Lumière MIFC 2021 - Archives et ayants-droit ouvrent un dialogue
Date de publication : 14/10/2021 - 08:25
Une table-ronde opportune, programmée dans le cadre du 9e Marché international du Film classique, a permis d’adresser de nombreuses problématiques autour des relations entre archives, cinémathèques, distributeurs et ayant-droits, compliquant la préservation et de la diffusion des œuvres. Avec l’ambition d’inscrire cette discussion sur le long terme.
Modérés par Jacques Kermabon, programmateur aux Archives audiovisuelles de Monaco, ce temps d’échange Frédéric Maire, président de la Fédération internationale des Archives du Film (Fiaf) ; Lova Hagerfors, responsable accès films, droits et distribution du Swedish Film Institute ; Sandra den Hamer, directrice du Eye Film Institute et présidente de l’ACE (Association des cinémathèques européennes) ; Mark Hirzberger-Taylor, PDG de Park Circus ; et Philippe Chevassu, président de Tamasa.
"Nous attendons cette rencontre depuis longtemps", a clamé bille en tête, en tout début de table-ronde, Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse, mais qui intervenait surtout ici en qualité de président de la Fédération internationale des archives du Films (Fiaf). Cette dernière, fondée en 1938, compte en effet 171 institutions publiques de conservation et de préservation du film, avec pour mission "de préserver et de rendre accessible le patrimoine cinématographique".
Or, le dirigeant a profité de l’opportunité de ce moment d’échange pour exprimer un constat : "Les relations entre les cinémathèques qui préservent les œuvres, et ayant-droits ou détenteurs de catalogue, ne sont pas toujours simples. Et plutôt que de se battre, il serait peut-être plus intelligent de parler ensemble et de trouver un moyen de collaborer. Nous aimerions ainsi démarrer une discussion constructive, au sein d’une manifestation comme celle-ci. Un début, qui n’est pas une fin en soi."
"Nous attendons cette rencontre depuis longtemps", a clamé bille en tête, en tout début de table-ronde, Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse, mais qui intervenait surtout ici en qualité de président de la Fédération internationale des archives du Films (Fiaf). Cette dernière, fondée en 1938, compte en effet 171 institutions publiques de conservation et de préservation du film, avec pour mission "de préserver et de rendre accessible le patrimoine cinématographique".
Or, le dirigeant a profité de l’opportunité de ce moment d’échange pour exprimer un constat : "Les relations entre les cinémathèques qui préservent les œuvres, et ayant-droits ou détenteurs de catalogue, ne sont pas toujours simples. Et plutôt que de se battre, il serait peut-être plus intelligent de parler ensemble et de trouver un moyen de collaborer. Nous aimerions ainsi démarrer une discussion constructive, au sein d’une manifestation comme celle-ci. Un début, qui n’est pas une fin en soi."
Pour un cadre légal ?
Et le président de la Fiaf de préciser une problématique récurrente rencontrée par les institutions et archives : "Notre espoir est de trouver des moyens de collaborer ensemble. Parfois, nous rencontrons des problèmes financiers, car certaines cinémathèques finissent par restaurer à grand frais une œuvre, mais sans avoir aucune autorité sur cette œuvre, même pour la montrer dans des cinémathèques sœurs, parce que l’ayant-droit interdit sa diffusion, voire même empêche la restauration. Nous espérons parvenir à des règles de bonnes pratiques entre institutions archivistiques et ayant-droits, qui pourraient débouchées sur un cadre législatif – probablement qu’au niveau européen, il y aurait quelque chose à faire", a-t-il envisagé.
Une ambition qui demeure difficile à mettre en œuvre, et va réclamer beaucoup d’efforts selon Sandra den Hamer : "Instaurer un cadre légal est un processus au long cours, particulièrement en Europe. Toutefois, si nous parvenons à rallier d’autres institutions et d’autres secteurs, et notamment Europa Cinemas, l’association des exploitants européens, nous pourrions gagner en visibilité et parvenir à quelque chose qui bénéficierait à tous."
"Nous réduisons un peu trop nos rapports aux archives et aux cinémathèques à la seule diffusion de l’œuvre", a réagi de son côté Philippe Chevassu. "Alors qu’il existe beaucoup d’autres sujets très complémentaires, sur l’accès au matériel, les négatifs pour la restauration, entre autres. De mon point de vue, la vraie difficulté, c’est que nous avons des intérêts multiples, et ce n’est pas simple. Nous devrions pouvoir nous entendre, car quand nous trouvons une forme d’accord, tout le monde est gagnant."
L’exemple suédois
La discussion s’est ensuite aventurée sur des sujets connexes, notamment autour des politiques et stratégies de diffusion des œuvres face la nécessité de renforcer le renouvellement du public en ralliant les jeunes spectateurs, ou encore la concurrence des politiques acquisition radicales des grandes plateformes de streaming internationales. "Je ne pense pas ce que soit encore un problème », témoignait sur ce point Mark Hirzberger-Taylor. "Beaucoup d’ayant-droits et de studios comprennent désormais la nécessité de bien distinguer les différentes fenêtres de diffusion, au bénéfice du film."
Et le président de la Fiaf de préciser une problématique récurrente rencontrée par les institutions et archives : "Notre espoir est de trouver des moyens de collaborer ensemble. Parfois, nous rencontrons des problèmes financiers, car certaines cinémathèques finissent par restaurer à grand frais une œuvre, mais sans avoir aucune autorité sur cette œuvre, même pour la montrer dans des cinémathèques sœurs, parce que l’ayant-droit interdit sa diffusion, voire même empêche la restauration. Nous espérons parvenir à des règles de bonnes pratiques entre institutions archivistiques et ayant-droits, qui pourraient débouchées sur un cadre législatif – probablement qu’au niveau européen, il y aurait quelque chose à faire", a-t-il envisagé.
Une ambition qui demeure difficile à mettre en œuvre, et va réclamer beaucoup d’efforts selon Sandra den Hamer : "Instaurer un cadre légal est un processus au long cours, particulièrement en Europe. Toutefois, si nous parvenons à rallier d’autres institutions et d’autres secteurs, et notamment Europa Cinemas, l’association des exploitants européens, nous pourrions gagner en visibilité et parvenir à quelque chose qui bénéficierait à tous."
"Nous réduisons un peu trop nos rapports aux archives et aux cinémathèques à la seule diffusion de l’œuvre", a réagi de son côté Philippe Chevassu. "Alors qu’il existe beaucoup d’autres sujets très complémentaires, sur l’accès au matériel, les négatifs pour la restauration, entre autres. De mon point de vue, la vraie difficulté, c’est que nous avons des intérêts multiples, et ce n’est pas simple. Nous devrions pouvoir nous entendre, car quand nous trouvons une forme d’accord, tout le monde est gagnant."
L’exemple suédois
La discussion s’est ensuite aventurée sur des sujets connexes, notamment autour des politiques et stratégies de diffusion des œuvres face la nécessité de renforcer le renouvellement du public en ralliant les jeunes spectateurs, ou encore la concurrence des politiques acquisition radicales des grandes plateformes de streaming internationales. "Je ne pense pas ce que soit encore un problème », témoignait sur ce point Mark Hirzberger-Taylor. "Beaucoup d’ayant-droits et de studios comprennent désormais la nécessité de bien distinguer les différentes fenêtres de diffusion, au bénéfice du film."
Le point le plus marquant de la rencontre fut le témoignage de Lova Hagerfors, qui a expliqué le contexte particulier dont bénéficie le Swedish Film Institute en Suède. Cette institution compte en effet 10 000 titres dans sa collection, et a entamé en 2013 un travail de restauration et de numérisation, financé par les pouvoirs publics, pour compter à ce jour plus de 700 œuvres restaurées et digitalisées.
Or, l’institut a signé un accord unique avec plus de 70 ayant-droits et distributeurs locaux autour de la diffusion de ces œuvres. Ainsi, l’accord stipule que les ayant-droits gardent évidemment la responsabilité et le contrôle des droits des œuvres numérisées, quand ils souhaitent les utiliser, mais le SFI garde pour sa part la possibilité de projeter ces œuvres et d’utiliser le matériel connexe de manière gracieuse. En outre, un forfait simplifié avec partage de recettes en cas de diffusion commerciale est appliqué à toutes les œuvres, sans distinction.
Or, l’institut a signé un accord unique avec plus de 70 ayant-droits et distributeurs locaux autour de la diffusion de ces œuvres. Ainsi, l’accord stipule que les ayant-droits gardent évidemment la responsabilité et le contrôle des droits des œuvres numérisées, quand ils souhaitent les utiliser, mais le SFI garde pour sa part la possibilité de projeter ces œuvres et d’utiliser le matériel connexe de manière gracieuse. En outre, un forfait simplifié avec partage de recettes en cas de diffusion commerciale est appliqué à toutes les œuvres, sans distinction.
Un exemple qui n’est peut-être pas exportable dans tous les territoires. "Chaque pays est différent", a statué ainsi Frédéric Maire. "Et la France est un cas à part évidemment, qui fait exception. Mais mis à part cette dernière, c’est un modèle dont nous pourrions nous inspirer pour commencer le dialogue entre les différents partis."
"Il va falloir dégager des solutions, et peut-être qu’une législation européenne pourrait permettre de répondre à certains cas de blocage. Mais le travail est long." La discussion est entamée, d’autres rendez-vous, dans d’autres festivals, devraient suivre pour la poursuivre.
Sylvain Devarieux
© crédit photo : 'La belle équipe' de Julien Duvivier - Pathé
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