Cinéma

Tribune présidentielle 2022 - Cinq urgences pour la SACD

Date de publication : 21/03/2022 - 10:00

À l'approche de l'élection présidentielle, Le film français propose aux organisations professionnelles du cinéma et de l'audiovisuel de prendre la parole sur leurs attentes vis-à-vis du prochain quinquennat. La SACD définit aujourd'hui les priorités des cinq prochaines années.

Après 2 ans de crise sanitaire qui ont profondément éprouvé le secteur culturel et le cinéma en particulier, malgré les soutiens mis en place par les pouvoirs publics, la guerre en Ukraine nous rappelle désormais au tragique de l’histoire. Pour autant, cette présidentielle qui se déroule dans un contexte très spécial ne doit pas faire l’impasse sur l’avenir de l’audiovisuel et du cinéma.
 
5 urgences se dégagent :
 
Garantir le financement de l’audiovisuel public. L’annonce surprise du candidat-président de vouloir supprimer la redevance fait peser de lourdes menaces sur le service public qui est l’un des piliers du financement et de la diffusion de la création audiovisuelle et cinématographique. Si la réforme était devenue indispensable pour une taxe qui avait mal vieilli, son remplacement par une dotation budgétaire de l’État ouvre la voie à une remise en cause de son indépendance et à un délitement de ses ressources. Dans un contexte de recomposition du paysage audiovisuel et de concentration des médias, nous avons une conviction : le service public doit conserver un financement affecté et garanti afin d’incarner un pôle de dynamisme et de diversité pour la création.
 
Réformer le compte de soutien, mieux soutenir l’écriture. Envisagée ces dernières années, la grande réforme des soutiens du CNC à l’audiovisuel et au cinéma n’a pu être menée à son terme. C’est donc désormais un enjeu pour l’avenir qu’il ne faudra pas manquer. Une nouvelle priorité doit s’imposer : alors que la France connaît un sous-financement chronique de l’écriture, en cinéma comme en audiovisuel, il va falloir orienter davantage les soutiens financiers vers cette phase, voire conditionner certaines aides au respect d’un certain niveau d’investissement dans l’écriture. L’évolution des règles du COSIP doit aussi s’accompagner de l’avancée des négociations entre auteurs et producteurs pour encadrer les pratiques contractuelles. C’est une priorité pour réguler des relations aujourd’hui très déséquilibrées.
 
Faire évoluer la chronologie des médias. L’encre du récent accord professionnel à peine sèche, il est déjà évident que sa durée de 3 ans ne résistera pas à l’épreuve du temps. Face à la montée en charge des plateformes et à la possibilité de voir se multiplier les sorties directes en vidéo à la demande, sans passer par la case de la salle de cinéma, remettre l’ouvrage de la chronologie sur le métier va être rapidement incontournable.
 
Faire le bilan de la régulation audiovisuelle. Avec les transpositions des directives SMAD et droit d’auteur, beaucoup a été fait pour réviser en profondeur la régulation audiovisuelle. Pour le meilleur, avec l’intégration des services de VAD pour financer et diffuser la création. Pour le moins bon, avec une latitude manifestement trop grande laissée à l’Arcom qui a notamment fortement affaibli les obligations des plateformes en faveur de la création audiovisuelle.
 
Construire l’Europe de la Culture. Les grands enjeux qui nous guettent doivent trouver des réponses au niveau européen. Les 5 prochaines années devront permettre de renforcer la protection des catalogues européens, de préparer la future directive SMAD et de faire émerger une plateforme européenne à partir des services publics.
 

Florian Krieg
© crédit photo : SACD


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