Bilan du CCA belge : 2019 marquée par le retour des financements français
Le tour d’horizon des actions du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel belge fait ressortir également une baisse de la fréquentation des films d’initiative belge francophone.
La présentation aux professionnels du secteur, qui devait qui avoir lieu le 22 avril au cinéma Palace de Bruxelles, ayant été annulée dès le 23 mars, c’est finalement en ligne que le bilan 2019 a été rendu public ce 24 avril, quelques heures avant la révélation de ce que pourrait être le calendrier du déconfinement pour l'ensemble de la Belgique.
En 2019, la Fédération Wallonie Bruxelles a apporté 20 M€ au budget du CCA (contre 19,22 M€ en 2018) auxquels il convient d’ajouter 10,33 M€ investis directement dans le secteur par les éditeurs et distributeurs de services (contre 9,74 M€ l’année précédente). Au total plus de 30,33 M€ ont été globalement fléchés vers le secteur, Pour mémoire, ce total était de 28,96 M€ en 2018, mais de 31,4 M€ en 2017.
Il est important de préciser d’emblée que les apports globaux CCA, Tax shelter, Wallimage, Screen Brussels diminuent, tandis que ceux des producteurs, d’Eurimages, les quotes-parts des cessions/ventes internationales ainsi que les MG Belgique sont en augmentation, ce qui débouche sur une situation globalement inverse par rapport à 2018. L’année 2019 a vu le retour du financement français dans les parts de coproduction étrangère des films d’initiative majoritaire belge, un fait marquant après plusieurs années de diminution.
La commission de sélection des films du CCA a attribué un total de 9,49 M€ d’aides réparties sur 141 dossiers, soit un taux de sélection de 24,39% sur l’ensemble des demandes. 49 projets de long métrage ont été soutenus, 21 l’étant au stade de l’écriture, 4 pour leur développement et 24 en production. Parmi ces derniers figurent notamment les nouveaux films de Fabrice du Welz (Inexorable), Joachim Lafosse (Les intranquilles), David Lambert (Les tortues) mais aussi ceux de Vivian Goffette (Les poings serrés), Eve Duchemin (Temps mort) ou encore Arnaud Demuynck (Yuku et la fleur d’Himalaya). A noter que la proportion des femmes en dossiers sélectionnés augmente encore en 2019 (+ 6 points de pourcentage par rapport à 2018) et passe à 41%, pourcentage au plus haut par rapport aux années précédentes, grâce à des taux de sélection sensiblement plus élevés (31% en moyenne chez les femmes contre 21% chez les hommes). Côté court métrage, 23 aides ont été accordées pour un total de 844 000 €.
Initié en 2017, le soutien aux films réalisés dans des conditions de production légères a été renouvelé via un troisième appel à projets. Son objectif : stimuler les écritures singulières et encourager auteurs et producteurs à travailler selon des calendriers de production rapides et autonomes. Quatre nouveaux projets ont été soutenus, se partageant un montant total de 380 000 € : Chiennes de vies de Xavier Seron, La salle des pas perdus de Roda Fawaz et Thibaut Wohlfahrt, Les enfants perdus de Michèle Jacob et Pèlerinage de Maarten Loix.
Le documentaire représente toujours une part importante en termes de création. Pour 2019, le montant des promesses d’aides se monte à 1,85 M€. 42 soutiens au développement ou la production on été accordés. Par ailleurs, des aides à l’écriture étant octroyées depuis la rentrée 2017, 13 projets ont pu en bénéficier. Parmi les projets soutenus en production figurent Chancelvie de Marc-Henri Wajnberg, Bruxelles-Brussel, une traversée urbaine de Luc jabon (aide après réalisation) ou encore Road to nowhere de Caroline D’hondt.
Le Centre du Cinéma reste le partenaire privilégié des films majoritaires belges francophones, son apport dans leur financement étant de 21,123%, derrière le tax shelter, lequel représente 32,83%, soit une part qui se rapproche des chiffres de 2017 après le pic à plus de 35% de 2018. A ce titre 83,17 M€ ont été levés sur la seule Fédération Wallonie Bruxelles contre 76,5 M€ en 2018. A l’échelon national, le montant total des levées de fonds s’élève à 133,74 M€, soit une baisse de plus de 6% par rapport à l’exercice précédent qui se montait à 142,74 M€.
Du côté de la promotion, près de 543 000 € d’aides ont été octroyées, ce qui représente une légère augmentation de 6,7% par rapport à 2018. Malheureusement si en 2018 la fréquentation des films d’initiative belge francophone avait augmenté de 39% par rapport à 2017, 2019 est marqué par une baisse du même ordre, soit de l’ordre de 39%. Parmi les trois films ayant enregistré le plus grand nombre d’entrées figurent deux programmes de courts métrages d’animation jeune public : Loups tendres et loufoques (233 000 entrées) et Les ritournelles de la chouette (72 000 entrées). En deuxième position figure Le jeune Ahmed (photo) des frères Dardenne (185 000 entrées). Des scores décorrélés de la carrière des films en festivals qui comptabilisent près de 2000 sélections et plus de 250 prix comme la Caméra d’Or pour Nuestras madres de César Diaz.
3,61 M€ d'euros ont été investis par la FWB et la RTBF dans les séries belges en 2019 (contre 2,55 M€ en 2018). Sept projets de séries ont été aidés à l’écriture et huit au développement, tandis que quatre ont reçu une aide à la production : Baraki de Julien Vargas, Peter Ninane et Fred De Loof, Fils de… de Camille Pistone et Salim Talbi, Pandore d’Anne Coesens, Savina Dellicour et Vania Leturcq et enfin Unseen de Goeffrey Enthoven. Terminée en 2019, la deuxième saison d’Unité 42 a connu d’excellents résultats avec une part d'audience moyenne sur la saison de 17,5% et plus de 256 000 téléspectateurs en moyenne en prime time sur La Une de la RTBF?
Enfin, le CCA continue de travailler sur la mise en place de protocoles visant à diversifier les partenariats. Il a ainsi signé un avenant à l’accord de coproduction avec la Suisse, ouvrant la coopération aux programmes télévisuels et digitaux ; il a également pris part à la procédure de ratification de la nouvelle Convention internationale de Coproduction et au suivi des projets d’accords de coproduction cinématographique avec le Mexique, le Brésil, le Liban, l’Ukraine, l’Argentine et l’Équateur, lors des festivals de Berlin et de Cannes.
La Rédaction
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