Tribune présidentielle 2022 - "Rassembler un public renouvelé dans des salles" (Richard Patry, FNCF)
Date de publication : 25/03/2022 - 10:02
Il faut que les jeunes spectateurs soient familiarisés avec toute la diversité du cinéma, en allant au cinéma pour vivre, parfois pour la première fois , la plus belle des expériences sur grand écran. Le développement du Pass culture est de ce point de vue un levier majeur pour notre secteur.
À l'approche de l'élection présidentielle, Le film français propose aux organisations professionnelles du cinéma et de l'audiovisuel de prendre la parole sur leurs attentes vis-à-vis du prochain quinquennat. Aujourd'hui, Richard Patry, président de la FNCF, présente les enjeux pour les salles de cinéma et l'ensemble de la filière.
Lorsque on se retourne sur les cinq dernières années, force est de constater que personne d’entre nous n’avait imaginé les événements qui sont survenus et qui ont bouleversé notre filière. Se projeter sur les cinq prochaines années est donc un exercice particulièrement délicat, et si l’on peut exprimer des attentes, des espoirs, une ambition, il s’agit de la faire avec la plus grande humilité.
Tout d’abord, le premier enjeu pour les salles de cinéma, et pour la filière toute entière, alors que nous ne sommes pas encore sortis complétement de la crise sanitaire, c’est de retrouver l’ensemble du public de nos cinémas.
En effet, cette crise a montré combien l’économie de notre secteur, la diffusion culturelle des œuvres, étaient fondamentalement bouleversées lorsque le public était empêché ou venait moins nombreux au cinéma. Notre objectif est donc, avec nos amis distributeurs-éditeurs de films, d’accueillir à nouveau annuellement plus de 200 millions de spectateurs au cours des 5 ans qui viennent. En effet, une moindre fréquentation fragiliserait non seulement les salles mais l’ensemble de notre édifice de financement et de mutualisation, du fonds de soutien jusqu’aux obligations des diffuseurs, et en particulier la diversité de la création et l’exception culturelle que nous revendiquons.
Le deuxième enjeu à cet égard c’est mieux étudier et comprendre les évolutions des pratiques du public qui ont évoluées ces dernières années tant dans la façon de voir les films, que dans ses modalités de fréquentation des établissements cinématographiques et plus généralement des lieux culturels. Pour aller au-delà, il nous semble essentiel, comme nous l’avons notamment évoqué avec les représentants des différents candidats à l’élection présidentielle lors de la Table ronde que nous avons organisée avec Passeurs d’Images le 10 mars, de développer, de consolider, et de mieux financer les dispositifs d’éducation à l’image pour construire notre public de demain.
Il faut que les jeunes spectateurs soient familiarisés avec toute la diversité du cinéma, en allant au cinéma pour vivre, parfois pour la première fois , la plus belle des expériences sur grand écran. Le développement du Pass culture est de ce point de vue un levier majeur pour notre secteur.
Sur le plan économique il nous faut désendetter nos entreprises pour qu’elles puissent poursuivre leur modernisation afin que les cinémas soient toujours le plus bel endroit pour voir un film en terme technique comme de confort. Les prêts garantis par l’Etat ont été une ressource nécessaire lorsque les cinémas étaient fermés. Aujourd’hui leur remboursement, alors que le niveau de fréquentation est encore très bas, risque de mettre en péril beaucoup d’entreprises. Il faudra des décisions fortes de l’Etat pour permettre le désendettement des cinémas et des autres lieux culturels.
Enfin, nous devons aussi inscrire nos établissements dans des objectifs de réduction de leur empreinte carbone pour contribuer de façon citoyenne à la lutte contre le réchauffement climatique et à la préservation de notre planète. Il s’agit de faire face à la fois aux coûts de l’énergie et à notre dépendance à leur égard en appliquant, par exemple, le décret « Tertiaire » qui va définir une trajectoire vertueuse mais exigeante pour les économies d’énergie de nos cinémas. C’est un travail de longue haleine, couteux et complexe mais qui constitue une priorité pour les années à venir.
Ces cinq années devront donc permettre de rassembler un public renouvelé dans des salles plus économes en énergie, qui auront retrouvé leur équilibre économique et dans un environnement sectoriel toujours en évolution. Nous avons pu montrer récemment tous ensemble notre capacité à appréhender ces évolutions (décret SMAD chronologie des médias…). Cette unité de toutes les professions de la filière est notre force, poursuivons ensemble pour préserver et développer notre secteur au bénéfice de tous les Français.
Florian Krieg
© crédit photo : FNCF
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