Lumière MIFC 2021 - Comment les acteurs internationaux de la filière s’emparent et relaient les initiatives de la Film Foundation ?
Date de publication : 14/10/2021 - 08:15
Après sa keynote la veille au titre de grand témoin pour présenter le travail et la mission de The Film foundation, et du World Cinema Project, Margare Bodde participait à une étude de cas lors de la 2e journée du MIFC, qui a permis d’illustrer les collaborations que la Film Fondation mène.
Quand The Film Foundation travaille sur des projets de restaurations avec des studios et des archives, elle laisse faire les ayants-droit pour leur diffusion. En revanche, trouver des distributeurs devient crucial quand il s’agit de films restaurés indépendants et en particulier quand il relève du programme du World Cinema Project. The Film Foundation privilégie le travail avec des partenaires qui ont un bon track record et qui partagent la "même vocation, la même mission" a indiqué Margaret Bodde. Et même s’il y a un impératif commercial, comme la fondation est à but non lucratif, elle recherche des partenaires qui partage une vision commune, à savoir gérer ces restaurations comme des œuvres d’art. "Nous travaillons avec des gens qui comprennent la valeur de ces films au-delà de leur valeur financière et des gens qui ont capacité à sortir les films, comme Carlotta en France avec L’Echiquier du vent (de Mohammad Reza Aslani, 1976, sorti cet été). Et il n’y a pas beaucoup de sociétés qui ont cette capacité de maximiser les sorties de ce type de films".
Cécilia Cenciarelli, responsable de projet internationaux au sein de la Cinémathèque de Bologne, qui travaille sur les films du World Cinema Project – qui a restauré 46 films issus de 27 pays à ce jour – a indiqué que le nombre de projets de restauration variait beaucoup selon les années, certains projets exigeant de nombreuses années pour aboutir. Car la particularité des restaurations de films portés au sein du World Cinema Project est, comme l’a souligné Gian Luca Farinelli, le directeur de la Cinémathèque de Bologne, qu’il s’agit de films souvent " très complexes, qui risquent vraiment de se perdre, qu’il faut aller chercher, où il faut établir une relation avec les ayants-droit pour débloquer et lancer la restauration, avant de travailler sur les éléments techniques eux-mêmes. Il s’agit de "projet uniques ou énormes" comme pour Le guépard de Luchino Visconti (1963), pour lequel "retrouver la couleur et la qualité d’image posait des questions techniques uniques", ou Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984) pour sa version longue qui n’était pas sortie en salle. "Les restaurations en collaboration avec la Film Foundation prennent toujours beaucoup de temps, et elles ne seraient pas possibles sans son apport : ce n’est pas qu’une question d‘argent mais aussi une question de la qualité de la restauration. Il s’agit de travailler avec des gens qui connaissent très bien leur métier, et avec le metteur en scène et aussi avec Martin Scorsese (fondateur de The Film Foundation et de The World Cinema Project). Il intervient pendant la restauration et a toujours un point de vue unique, de quelqu’un qui a vu tous les films, et qui a une mémoire visuelle incroyable " a ajouté le directeur de la Cinémathèque de Bologne.
Les demande de projets de restaurations peuvent venir des héritiers des ayants-droit, d’universitaires qui savent par exemple qu’il n’y pas de copie d’un film qu’ils ont étudié, et des cinéastes pour certains films qui les ont inspirés. "Ce sont des voix multiples autour de nous pour nous solliciter, a dit Cecilia Cenciarelli. Chaque proposition est évaluée. Car ce projet sur lequel j’ai le privilège de travailler est un travail de profondeur". Un travail pour lequel il faut parler différents langages métaphoriques et comprendre la signification d‘un film dans sa culture, a enchaîné Margaret Bodde. "Nous essayons de faire le meilleur travail, mais nous savons que ça peut prendre trois ans, selon les droits, notamment moraux. Par exemple, en Afrique, la chaîne des droits sur un film peut être polluée par des évènements politiques. Les cinéastes peuvent aussi être en vie et il faut respecter les enjeux humains et les studios quand il y en a. Les films qui ne sont pas fait dans un système de studios, il faut créer une relation basée sur le respect. Et c’est un luxe de disposer du temps et de la profondeur".
"La restauration comme la réalisation n’est pas un travail solitaire, c’est un un travail collectif. Plus la restauration est complexe plus c’est un travail collectif avec les ayants-droit, les techniciens, les historiens" a complété Gian Luca Farinelli.
Pour sa part, Vincent Paul-Boncour (co-fondateur et dirigeant de Carlotta Films) a témoigné de son expérience avec La Film Foundation. « Beaucoup de films de The Film Foudation et du World Cinema Project sortent souvent de nulle part ». Pour L’échiquier du vent, c’est à Bologne qu’il l’a découvert où une sorte de bouche à oreille s’était créé autour de ce film inconnu. "Ça a été un choc, je me suis placé comme un spectateur et cinéphile en voyant quelque chose de rare et d’unique". Partageant la même envie de le transmettre et étant un partenaire fidèle de la Film Foundation, qui a souvent les droits d’exploitation, il s’est tourné vers elle pour acquérir les droits salles et vidéo. Il s’est ensuite fait son travail de distributeur avec ce film "pas le plus facile mais pas le plus difficile", en le montrant dans des festivals (comme à La Rochelle) et en travaillant par chance avec la fille du réalisateur, qui vit en France et est spécialiste du cinéma iranien. Elle a écrit un livret sur le film pour le faire découvrir, et l’a accompagné à Paris et en Province. Vincent Paul-Boncour a rappelé que l’ADN de Carlotta était la sortie en salle, ajoutant qu’un film comme L’échiquier du vent n’existe d’abord que par le grand écran. Et à son échelle, il a rencontré le public, avec depuis sa sortie le 18 août 12 000 entrées France. "Il faut avoir confiance dans le film. Il va sortir en DVD/Blu ray dans quelques mois et existera grâce à ce qui s’est passé en salle, avant peut être une vente TV". Le réalisateur Mohammad Reza Aslani, qui vit aujourd’hui en Iran, a fait savoir par sa fille que son père n’a jamais aussi été heureux.
L’importance d’une sortie en salle est partagée par Margaret Bodde. "Notre objectif est toujours une sortie en salle. Et si ce n’est pas possible, il faut au moins une présentation en festival. Tous ces films peu connus exigent un regard de près, en salle. Cette découverte enrichit notre compréhension du cinéma mondial". "Notre plus grande joie c’est quand ces films sont découverts dans leur pays d’origine" a ajouté Cecilia Cenciarelli.
De con côté, Mark Hirzberger-Taylor, le PDG de Park Circus est revenu sur le travail de Park Circus, le plus grand distributeur en salle de films de catalogue, qui compte 25 000 titres, et sur l’importance de mettre à disposition les films pour tous les publics et que le plus grand nombre de gens les découvre. Il a noté que dans la foulée de la pandémie, un point positif est qu’il y a eu plus de place pour des films classiques dans les salles. Park Circus partage avec la Film Foundation l’objectif de contribuer à l’éducation à l’image.
Rosalie Varda, Ciné Tamaris, a pour sa part livré un témoignage plus personnel, relatant sa collaboration avec la Film Foundation qui a permis la restauration et la numérisation des films américains réalisés par Agnès Varda, sa mère. Si sur les films de Jacques Demy et les films français d’Agnès Varda, elle a pu les restaurer et numériser grâce au soutien du CNC, en complétant par du mécénat pour tous les films de Demy, l’approche a été différente pour l’œuvre américaine de Varda. Elle a contacté fin 2011 la Film Foundation. La réponse a été de venir rencontrer Martin Scorsese au festival de Marrakech où il était célébré et où le World cinéma project présentait un film marocain important restauré, Transes de Ahmed el-Maanouni. Avec son sens da la répartie et son humour, Agnès Varda a trouvé que c’était « une très bonne idée, nous avons besoin de manger un couscous ». Les films concernés étaient Oncle Yonko tourné en 67, un documentaire sur les Black Panthers tourné caméra à l’épaule avec Pascal Thomas comme assistant, Lions Love en 68 et Murs murs en 1981 sur les murs de la ville de Los Angeles. Une fois que la Film Foundation a accepté le projet, elle s’est attelée à trouver des fonds, en l’occurrence auprès du LACMA à Los Angeles, que Margaret Bodde confie avoir harcelé. "Il voulait que Marty participe à une levée de fonds et nous avons dit : d’accord mais nous utilisons une partie de l’argent pour les films d’Agnès Varda".
La restauration des films, à Bologne, a pu être suivie par la cinéaste, ainsi que l’étalonnage. "Ça a été une collaboration d’une fluidité extraordinaireé, a souligné Rosalie Varda, qui a plus ajouté notamment que "L’histoire du cinéma est jeune et cela nous demande à tous l’énergie de la transmettre". Chaque film restauré a pu sortir en salle, même si c’était des petites ressorties. Criterion a édité un coffret aux Etats-Unis des films américains d’Agnès Varda que Ciné Tamaris a édité en France. La réalisatrice en a profité à partir des chutes de pellicules pour faire une installation au Lacma de petites cabanes. « Ça a été une façon de parler de ses films en argentiques ». Gian Luca Farinelli a lui relaté une anecdote sur la projection de Lola restaurée en présence d’Agnès Varda sur la Piazza Maggiore de Bologne lors du festival Il Cinema ritrovato. La projection qui s’est tenue le soir d’un match de foot important impliquant, non pas l’Italie mais la Grèce, sachant qu’une importante communauté grecque vit à Bologne. Alors qu’un café sur la place avec énorme écran retransmettant le match est venu perturber la projection, il a vu Agnès prendre des photos du public de son film, du public regardant le match, "elle était au ciel". "Le cinéma est fait pour ça, c’est la vie. Aucun spectateur du streaming n’aura jamais cette joie de toucher cette vie qui est dans le film".
A la fin de cet échange, l’animatrice Emmanuelle Spadacenta (Cinemateaser) a interrogé les invités sur l’inquiétude grandissante sur le sort de films chinois et hongkongais contemporains, en proie à une nouvelle loi sur la censure en Chine. Gian Luca Farinelli a répondu d’une part que beaucoup de ces films qui seront bloqués en Chine sont déjà, étant donné que le cinéma est un art international, disponibles ou conservés hors de Chine, ce qui pourra permettre d’en sauver et évitera d’effacer l’histoire. Et sur un ton ironique, il a noté que la censure est un mécanisme qui se retourne toujours contre le censeur. Car la censure pour exister doit laisser des traces, qui peuvent permettre être plus tard des éléments essentiels pour retrouver l’intégralité des films. Et de conclure avec la même ironie en faisant part de son admiration pour la Chine qui considère encore le cinéma comme un art dangereux. "Le gouvernement chinois est le plus cinéphile au monde, et ça va donner à tout le monde l’envie de connaître mieux le cinéma hongkongais et donc de le restaurer rapidement".
A l’occasion de la présence du Grand témoin de cette 9e édition du MIFC, Margaret Bodde, une étude de cas réunissant Gian Luca Farinelli et Cecillia Cenciarelli (Cinémathèque de Bologne), Vincent Paul-Boncour (Carlotta Films), Rosalie Varda (Ciné Tamaris) et Mark Hirzberger-Taylor (Park Circus) pour mieux comprendre la collaboration entre la Film Foundation avec des acteurs clé du cinéma classique pour relayer ses initiatives.
Quand The Film Foundation travaille sur des projets de restaurations avec des studios et des archives, elle laisse faire les ayants-droit pour leur diffusion. En revanche, trouver des distributeurs devient crucial quand il s’agit de films restaurés indépendants et en particulier quand il relève du programme du World Cinema Project. The Film Foundation privilégie le travail avec des partenaires qui ont un bon track record et qui partagent la "même vocation, la même mission" a indiqué Margaret Bodde. Et même s’il y a un impératif commercial, comme la fondation est à but non lucratif, elle recherche des partenaires qui partage une vision commune, à savoir gérer ces restaurations comme des œuvres d’art. "Nous travaillons avec des gens qui comprennent la valeur de ces films au-delà de leur valeur financière et des gens qui ont capacité à sortir les films, comme Carlotta en France avec L’Echiquier du vent (de Mohammad Reza Aslani, 1976, sorti cet été). Et il n’y a pas beaucoup de sociétés qui ont cette capacité de maximiser les sorties de ce type de films".
Cécilia Cenciarelli, responsable de projet internationaux au sein de la Cinémathèque de Bologne, qui travaille sur les films du World Cinema Project – qui a restauré 46 films issus de 27 pays à ce jour – a indiqué que le nombre de projets de restauration variait beaucoup selon les années, certains projets exigeant de nombreuses années pour aboutir. Car la particularité des restaurations de films portés au sein du World Cinema Project est, comme l’a souligné Gian Luca Farinelli, le directeur de la Cinémathèque de Bologne, qu’il s’agit de films souvent " très complexes, qui risquent vraiment de se perdre, qu’il faut aller chercher, où il faut établir une relation avec les ayants-droit pour débloquer et lancer la restauration, avant de travailler sur les éléments techniques eux-mêmes. Il s’agit de "projet uniques ou énormes" comme pour Le guépard de Luchino Visconti (1963), pour lequel "retrouver la couleur et la qualité d’image posait des questions techniques uniques", ou Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984) pour sa version longue qui n’était pas sortie en salle. "Les restaurations en collaboration avec la Film Foundation prennent toujours beaucoup de temps, et elles ne seraient pas possibles sans son apport : ce n’est pas qu’une question d‘argent mais aussi une question de la qualité de la restauration. Il s’agit de travailler avec des gens qui connaissent très bien leur métier, et avec le metteur en scène et aussi avec Martin Scorsese (fondateur de The Film Foundation et de The World Cinema Project). Il intervient pendant la restauration et a toujours un point de vue unique, de quelqu’un qui a vu tous les films, et qui a une mémoire visuelle incroyable " a ajouté le directeur de la Cinémathèque de Bologne.
Les demande de projets de restaurations peuvent venir des héritiers des ayants-droit, d’universitaires qui savent par exemple qu’il n’y pas de copie d’un film qu’ils ont étudié, et des cinéastes pour certains films qui les ont inspirés. "Ce sont des voix multiples autour de nous pour nous solliciter, a dit Cecilia Cenciarelli. Chaque proposition est évaluée. Car ce projet sur lequel j’ai le privilège de travailler est un travail de profondeur". Un travail pour lequel il faut parler différents langages métaphoriques et comprendre la signification d‘un film dans sa culture, a enchaîné Margaret Bodde. "Nous essayons de faire le meilleur travail, mais nous savons que ça peut prendre trois ans, selon les droits, notamment moraux. Par exemple, en Afrique, la chaîne des droits sur un film peut être polluée par des évènements politiques. Les cinéastes peuvent aussi être en vie et il faut respecter les enjeux humains et les studios quand il y en a. Les films qui ne sont pas fait dans un système de studios, il faut créer une relation basée sur le respect. Et c’est un luxe de disposer du temps et de la profondeur".
"La restauration comme la réalisation n’est pas un travail solitaire, c’est un un travail collectif. Plus la restauration est complexe plus c’est un travail collectif avec les ayants-droit, les techniciens, les historiens" a complété Gian Luca Farinelli.
Pour sa part, Vincent Paul-Boncour (co-fondateur et dirigeant de Carlotta Films) a témoigné de son expérience avec La Film Foundation. « Beaucoup de films de The Film Foudation et du World Cinema Project sortent souvent de nulle part ». Pour L’échiquier du vent, c’est à Bologne qu’il l’a découvert où une sorte de bouche à oreille s’était créé autour de ce film inconnu. "Ça a été un choc, je me suis placé comme un spectateur et cinéphile en voyant quelque chose de rare et d’unique". Partageant la même envie de le transmettre et étant un partenaire fidèle de la Film Foundation, qui a souvent les droits d’exploitation, il s’est tourné vers elle pour acquérir les droits salles et vidéo. Il s’est ensuite fait son travail de distributeur avec ce film "pas le plus facile mais pas le plus difficile", en le montrant dans des festivals (comme à La Rochelle) et en travaillant par chance avec la fille du réalisateur, qui vit en France et est spécialiste du cinéma iranien. Elle a écrit un livret sur le film pour le faire découvrir, et l’a accompagné à Paris et en Province. Vincent Paul-Boncour a rappelé que l’ADN de Carlotta était la sortie en salle, ajoutant qu’un film comme L’échiquier du vent n’existe d’abord que par le grand écran. Et à son échelle, il a rencontré le public, avec depuis sa sortie le 18 août 12 000 entrées France. "Il faut avoir confiance dans le film. Il va sortir en DVD/Blu ray dans quelques mois et existera grâce à ce qui s’est passé en salle, avant peut être une vente TV". Le réalisateur Mohammad Reza Aslani, qui vit aujourd’hui en Iran, a fait savoir par sa fille que son père n’a jamais aussi été heureux.
L’importance d’une sortie en salle est partagée par Margaret Bodde. "Notre objectif est toujours une sortie en salle. Et si ce n’est pas possible, il faut au moins une présentation en festival. Tous ces films peu connus exigent un regard de près, en salle. Cette découverte enrichit notre compréhension du cinéma mondial". "Notre plus grande joie c’est quand ces films sont découverts dans leur pays d’origine" a ajouté Cecilia Cenciarelli.
De con côté, Mark Hirzberger-Taylor, le PDG de Park Circus est revenu sur le travail de Park Circus, le plus grand distributeur en salle de films de catalogue, qui compte 25 000 titres, et sur l’importance de mettre à disposition les films pour tous les publics et que le plus grand nombre de gens les découvre. Il a noté que dans la foulée de la pandémie, un point positif est qu’il y a eu plus de place pour des films classiques dans les salles. Park Circus partage avec la Film Foundation l’objectif de contribuer à l’éducation à l’image.
Rosalie Varda, Ciné Tamaris, a pour sa part livré un témoignage plus personnel, relatant sa collaboration avec la Film Foundation qui a permis la restauration et la numérisation des films américains réalisés par Agnès Varda, sa mère. Si sur les films de Jacques Demy et les films français d’Agnès Varda, elle a pu les restaurer et numériser grâce au soutien du CNC, en complétant par du mécénat pour tous les films de Demy, l’approche a été différente pour l’œuvre américaine de Varda. Elle a contacté fin 2011 la Film Foundation. La réponse a été de venir rencontrer Martin Scorsese au festival de Marrakech où il était célébré et où le World cinéma project présentait un film marocain important restauré, Transes de Ahmed el-Maanouni. Avec son sens da la répartie et son humour, Agnès Varda a trouvé que c’était « une très bonne idée, nous avons besoin de manger un couscous ». Les films concernés étaient Oncle Yonko tourné en 67, un documentaire sur les Black Panthers tourné caméra à l’épaule avec Pascal Thomas comme assistant, Lions Love en 68 et Murs murs en 1981 sur les murs de la ville de Los Angeles. Une fois que la Film Foundation a accepté le projet, elle s’est attelée à trouver des fonds, en l’occurrence auprès du LACMA à Los Angeles, que Margaret Bodde confie avoir harcelé. "Il voulait que Marty participe à une levée de fonds et nous avons dit : d’accord mais nous utilisons une partie de l’argent pour les films d’Agnès Varda".
La restauration des films, à Bologne, a pu être suivie par la cinéaste, ainsi que l’étalonnage. "Ça a été une collaboration d’une fluidité extraordinaireé, a souligné Rosalie Varda, qui a plus ajouté notamment que "L’histoire du cinéma est jeune et cela nous demande à tous l’énergie de la transmettre". Chaque film restauré a pu sortir en salle, même si c’était des petites ressorties. Criterion a édité un coffret aux Etats-Unis des films américains d’Agnès Varda que Ciné Tamaris a édité en France. La réalisatrice en a profité à partir des chutes de pellicules pour faire une installation au Lacma de petites cabanes. « Ça a été une façon de parler de ses films en argentiques ». Gian Luca Farinelli a lui relaté une anecdote sur la projection de Lola restaurée en présence d’Agnès Varda sur la Piazza Maggiore de Bologne lors du festival Il Cinema ritrovato. La projection qui s’est tenue le soir d’un match de foot important impliquant, non pas l’Italie mais la Grèce, sachant qu’une importante communauté grecque vit à Bologne. Alors qu’un café sur la place avec énorme écran retransmettant le match est venu perturber la projection, il a vu Agnès prendre des photos du public de son film, du public regardant le match, "elle était au ciel". "Le cinéma est fait pour ça, c’est la vie. Aucun spectateur du streaming n’aura jamais cette joie de toucher cette vie qui est dans le film".
A la fin de cet échange, l’animatrice Emmanuelle Spadacenta (Cinemateaser) a interrogé les invités sur l’inquiétude grandissante sur le sort de films chinois et hongkongais contemporains, en proie à une nouvelle loi sur la censure en Chine. Gian Luca Farinelli a répondu d’une part que beaucoup de ces films qui seront bloqués en Chine sont déjà, étant donné que le cinéma est un art international, disponibles ou conservés hors de Chine, ce qui pourra permettre d’en sauver et évitera d’effacer l’histoire. Et sur un ton ironique, il a noté que la censure est un mécanisme qui se retourne toujours contre le censeur. Car la censure pour exister doit laisser des traces, qui peuvent permettre être plus tard des éléments essentiels pour retrouver l’intégralité des films. Et de conclure avec la même ironie en faisant part de son admiration pour la Chine qui considère encore le cinéma comme un art dangereux. "Le gouvernement chinois est le plus cinéphile au monde, et ça va donner à tout le monde l’envie de connaître mieux le cinéma hongkongais et donc de le restaurer rapidement".
Sarah Drouhaud
© crédit photo :
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