Annecy 2019 - Sacrebleu Productions : "Naviguer entre des histoires uniques et des univers marquants"

Les premiers contacts entre Anca Damian et Ron Dyens ont eu lieu au festival de Stuttgart avant que le producteur et la réalisatrice ne se retrouvent à Annecy. "J’ai lu son scénario que j’ai vraiment trouvé intéressant. Mais au départ la direction graphique était assez peu marquée, en tout cas totalement différente de celle que l’on peut voir aujourd’hui", souligne Ron Dyens. En 2014, la réalisatrice fait une rencontre déterminante avec Brecht Evens, auteur de bande dessinée belge flamand, connu notamment pour son livre Panthère, primé à Angoulême, auquel L'Extraordinaire Voyage de Marona doit en fin de compte son graphisme flamboyant.

Le film, qui relate les derniers instants de l’existence d’une petite chienne renversée par une voiture, se souvenant de sa vie passée avec ses maîtres successifs, est produit par Anca Damian, via sa société de production roumaine Aparte Film, et Sacrebleu Productions en coproduction avec Marmitafilms et les belges de Mind Meets. "Avec un projet d’une telle qualité, on arrive à trouver de l’argent public en France, notamment via les régions", explique Ron Dyens. "Mais la règle qui interdit d’avoir plus de 50% de financement public pose un réel problème, d’autant que la dérogation pour les films d’un budget inférieur à 1,25 M€ exclut de facto l’animation qui coûte toujours beaucoup plus cher que la prise de vues réelles". Autre difficulté, le film ne sera finalement pas considéré EOF, la production devant notamment tirer un trait sur un préachat de 100 000 € de Ciné+.

L'Extraordinaire Voyage de Marona a été fabriqué en Roumanie, chez Tu Nous ZA Pas Vus en région Sud (ex-Paca), et Marmitafilms en Nouvelle-Aquitaine, son et musique étant réalisés en Grand Est. Terminé en début d’année, le long métrage entame sa carrière à Annecy. "Cela donne une belle visibilité à une œuvre au graphisme très fort, qui se présente comme une belle expérience cinématographique". Le film est distribué par Cinéma Public Films qui le sortira le 8 janvier sur une cible "à partir de 7 ans".

Sacrebleu était également présent sur le Mifa pour y pousser deux projets, à commencer par le long métrage My Sunny maad de la réalisatrice tchèque Michaela Pavlátová, présenté dans le cadre du Gap Financing, tout nouveau rendez-vous créé cette année. La cinéaste avait remporté le Cristal du meilleur court métrage en 2012 à Annecy avec Tram, auparavant sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Déjà produit par Ron Dyens, avec les tchèques de Negative Films, le film décrivait en sept minutes les fantasmes sexuels d’une conductrice de tramway plantureuse.

Coproduit avec la République tchèque (Negative Films) et la Slovaquie (Bfilms), My Sunny maad "est centré sur une femme tchèque qui suit son mari afghan à Kaboul. Elle va jeter un regard bienveillant sur sa nouvelle famille. C’est une approche assez documentaire, mais sans aucun parti pris occidental", résume Ron Dyens. La fabrication en 2D devrait commencer à partir de la rentrée, la partie française de l’animation s’effectuant dans les studios Gao Shan, basés à la Réunion. Le film a été notamment soutenu par la Région Grand Est et l’aide aux cinémas du monde du CNC. Vendu par Totem Films, il devrait être prêt pour Cannes 2021.

Ron Dyens a également présenté dans le cadre des "pitch longs métrages", Sirocco et le Royaume des courants d'air de Benoît Chieux, déjà coréalisateur de plusieurs longs métrages avec Jacques-Rémy Girerd, dont Tante Hilda ! Le film raconte l’histoire "de deux fillettes intrépides, qui s'aventurent au royaume des courants d'air, un monde étrange gouverné par un mage aux pouvoirs terrifiants, Sirocco".  Un projet ambitieux en 2D d’un budget de 6 M€ qui sera distribué par Haut et Court et dont Sacrebleu sera le seul producteur français, une recherche de partenaires étrangers ayant été lancée.