjà quatre courts métrages à son actif – raconte dans Cleo, l’histoire d’une jeune femme tentant de se reconstruire par la musique après la disparition de ses parents dans un accident de la route. Son père ayant été pianiste, Cléo va tenter de surmonter son deuil par ce bais. Un fait inspiré de sa vie personnelle : “Un accident, suivi d’un délit de fuite jamais résolu, a coûté la vie à l’une de mes nièces”. Dans ce film, porté par la musique de Rachmaninov, figure Yolande Moreau, imaginée dès l’écriture. “C’est la seule que je voulais. Et c’est un grand honneur pour moi, car c’est la première fois qu’elle joue dans un film flamand. Or, elle en avait envie depuis longtemps. Étant bruxelloise, elle parle un peu néerlandais.”
La rencontre avec sa productrice, Annemie Degryse pour Lunanime, s’est faite par l’intermédiaire d’une relation commune. “Dès la lecture du scénario, j’ai senti qu’il y avait la possibilité de faire un film émotionnel, capable de toucher le public.” Le processus de production aura été long, passant par les différentes étapes de soutien du VAF… tout refus nécessitant de repartir sur des périodes de travail. L’autre difficulté, pour un premier film, fut de trouver des coproducteurs européens. Quant à savoir si le projet a pâti ou bénéficié du fait qu’il soit celui d’une réalisatrice… “Ce qui m’intéresse c’est d’accompagner des talents. Je ne suis pas très MeToo à ce niveau. Le risque est de pousser des femmes vers une direction qu’elles n’auraient peut-être pas suivie. Tout développement de projet est lié avant tout à un accomplissement personnel”. Tourné en février 2018, Cleo devrait être finalisé en décembre pour une sortie en 2019.
Le projet du duo productrice-réalisatrice, Sinner offre un profil différent, produit hors des sentiers battus. Émilie Verhamme a déjà dirigé un premier long métrage, Eau zoo, en 2013. Le processus d’écriture a débuté en septembre dernier pour un tournage opéré tout aussi rapidement. La cinéaste a commencé à pousser elle-même son projet, avant de rencontrer Bea Catteeuw (Holden Wallace) : “Je produis principalement de la publicité. Disposant de fonds propres, j’étais décidée à les investir dans des projets personnels. Et j’ai choisi de m’engager sur celui d’Émilie, en me jetant dans l’aventure avec elle.”
N’étant passée par aucun des guichets habituels aux soutiens financiers, la productrice cherche un coproducteur afin de trouver le complément de financement, qui permettra de finaliser la postproduction de Sinner, qui suit Marie Killer, personnage marqué par une relation passionnelle avec l’homme de sa vie. “La musique sera très importante, notamment pour relativiser la gravité de certaines situations”, souligne Émilie Verhamme. Et Bea Catteeuw de compléter : “Le film dégage une autodérision un peu belge.”
Patrice Carré
© crédit photo : Patrice CarréVous avez déjà un compte
Accès 24 heures
Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici