Culture : Emmanuel Macron annonce une année blanche pour les intermittents, un fonds d’indemnisation pour les tournages et la transposition rapide de la directive SMA
Après s’être entretenu avec des artistes de différents domaines culturels mercredi matin, le président de la République a présenté les très grandes lignes d’un plan de sauvetage pour la Culture sur lequel planche Franck Riester.
GAu terme d’un échange d’environ deux heures en visioconférence avec douze artistes (six hommes, six femmes) de différents domaines (littérature, danse, cinéma, théâtre, cirque contemporain, musique classique, musiques actuelles, art contemporain), dont Eric Toledano et Olivier Nakache, et Sandrine Kiberlain, selon plusieurs médias (l’Elysée n’ayant pas souhaité à la demande des artistes donner la liste des participants), et en présence du ministre de la Culture Franck Riester. Emmanuel Macron a exposé les très grandes lignes des orientations d'un plan Culture que va mettre en musique Franck Riester.
Cette prise de parole présidentielle, annoncée dans un tweet le 2 mai ("L'État continuera d'accompagner (les artistes), protègera les plus fragiles, soutiendra la création"), doit répondre aux attentes des secteurs culturels, laminés par la crise sanitaire, avec des tournages arrêtés, des lieux fermés et des inconnues sur la reprise des tournages et la réouverture des établissements culturels, compliqués par les problématiques de distanciation sociale, et des festivals annulés en cascade. Malgré une série de mesures d'urgence déjà mise en place par le gouvernement, la Culture s'inquiète de plus en plus au regard des incertitudes évoquées sur la reprise et alors que la saison estivale, cruciale pour le spectacle vivant mais aussi les tournages, approche à grand pas. Dans une tribune relayée dans Le Monde, des artistes de renom reprochaient notamment au ministère de la Culture l'absence de précision des mesures mises en place pour aider un secteur qui "fait vivre 1,3 million de personnes" et réclamaient une prolongation des droits des intermittents au-delà de cet été où toute activité est stoppée.
Cette intervention d'orientation très générale suffira-t-elle à répondre à l'attente immense des secteurs culturels, aux activités qui ont chacune leurs spécificités ?
Le Chef de l’Etat a quand même à cette occasion fait quelques annonces concrètes. La première, et la plus emblématique, concerne quasiment tous les secteurs : il a acté "l’année blanche" pour les intermittents du spectacle. Après la "neutralisation" par le gouvernement des trois mois impactés par le confinement, cette "année blanche" consiste à ce que les droits des artistes et techniciens intermittents soient prolongés d’une année au-delà des 6 mois où leur activité aura été impossible ou très dégradée, soit jusqu’à fin août 2021. Si cette mesure reste à préciser en détails, elle permettra par exemple aux intermittents de ne pas avoir à cumuler 507 heures sur la seule année 2020.
Emmanuel Macron a aussi évoqué plusieurs points concrets spécifiques au cinéma et à l'audiovisuel : il a annoncé, ou plutôt confirmé, puisque ce travail est déjà en cours, la création d’un fonds d’indemnisation pour les tournages. Un fonds, de plus de 50M€ a précisé Franck Riester (sur France 5), sur lequel planche le CNC avec Bercy, qui devra permettre de résoudre le problème des assurances pour une reprise des tournages, aucun assureur à ce jour ne pouvant dans des conditions acceptables pour les producteurs assurer les tournages à venir avec le risque Covid. Ce fonds sera doté par l’Etat, a précisé Emmanuel Macron, mais fera aussi appel aux assureurs, aux banques, aux Sofica et aux régions.
En outre, le Chef de l’Etat s’est engagé à ce que "les plateformes soient assujetties aux obligations de financement œuvres françaises et européennes dès le 1er janvier 2021" en transposant les directives SMA et Droit d’auteur, confirmant ainsi ce qui était prévu initialement dans le projet de loi Audiovisuel. Il a évoqué la mise en place d’une "task force de négociation pour agir très rapidement, et très fort là-dessus". Ni lui ni le ministre de la Culture n’ont précisé si cette transposition interviendrait via la loi Audiovisuel, aujourd’hui reportée sine die, ou bien dans un autre cadre législatif, type ordonnance.
Enfin, pour préserver la souveraineté culturelle, il s’est prononcé aussi pour la protection des catalogues de films et de séries, pour éviter des reventes aux acteurs non européens.
Sur le calendrier de réouverture des lieux culturels, pas de nouveauté : il a confirmé pour les salles de cinéma ce qui a déjà été dit par le gouvernement. A savoir un point fin mai pour trancher le 2 juin sur une date de réouverture.
Plus largement sur l’ensemble des champs culturels, Emmanuel Macron a plaidé, à la faveur de cette crise, pour un volontarisme afin de préserver la diversité culturelle, de "refondre une ambition culturelle", et a voulu rappelé "le rôle de la Culture dans le projet français".
Cette défense de "l’universalisme à la française", de "notre spécificité" doit aussi pour lui se traduire par l’encouragement de la coopération européenne, des coproductions européennes (dans tous les domaines).
Après le temps de l’urgence, il y aura pour le Président le temps de la "refondation". Pour cela, il a appelé dans ces circonstances le monde de la Culture à se réinventer, et à réinventer son rapport avec le public. Il a proposé qu’un rendez-vous soit pris à la fin de l’été sur ce sujet, appelant la créativité de tous les secteurs.
Alors que l’Ecole est aussi amenée à s’adapter fortement pour faire face à l’épidémie de Covid-19, il a aussi souhaité pendant cette période que s’accélère l'implication les artistes et les intermittents dans l’éducation artistique et culturelle.
Sarah Drouhaud
© crédit photo : Capture d'écran BFMTVVous avez déjà un compte
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