Le Fespaco célèbre son jubilé d’or
Cette 26e édition, qui se déroule du 23 février au 2 mars, mettra l’accent sur le patrimoine, le pays à l’honneur étant le Rwanda.
En 1969, un groupe de cinéphiles emmené par la réalisatrice burkinabè Alimata Salembéré (surnommée depuis “Tantie Fespaco”), créait une semaine du cinéma africain, qui allait durer 15 jours. Trois ans plus tard, la manifestation devenait officiellement le Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Puis, sa périodicité biennale s’est officialisée à partir de la 6e édition. Depuis, chaque Fespaco débute le dernier samedi de février des années impaires. Cette édition 2019, 26e du nom, marque donc les 50 ans du festival. En dépit des critiques sur une organisation parfois chaotique – qui a généré le terme de “fespagaille” – et des compétitions officielles d’une qualité variable, la géopolitique prenant parfois le pas sur l’artistique, le Fespaco reste un rendez-vous incontournable. Il est même le seul à réunir l’ensemble des professionnels africains ainsi que toute la diaspora, offrant une vitrine indispensable à la production panafricaine la plus récente. Et depuis 2014, chaque édition représente une avancée manifeste en termes de professionnalisation.
La liste des 20 longs métrages de la compétition officielle, en provenance de 16 pays africains, a été dévoilée le 15 janvier dernier au siège de l’Unesco à Paris par Ardiouma Soma, délégué général du Fespaco. Son jury sera présidé par Ahmed Bejaoui, président du fonds d’aide au cinéma algérien. Par ailleurs, le festival compte à présent trois nouvelles sections compétitives : court et long métrage documentaire ainsi qu’animation. Ils viennent se rajouter aux compétitions court métrage, film d’école et série télévisuelle. Ces dernières seront mises à l’honneur lors d’une Nuit de la série qui se déroulera au CanalOlympia Ouaga 2000. Quant à la compétition documentaire, elle sera dotée d’une salle clairement identifiée pour ses projections. Au total près de 200 œuvres seront présentées.
La cérémonie officielle d’ouverture débutera le 23 février à 16 heures au stade municipal. Cet événement festif a été conçu comme un grand spectacle musical ouvert au plus grand nombre, grâce à la capacité des 25 000 places assises du lieu. Un programme voulu par les organisateurs comme un “moment de folie”, au cours duquel se produiront notamment le groupe ivoirien Magic System, le slameur Don Sharp, la chanteuse Habibou Sawagodo, Dez Altino, le ballet national du Rwanda ou encore la fanfare de la garde nationale, qui interprètera des musiques inspirées de bandes originales de films africains
Les professionnels auront droit, le lendemain, à une cérémonie d’ouverture dédiée au ciné Burkina, situé en face de la grande mosquée de Ouagadougou. Quant au 19e Marché du cinéma et de la télévision africains (MICA), il se rapproche enfin du centre ville en se tenant dans la galerie marchande de la place de la Nation qui accueillera plus de 40 exposants et une soixantaine de stands promotionnels. Environs 5 500 professionnels sont attendus cette année.
Cette édition anniversaire sera marquée par la projection de grands classiques restaurés du cinéma africain et de la totalité des Étalons d’or de Yennenga (grand prix du Fespaco) des éditions précédentes. En outre, le traditionnel colloque sera présidé et animé par le cinéaste burkinabè Gaston Kaboré. La thématique choisie cette année est “Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité”. Parmi les autres moments d’échanges, les débats forum permettront de mener des discussions sur les projections de la veille.
Reste que cette 26e édition sera marquée par un contexte sécuritaire tendu, l’état d’urgence ayant été déclaré depuis le 1er janvier dans les 14 provinces frontalières du nord et de l’est du pays. Mais les autorités, notamment par la voix du ministre de la Culture, des arts et du tourisme Abdoul Karim Sango, ont tenu à rassurer sur le fait que toutes les mesures avaient été prises pour assurer la sécurité des festivaliers. Au-delà de Ouagadougou, le Fespaco s’exporte aussi à Ouahigouya et Bobo Dioulasso. Dans cette dernière ville des projections auront notamment lieu en plein air du 7 au 10 mars, au sein d’un espace spécialement aménagé sur le chantier du Ciné Guimbi, qui devrait prochainement annoncer son ouverture officielle.
Patrice Carré
© crédit photo : FespacoVous avez déjà un compte
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