Cinéma

Cannes 2022 – Thomas Salvador, réalisateur de "La Montagne" : "L’arpenter non pas en conquérant mais en découvreur, en amoureux"

Date de publication : 25/05/2022 - 16:22

Après Vincent n’a pas d’écailles, le cinéaste prouve son goût pour les personnages aux trajectoires singulières pour son deuxième film, qui a séduit la Quinzaine des réalisateurs.

Comment présentez-vous La montagne en quelques mots ?
La montagne est l’histoire d’un ingénieur parisien qui, à l’occasion d’un déplacement professionnel, se trouve comme aimanté par les montagnes. Il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre… Et là-haut il fait plusieurs rencontres, aussi mystérieuses que décisives. J’ai l’idée de ce film depuis très longtemps. Pour ce qui est de comment elle est venue, je n’en ai aucune idée! Comme pour chacun de mes films.
 
La montagne c’est un univers que vous connaissez bien et qui vous fascine ?
Oui la montagne est un univers que je connais plutôt bien, et qui effectivement me fascine depuis toujours. J’ai longtemps pratiqué l’alpinisme, et adolescent je rêvais d’être cinéaste et guide de haute montagne. J’ai vécu l’occasion d’y tourner comme un cadeau, et me suis dit que la meilleure façon de la filmer serait tout simplement de s'adapter à ce qu’elle offre, comme topographie, comme conditions météo ou nivologiques. Bref l’arpenter non pas en conquérant mais en "découvreur", en amoureux.
 
Comment avez-vous construit le scénario avec Naïla Guiguet ?
J’avais beaucoup d’idées de moments, de plans et d’atmosphères, et Naïla m’a aidé à créer le contexte du personnage, son ancrage dans le réel et ses interactions avec les autres. Elle m’a beaucoup apporté aussi sur la rencontre avec le personnage que joue Louise Bourgoin, et le développement de leur relation. Je suis très heureux de notre collaboration.
 
Le film a-t-il été compliqué à produire, en termes de recherche de financement ?
Le sujet du film, ce besoin de prendre de la distance et de la hauteur, sa dimension fantastique et écologique qui résonne fortement avec la période que nous vivons ont sans doute donné envie de voir se faire le film. Nous avons eu le plaisir de retrouver les partenaires de Vincent n’a pas d’écailles auxquels se sont ajoutés Auvergne Rhône Alpes Cinéma, et en effet la fondation Gan dont l’enthousiasme du comité a été un grand encouragement. Mais un film comme celui-là, fantastique et en haute montagne, avec toutes les contraintes que cela implique, n’a pas été des plus simple à financer et produire comme vous pouvez l’imaginer.
 
Vous avez parlé dans une interview que ce qui reliait vos deux films, c’est “la question de la juste place qu’on occupe dans ce monde”. Dans le sens écologique du terme ?
Oui dans mes films, le héros cherche ce qu’il désire profondément, et comment parvenir à l’équilibre entre ce désir profond et le rapport aux autres. Ce rapport à l'altérité implique bien sûr, dans Vincent n’a pas d’écailles et plus encore dans La montagne, le rapport au vivant qui nous entoure, dans sa diversité.
 
Difficultés particulières pour ce tournage en montagne ?
Plein! Le tournage était, même si je n’aime pas ce mot, une sorte de défi, et il fallait pour tout le monde accepter qu'il soit également une aventure. Nous avons beaucoup tourné à 3800 mètres d’altitude, où il y a 25 % d’oxygène en moins qu’au niveau de la mer, ce qui provoque pas mal de maux, auxquels tout le monde a vaillamment résisté. Et puis bien sûr il y a le froid (on a tourné un soir par moins 17), les intempéries dont les proportions décuplent en montagne, la difficulté d’accès aux décors, le poids des sacs à dos etc... Mais pour palier cela nous avons opté pour une équipe ultra légère, réactive et très investie! Nous avons vécu en montagne des moments magnifiques, et je suis vraiment très heureux de l’aventure humaine qu’a été ce tournage un peu fou.
 
Qu’attendez-vous de cette sélection à la Quinzaine des réalisateurs ?
Je suis très heureux de cette sélection. La Quinzaine a une programmation que je suis depuis des années et que je trouve très souvent excitante. J’ai de magnifiques souvenirs de la présentation de mon court-métrage Petits pas en 2003. Et oui en effet je pense que c’est un parfait écrin pour le film que j’ai réalisé et que j’espère aussi aventureux et généreux.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : Le Pacte


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