Cinéma

Tribune présidentielle 2022 - "Il est impératif que l’État propose des mesures d’urgence pour la filière distribution" (SDI)

Date de publication : 20/04/2022 - 17:30

À quelques heures du débat de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, le Syndicat des distributeurs indépendants (SDI) interpelle les candidats sur la situation de la filière distribution.

"Monsieur le Président, je vous écris une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps".
Il était facile de reprendre Boris Vian, tant la situation de la distribution cinématographique indépendante représentée par plus de quarante sociétés du Syndicat des Distributeurs Indépendants, reflète la situation politique et économique de la France.

Dans ce contexte tourmenté que toute la France a connu, les distributeurs membres du SDI, ont eux aussi, appliqué le "quoiqu'il en coûte". Malgré six mois de fermeture dévastateurs, ils ont proposé en 2021, plus de 150 films en salles plutôt que sur les plateformes. En dépit d’aides COVID minorées par rapport au secteur de l'exploitation et en dépit de conditions de reprise extrêmement difficiles puis de protocoles sanitaires longtemps défavorables à nos activités, plusieurs titres SDI ont illuminé nos écrans : de Slalom (Jour2Fête) de Charlène Favier en passant par First Cow de Kelly Reichardt (Condor Distribution) jusqu’à récemment Lynx de Laurent Geslin (Gebeka films). Le SDI a su retrouver sa vocation de lien social, d’éducation à l’image et de transmission du patrimoine cinématographique. Qui connaissait la réalisatrice japonaise Kinuyo Tanaka avant la rétrospective proposée par Carlotta Films début 2022 ? Et depuis la réouverture des salles, des dizaines de documentaires SDI et des centaines d'animations ont été proposés en collaboration avec les exploitants. Pour ne citer qu'un exemple : Lina Soualem, la réalisatrice de Leur Algérie (JHR films) a sillonné la France et rencontré des milliers de spectateurs de toutes origines.

Malheureusement ces quelques succès masquent une baisse de fréquentation qui s’est généralisée pour la majorité des films défendus par notre syndicat. Une baisse condamnée à s’accentuer si une véritable exposition des films indépendants ne peut être garantie dès leur sortie et si un marché devenu ultra concurrentiel ne peut être exceptionnellement régulé.
D’un côté, tous les films se sont accumulés pour ne laisser qu’une poignée occuper les mêmes écrans de France et recueillir la plus grosse partie des recettes. De l’autre, des salles de plus en plus désorientées par des plans de sortie démesurés et la désaffection de films pourtant valorisés par des soutiens Recherche ou Art et Essai, se sont tournées plus qu’auparavant vers des films "grand public". Le tout privant trop de distributeurs d’un retour sur leurs investissements et beaucoup trop de spectateurs d’une réelle diversité cinématographique.

Il est donc impératif de tenir des États généraux du cinéma et de pouvoir réunir les diverses organisations professionnelles d'exploitants et de distributeurs pour établir une charte de bonnes pratiques et mieux redéfinir les aides publiques.
Il est impératif que l’État propose des mesures d’urgence pour la filière distribution :
Une prolongation des aides Covid, une bonification prolongée du fonds de soutien ; un bonus au réinvestissement en montants garantis, un taux d'intensité des aides publiques maintenu aux taux définis durant le Covid.
Et pour finir, ou plutôt pour commencer, il est impératif que l’État constitue un fonds de solidarité exceptionnel pour aider des sociétés en situation d'urgence et éviter leur fermeture, car leur disparition serait une atteinte terrible à la diversité et donc à terme à la démocratie.

Florian Krieg
© crédit photo : SDI


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