Congrès FNCF 2020 - Olivier Aubry : "Il faut absolument éviter que des salles ferment"
Le président de la commission de branche de la petite exploitation de la FNCF détaille les difficultés auxquelles sont aujourd’hui confrontés ses membres, tout en esquissant quelques-unes des mesures selon lui nécessaires au regard de la situation.
Selon les données du CNC, la fréquentation estivale (juillet et août) a chuté de 66,5% par rapport à 2019. En est-il de même pour la petite exploitation ? Quid du mois de septembre ?
Oui, incontestablement. La petite exploitation a enregistré une baisse de fréquentation de 80% en juillet, et de 75% en août. Certaines salles ont même subi une chute allant jusqu’à -90%, les contraignant à fermer en juillet pour ne rouvrir qu’avec la sortie de Tenet. Et le mois de septembre ne présage rien de mieux. Il s’agit d’accoutumée d’un des mois les plus creux de l’année. Mais, avec la crise sanitaire, la fréquentation risque d’être encore plus mauvaise que les années antérieures.
Dans quelle situation financière se trouvent aujourd’hui les membres de la branche ? Y a-t-il des disparités marquées selon les typologies de cinémas de votre branche ?
On peut ouvertement dire que leur situation est des plus préoccupantes, puisque les trésoreries sont dans le rouge. Certains cinémas ont dû avoir recours au PGE. Or aujourd’hui, les PGE sont consommés, et il n’y a pas de reprise d’activité. Sur les trois typologies d’exploitation qui constituent la branche, les exploitants privés sont les plus touchés, suivis par les salles associatives et, enfin, les régies municipales. Mais, pour tous, la situation est critique et alarmante.
Beaucoup de cinémas de la petite exploitation sont liés à des collectivités territoriales, et en particulier des municipalités. Craignez-vous que le secteur puisse, dans les prochains mois, pâtir des arbitrages budgétaires qui devront être opérés ?
Depuis le 15 mars et les 100 jours de fermeture qui ont suivi, aucune aide n’a été allouée, hormis l’exonération de TSA des mois de février et mars validée par le CNC et la mise en place du chômage partiel. Certains cinémas ont reçu une enveloppe de leur région, tant mieux pour eux ! Mais ce n’est pas le cas de tous.
Redoutez-vous, dans ce contexte, que certaines salles soient contraintes de fermer leurs portes définitivement ?
Oui, clairement. Aujourd’hui, nous attendons deux choses : le plan d’urgence et le plan de relance. Il faut absolument éviter que des salles ferment.
Trois semaines après l’annonce du réarmement financier du CNC à hauteur de 165 M€, qu’attendez-vous concrètement des pouvoirs publics à Deauville ?
La branche attend expressément un plan d’urgence sur deux ou trois ans pour sauver les TPE (Toutes Petites Exploitations) et les PME (Petites et Moyennes Exploitations). Il faudrait que le gouvernement prolonge le chômage partiel jusqu’à fin décembre, et que le CNC étende l’exonération de TSA jusqu'à la fin de l'année également, dans l’objectif d’atteindre une avance de TSA de 12 mois. Il est par ailleurs nécessaire que le gouvernement allonge le délai de remboursement des PGE de cinq à dix ans, afin de permettre à nos typologies de cinéma de pouvoir réinvestir dans les salles et dans le matériel de projection. Nous attendons aussi un soutien du CNC dans le cadre des dispositifs d’éducation à l’image, ainsi que l’appui des Drac. Plus largement, nous espérons des aides au niveau du gouvernement, des conseils départementaux et régionaux et des municipalités.
Au-delà des sujets inhérents à la crise sanitaire, quels chantiers vous semblent prioritaires pour la branche ?
Parmi les chantiers importants à défendre, il y a la lutte contre le piratage, ainsi que la participation financière attendue des plateformes. Il faut, en outre, penser à l’équipement de nos salles, et notamment au renouvellement des cabines de projection.
Propos recueillis par Kevin Bertrand
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