Franck Riester : Les annulations de festivals sont "un moment difficile pour la culture"

Invité ce jeudi de la matinale de France Inter, Franck Riester est revenu sur les annulations de festivals, et s’est exprimé sur les différentes mesures mises en place et à venir pour le secteur culturel, durement touché par la pandémie de Covid-19.

Interrogé par Nicolas Demorand et Léa Salamé sur France Inter, le ministre de la Culture a réagi aux nombreuses annulations de festivals suite à l’annonce d'Emmanuel Macron sur l'impossibilité de leur tenue jusqu'à la mi-juillet. "Le président de la République a dit que c’était au minimum jusqu’à mi-juillet pour les grands festivals, pour autant, pour des plus petits festivals, à partir du 11 mai, on doit travailler et voir de quelle manière peuvent être organisés certains d’entre eux", a-t-il déclaré Franck Riester. "Mais bien évidemment, les grands festivals après la mi-juillet pourraient aussi être annulés : prévoir un festival de la taille des Vieilles Charrues, ça nécessite du temps et de l’anticipation. Vous savez que c’est un brise-cœur pour tous : les spectateurs, les organisateurs, les bénévoles… C’est un moment difficile pour la culture avec ces annulations de festivals, mais l’État sera, en même temps que les collectivités territoriales, aux côtés des festivals pour à la fois faire passer cette étape de 2020, peut-être en organisant des festivals différents en 2020, et surtout préparer 2021."

"On a préparé, d’ici deux semaines, des éléments pour envisager le déconfinement dans tous les secteurs d’activité. C’est ce que nous a demandés le président de la République, sous l’autorité du Premier ministre. Dans le secteur de la culture, on regarde tous ces points. La priorité sera la sécurité des spectateurs, des artistes, des techniciens. Si des festivals sont adaptés à des jauges petites, et à la possibilité de s’organiser d’une manière ou d’une autre, et qu’il n’y a pas de problème de sécurité, nous les accompagnerons", a-t-il ajouté, soulignant que "le calendrier, c’est celui des précautions sanitaires", et que le gouvernement souhaite "que la privation de spectacles vivants, de cinéma, pour nos compatriotes soit limitée."

Pour le Festival de Cannes, il a indiqué que les organisateurs avaient "très clairement annoncé qu’il ne pourrait pas organiser un festival classique, même reporté dans quelques semaines en 2020. Si jamais ils arrivaient à organiser quelque chose de différent, à voir de quelle manière, nous l’accompagnerons bien évidemment. Mais il faudra surtout et avant tout préparer 2021. Ce que nous ferons avec la mairie de Cannes, la Région, et bien sûr l’Etat."

Face à l’impact économique de ses annulations sur le secteur, prenant l’exemple d’Avignon, mais aussi de Cannes, il a rappelé que ces festivals étaient aussi des marchés."Notre rôle, c’est à la fois, dans le cadre de l’urgence, de faire en sorte que les artistes, intermittents du spectacle, toutes celles et ceux qui travaillent dans les festivals, soient le moins impactés possible. Ce sont toutes les mesures qui ont été prises et qui sont intégrées dans les mesures de portées générales annoncées par Bruno Le Maire, sous l’autorité du Premier ministre, qui visent par exemple à créer un fond d’intervention pour que les artistes puissent en bénéficier, c’est le fait que les intermittents du spectacle puissent avoir accès au chômage partiel, c’est le fait de neutraliser la période de crise sanitaire dans le calcul des heures des intermittents pour qu’ils puissent continuer d’avoir leurs droits au chômage, et leurs droits sociaux. Tout cela va permettre de tenir pour tous ces professionnels pendant la période, mais évidemment cela ne suffira pas à compenser la perte qui va être constatée durant cette période. C’est pourquoi nous travaillons avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin sur des dispositifs spécifiques pour accompagner le secteur des arts et de la culture à ce confinement prolongé, et bien évidemment il y aura aussi ce travail par la suite de relance de la culture, qui devra se faire avec les professionnels du secteur."

Ce plan sera préparé dans les 15 jours a-t-il indiqué, "pour qu’il puisse être annoncé le plus rapidement possible. Nous avons déjà passé le fonds de solidarité accessible aux artistes-auteurs notamment de 1 à 7 milliards", explique Franck Riester. "Et on a fait en sorte de modifier les critères d’accès à ce fond pour prendre en compte, dans les modalités de calcul d’accès, une période plus longue, mieux adaptée, sur douze mois plutôt que sur un mois. C’est un élément important d’avancée pour les artistes-auteurs. En ce qui concerne les intermittents du spectacle, des dispositifs ont été renforcés, qui vont leur permettre de bénéficier d’une sécurité complémentaire. Enfin, le plan spécifique d’accompagnement, notamment pour les troupes et les théâtres, va être annoncé dans les semaines qui viennent ,à la demande du président de la République."

Pour les intermittents du spectacle, "l’enjeu est de faire en sorte que celles et ceux qui devaient les employer, même sans contrat signé, puissent avoir les moyens de tenir leurs engagements. C’est ce fonds d’intervention spécifique qui va nous aider. Et c’est aussi pour les intermittents qui ne sont pas dans les dispositifs aujourd’hui de l’intermittence, qui auraient du avoir leurs droits en travaillant par exemple au Festival d’Avignon, de pouvoir bénéficier d’une solidarité", a explqué le ministre. "C’est un fond spécifique, travaillé notamment avec Audiens, que nous essayons de bâtir pour permettre que personne dans l’intermittence ne passe à travers les mailles de la raquette, et que personne ne soit laissé sur le bord de la route. C’est notre obsession".