Congrès FNCF 2019 - L’égalité femmes-hommes à la loupe de l’exploitation
Le 74e Congrès de la FNCF a été l’occasion pour la fédération de dévoiler son diagnostic sur l’égalité des sexes dans la branche professionnelle, définie comme un enjeu prioritaire. Le constat est sans appel : "Beaucoup de chemin reste à faire."
"C’est un enjeu prioritaire !" a déclaré Odile Tarizzo, présidente de la commission des questions sociales de la FNCF, en évoquant la question de l’égalité femmes-hommes dans l’exploitation cinématographique. Soit l’unique sujet sur lequel se consacrait, ce mardi 24 septembre, sa traditionnelle intervention lors du forum de discussion du 74e congrès fédéral. "Un sujet certes à la mode mais qui répond forcément à une évolution sociétale importante", a précisé l’exploitante.
Et pour cause. Une disposition du code du travail fixée par la loi du 5 septembre 2018, devenue réglementaire par décret le 8 janvier 2019, impose désormais à chaque entreprise de 50 salariés ou plus d’ouvrir des négociations sur des mesures en faveur de l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. En outre, ces entreprises se voient ainsi soumises à des pénalités à la charge de l’employeur, qui peuvent être mises en œuvre, soit lorsqu’elles ne sont pas couvertes par un accord ou un plan d’action relatif à l’égalité professionnelle, soit lorsqu’elles n’auront pas publié leur "Index de l’égalité" ou mis en œuvre les mesures permettant de supprimer les inégalités entre les sexes en leur sein.
Une petite révolution qui s’est concrétisée parmi les partenaires sociaux de la branche par l’ouverture de négociations en janvier, les amenant logiquement à une introspection afin de livrer un diagnostic de situations comparées entre femmes et hommes dans l’ensemble de l’exploitation. Le bilan de cette étude a été donc présenté par Odile Tarizzo ce mardi à Deauville, et il est plutôt éloquent quant aux efforts à faire au sein du secteur.
Ainsi, cette étude a été élaborée selon deux axes : un quantitatif basé sur des statistiques professionnelles fournies par Audiens et l’Afdas, et un qualitatif basé sur une enquête auprès des adhérents à la FNCF, qui a obtenu plus de 60% de retours. Si l’exploitation atteint "une quasi parité" entre femmes et hommes sur l’ensemble des salariés, soit 52% des effectifs cumulés pour les unes et 48% pour les autres, cinq constats de défaillance égalitaire ont été identifiés par ces travaux.
Tout d’abord, l’étude relève une vision très genrée des métiers. Par exemple, les hommes sont majoritaires à 67% aux fonctions de direction, 84% aux postes technique et même à 100% dans la sécurité, là où les femmes représentent 76% des fonctions administratives, 79% des services de gestion et comptabilité, et 74% des agents d’entretien (bâtiment, gardiennage et petite maintenance).
Le diagnotic pointe aussi de forts écarts de rémuniration, à l’embauche comme en cours de carrière, et ce, à tous les niveaux de salaires – cadres, agents de maîtrise et non cadres. L’écart apparaît plus important chez les cadres, où une jeune active débute à moins de 40k € bruts pour moins de 45k € pour un actif, et termine sa carrière à moins de 55k € bruts là où son équivalent masculin terminera à plus de 65k €.
Autre problématique relevée, une inégalité d’accès à la formation professionnelle. En effet, sur l’année 2017, les salariées représentent 42% des personnes ayant eu recourt à une formation, contre 58% pour les hommes. Avec là encore de fortes disparités de genres en fonction du domaine d’activité des formations. Les hommes sont ainsi majoritaires à 64% dans les formations sur la sécurité et le tourisme, 68% dans le cinéma et l’audiovisuel et 60% dans l’informatique et la communication, là où les femmes représente 52% des formation en management et, surtout, 69% dans les ressources humaines et la paie.
L’inégalité entre les genres se manifeste aussi quand l’on se penche sur les postes à temps partiel. En effet, 58% des femmes en CDI seraient à temps partiel, contre 38% des hommes en CDI. Là encore, cette différence de proportion se retrouve quel que soit le statut : 72% des femmes non cadres (contre 57% des hommes), 8% des agentes de maîtrise (versus 3%) et 11% des cadres (contre 5%).
Enfin, le diagnostic pointe une problématique d’évolution de carrière, avec un recul du nombre de femmes après cinq ans d’exercice dans la profession, alors qu’elles sont largement majoritaires à l’embauche. La courbe comparative femmes/hommes montre ainsi "un point d’inflexion très visible qui se manifeste chez les femmes à la trentaine", devenant minoritaires à ces âges dans les effectifs du secteur. Un constat "lié aux difficultés de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale", selon Odile Tarizzo, qui alerte alors sur une "sous-utilisation des dispositifs en place", et notamment la réduction du temps de travail à rémunération égale pour les femmes enceintes, utilisée en 2018 par seulement 6% des concernées. Parallèlement, les hommes ne représentent que 12% des salariés ayant bénéficié d’un congé parental d’éducation.
Pour répondre à ces problématiques, la branche a mis en place un groupe de travail paritaire, baptisé Égalité professionnelle, avec pour mission de définir des mesures "correctives et préventives". Quelques pistes de réflexion ont ainsi été listées, notamment la mise en place d’une véritable stratégie de communication à l’égard des employeurs comme des salariés, le développement d’un outil de formation destinés aux managers intermédiaires et l’établissement d’une charte de branche intégrant un guide de bonne conduite et un livret parentalité.
"Les intentions, c’est bien, les actions, c’est mieux, a ainsi martelé Odile Tarizzo auprès des accrédités du congrès deauvillais. Nous allons créer des outils et vous accompagner, nous y sommes obligés. Le chemin est long, mais je pense que l’on peut y arriver."
Sylvain Devarieux
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