Annecy 2022 - Marcel Jean : "Le festival commence à être à l’étroit dans son format"
Date de publication : 14/06/2022 - 08:00
Le délégué artistique de Festival d’Annecy fait le point sur un cru qui s’annonce une nouvelle fois exceptionnel et fait part des défis que la manifestation devra relever pour ses prochaines éditions.
Vous avez succédé en 2012 à Serge Bromberg. Comment avez-vous vu évoluer le festival en dix ans ?
Ce qui ressort vraiment, c’est que la production de long métrage est relativement récente. Annecy était essentiellement un festival de court métrage jusqu’en 1985. La télévision s’est ajoutée à ce moment-là. Mais le long était plus ou moins marginal. Puis arrive Kirikou qui fait figure d’événement majeur. D’ailleurs, nous rendrons hommage à Michel Ocelot cette année. Et ensuite, au cours des 20 dernières années, la production de long métrage s’est développée et s’est bonifiée au fil des ans. La sélection long métrage en 2022, c’est le jour et la nuit par rapport à ce qu’elle était en 2013. Nous devions alors aller chercher les longs métrages dignes de figurer dans la compétition. En 2022, il nous faut faire des choix cruels parce que l’offre est là. Je suis donc très confiant pour l’avenir. Je dirai même que le festival commence à être à l’étroit dans son format. Nous faisons également face à une production de courts métrages dont les durées sont de plus en plus longues. Et c’est la même chose pour les séries télé. Dans ce dernier cas, il y a une explication très simple. Comme les plateformes ont des exigences des formats moins rigides que les chaînes traditionnelles, nous recevons à présent des œuvres de 30, 32, 36 voire 40 minutes. Tout cela m’amène à dire que la filière dans son ensemble est en pleine croissance. Nous sommes très bien placés pour le percevoir et le ressentir. Mais cela va nous obliger à prendre des décisions pour l’avenir.
Voyez-vous un fil rouge émerger de cette sélection ?
Je dirai que le fil rouge, c’est vraiment le poids de l’histoire, présent dans plusieurs films de la sélection. Dans le long métrage Nayola, ou Aurora’s Sunrise, Charlotte, Interdit aux chiens ou aux Italiens ou encore Chun Tae-il, ce film Coréen qui est dans la section Contrechamps. Je citerai encore Les secrets de mon père. Autant de films qui se réfèrent à des événements historiques petits ou grands, comme le génocide arménien, l’holocauste ou d’autre part la syndicalisation des tailleurs en Corée. Et même en court métrage, des films appartiennent à ce mouvement que j’appelle la décolonisation culturelle, soit une réappropriation par les cultures autochtones de leur histoire. Nous avons dans la section perspectives ce court métrage Meneath : l'île secrète de l'éthique, réalisé par Terril Calder qui est une autochtone canadienne. Ce film appartient vraiment à ce courant. C’est une artiste autochtone qui essaie notamment de dégager son héritage culturel du poids du christianisme et de tout ce qui est survenu avec l’arrivée des blancs en Amérique du Nord. Cela s’inscrit dans un courant assez large que nous observons depuis au moins 2020. Nous avions reçu un court métrage autour d’une femme qui avait été le modèle de Gauguin. Et c’était le point de vue polynésien sur cette question. On avait eu aussi un film réalisé par des cinéastes hawaïens, dans une perspective semblable de réappropriation de leur espace culturel. Il y a donc des courants très forts dans ce sens-là.
Lors de la présentation, vous avez fait remarquer la présence d’un film algérien. C’est une première pour Annecy ?
Ce qui ressort vraiment, c’est que la production de long métrage est relativement récente. Annecy était essentiellement un festival de court métrage jusqu’en 1985. La télévision s’est ajoutée à ce moment-là. Mais le long était plus ou moins marginal. Puis arrive Kirikou qui fait figure d’événement majeur. D’ailleurs, nous rendrons hommage à Michel Ocelot cette année. Et ensuite, au cours des 20 dernières années, la production de long métrage s’est développée et s’est bonifiée au fil des ans. La sélection long métrage en 2022, c’est le jour et la nuit par rapport à ce qu’elle était en 2013. Nous devions alors aller chercher les longs métrages dignes de figurer dans la compétition. En 2022, il nous faut faire des choix cruels parce que l’offre est là. Je suis donc très confiant pour l’avenir. Je dirai même que le festival commence à être à l’étroit dans son format. Nous faisons également face à une production de courts métrages dont les durées sont de plus en plus longues. Et c’est la même chose pour les séries télé. Dans ce dernier cas, il y a une explication très simple. Comme les plateformes ont des exigences des formats moins rigides que les chaînes traditionnelles, nous recevons à présent des œuvres de 30, 32, 36 voire 40 minutes. Tout cela m’amène à dire que la filière dans son ensemble est en pleine croissance. Nous sommes très bien placés pour le percevoir et le ressentir. Mais cela va nous obliger à prendre des décisions pour l’avenir.
Voyez-vous un fil rouge émerger de cette sélection ?
Je dirai que le fil rouge, c’est vraiment le poids de l’histoire, présent dans plusieurs films de la sélection. Dans le long métrage Nayola, ou Aurora’s Sunrise, Charlotte, Interdit aux chiens ou aux Italiens ou encore Chun Tae-il, ce film Coréen qui est dans la section Contrechamps. Je citerai encore Les secrets de mon père. Autant de films qui se réfèrent à des événements historiques petits ou grands, comme le génocide arménien, l’holocauste ou d’autre part la syndicalisation des tailleurs en Corée. Et même en court métrage, des films appartiennent à ce mouvement que j’appelle la décolonisation culturelle, soit une réappropriation par les cultures autochtones de leur histoire. Nous avons dans la section perspectives ce court métrage Meneath : l'île secrète de l'éthique, réalisé par Terril Calder qui est une autochtone canadienne. Ce film appartient vraiment à ce courant. C’est une artiste autochtone qui essaie notamment de dégager son héritage culturel du poids du christianisme et de tout ce qui est survenu avec l’arrivée des blancs en Amérique du Nord. Cela s’inscrit dans un courant assez large que nous observons depuis au moins 2020. Nous avions reçu un court métrage autour d’une femme qui avait été le modèle de Gauguin. Et c’était le point de vue polynésien sur cette question. On avait eu aussi un film réalisé par des cinéastes hawaïens, dans une perspective semblable de réappropriation de leur espace culturel. Il y a donc des courants très forts dans ce sens-là.
Lors de la présentation, vous avez fait remarquer la présence d’un film algérien. C’est une première pour Annecy ?
Pour un long métrage, absolument. Il s’agit de Khamsa - le puits de l'oubli de Khaled Chiheb dans la section Contrechamp. C’est un signal qui symbolise une évolution assez large. Le fait que le cru de longs métrages soit exceptionnel cette année ne résulte plus de calendriers de production ou même de la sortie de pandémie. Cela illustre la vitalité de la production. Il y a de plus en plus de sociétés de production, mais aussi et surtout de plus en plus de pays producteurs. Et on entrevoit un accroissement de films provenant de pays qui n’avaient pas encore d’industrie organisée mais sont engagés dans un processus d’émergence.
La section Contrechamp propose toujours des œuvres plus exigeantes. Il semble que, cette année, on y trouve des recherches formelles particulièrement poussées. Quelques exemples ?
C’est en effet véritablement le cas. L’exemple peut-être le plus frappant c’est Pléthore de nords de Koji Yamamura qui est une coproduction entre la France et le Japon. Yamamura est un grand nom du court métrage, qui est plusieurs fois venu à Annecy, où il a été primé plusieurs fois. Et il nous arrive avec une œuvre graphique contemplative assez exigeante, qui a eu un effet assez hypnotique sur moi. On est dans une forme d’abandon, face à une proposition qui relève quasiment du domaine des arts visuels. Je peux citer aussi Quantum Cowboy, une sorte de western décalé, philosophique et distancié, une proposition étonnante. Silver Bird and Rainbow Fish, qui était à Rotterdam, du Chinois Lei Lei, est une autre proposition très forte, éminemment singulière, une sorte de collage qui réorganise le récit familial du cinéaste. Il y a aussi un long métrage sur lequel j’attire votre intention qui est Aurora's Sunrise d'Inna Sahakyan. C’est un film pour cinéphiles. Cela peut sembler être une proposition plus sage, mais c’est une œuvre qui retravaille le matériau documentaire d’une manière assez unique en racontant l’histoire d’une femme qui passe du statut de survivante du génocide arménien à celui de star hollywoodienne, pour tomber totalement dans l’oubli par la suite. C’est vraiment un documentaire puisqu'il traite d’un fait réel. C’est absolument fascinant. Un grand film sur l’histoire. Pour moi, c’est la plus belle sélection Contrechamps depuis la création de cette section.
Sur la compétition court métrage vous dites avoir remarqué l’arrivée d’œuvres ayant des ambitions narratives plus importantes, parfois plus longues. C’est particulier à cette année ?
C’est une tendance qui se dessinait depuis quelque temps, mais elle atteint cette année des proportions qui nous obligent à nous questionner pour la suite. Si le nombre de courts métrages reçus demeure stable, la durée moyenne de chacun d’eux augmente considérablement d’une année à l’autre. Cela représente donc des dizaines d’heures de visionnage de plus pour les sélectionneurs. C’est un nouveau paramètre à prendre en compte. Cela débouche sur le fait que le nombre de courts métrages en sélection est plus bas que jamais. Ce qui nous amène à nous questionner. À partir du seuil de combien de courts métrages, notre sélection risque-t-elle de ne plus constituer un échantillonnage significatif de la réalité de la production ? Devrons-nous envisager d’ajouter une séance de courts métrages supplémentaire l’an prochain ? Je n’ai pas la réponse encore mais il est clair que nous devons y réfléchir. Historiquement à Annecy, une compétition de court métrage représentait une cinquantaine de titres. Cette année, nous en sommes à 30. Jusqu’où sommes-nous prêts à descendre, pour continuer à représenter la diversité des courants, des pays, conserver une parité, etc. Cela nous pose des défis pour le futur.
Jusqu’à présent ce n’était que les courts de fiction qui avaient tendance à être assez longs, notamment en France…
L’écart entre les deux diminue. Une des explications est liée aux ambitions des cinéastes qui peuvent désormais envisager devenir des réalisateurs de long métrage. On l’a vu avec Florence Miailhe, Sébastien Laudenbach et cette année avec José Miguel Ribeiro ou Koji Yamamura. Ce sont tous des cinéastes connus pour leurs courts métrages. Alberto Vazquez, réalisateur d’Unicorn Wars qui est son deuxième long, avait fait beaucoup de courts auparavant. Et à présent, ces cinéastes qui n’utilisent pas des techniques industrielles, dont les esthétiques sont parfaitement compatibles avec le format court, arrivent à passer au long métrage, sans perdre leur spécificité.
Comment a été décidé ce focus sur l’animation Suisse ?
L’animation suisse, qui célèbre son siècle d’existence, est un peu sous le radar. On a tendance à la sous-estimer. Mais en observant les statistiques, j’ai réalisé que la Suisse est le 8e pays ayant le plus de films sélectionnés en sélection officielle depuis dix ans. Il se situe dans le groupe du Canada, du Japon, de la Grande-Bretagne ou encore des États-Unis. Et cette année, il y a encore des films suisses pratiquement dans toutes les sections compétitives. L’an dernier, le Cristal du court métrage a été remis à Écorce de Samuel Patthey et Silvain Monney, Ma vie de Courgette de Claude Barras avait reçu celui du long métrage en 2016 et l’année suivante un Cristal d’honneur avait couronné le travail de Georges Schwizgebel, très grand nom du court métrage. Je peux citer aussi un film comme Chris the Swiss d’Anja Kofmel qui a fait beaucoup parler de lui en allant à Cannes avant de venir à Annecy. Il y a donc beaucoup de diversité, de grands auteurs et une belle régularité. Une école comme celle de Lucerne est l’une des sept ou huit écoles qui sont présentes chaque année en compétition à Annecy, aux côtés des Gobelins ou du Royal College of Arts. Par ailleurs, c’est un pays qui est aussi très actif par le biais de la coproduction. Il nous a donc paru intéressant de faire ce focus, d’autant que sur l’aspect patrimoine il y a par exemple tout le travail d’animation de sable initié par Gisèle et Ernest Ansorge.
Un souhait particulier de votre part pour cette édition ?
Le soleil est toujours une dimension importante, d’autant plus que, cette année, nous reprenons les projections en plein air sur le Pâquier avec une très belle programmation. Pour la première fois, nous aurons deux écrans, dont un plein jour pour des films destinés à un public plus jeune à partir de 20h, les autres projections démarrant comme d’habitude à 22h15. Nous voulons retrouver le caractère festif qui caractérise tant le festival avec des salles pleines. Le chiffre des accréditations approche celui de 2019. Nous semblons retrouver l’élan qui était le nôtre avant la pandémie.
La section Contrechamp propose toujours des œuvres plus exigeantes. Il semble que, cette année, on y trouve des recherches formelles particulièrement poussées. Quelques exemples ?
C’est en effet véritablement le cas. L’exemple peut-être le plus frappant c’est Pléthore de nords de Koji Yamamura qui est une coproduction entre la France et le Japon. Yamamura est un grand nom du court métrage, qui est plusieurs fois venu à Annecy, où il a été primé plusieurs fois. Et il nous arrive avec une œuvre graphique contemplative assez exigeante, qui a eu un effet assez hypnotique sur moi. On est dans une forme d’abandon, face à une proposition qui relève quasiment du domaine des arts visuels. Je peux citer aussi Quantum Cowboy, une sorte de western décalé, philosophique et distancié, une proposition étonnante. Silver Bird and Rainbow Fish, qui était à Rotterdam, du Chinois Lei Lei, est une autre proposition très forte, éminemment singulière, une sorte de collage qui réorganise le récit familial du cinéaste. Il y a aussi un long métrage sur lequel j’attire votre intention qui est Aurora's Sunrise d'Inna Sahakyan. C’est un film pour cinéphiles. Cela peut sembler être une proposition plus sage, mais c’est une œuvre qui retravaille le matériau documentaire d’une manière assez unique en racontant l’histoire d’une femme qui passe du statut de survivante du génocide arménien à celui de star hollywoodienne, pour tomber totalement dans l’oubli par la suite. C’est vraiment un documentaire puisqu'il traite d’un fait réel. C’est absolument fascinant. Un grand film sur l’histoire. Pour moi, c’est la plus belle sélection Contrechamps depuis la création de cette section.
Sur la compétition court métrage vous dites avoir remarqué l’arrivée d’œuvres ayant des ambitions narratives plus importantes, parfois plus longues. C’est particulier à cette année ?
C’est une tendance qui se dessinait depuis quelque temps, mais elle atteint cette année des proportions qui nous obligent à nous questionner pour la suite. Si le nombre de courts métrages reçus demeure stable, la durée moyenne de chacun d’eux augmente considérablement d’une année à l’autre. Cela représente donc des dizaines d’heures de visionnage de plus pour les sélectionneurs. C’est un nouveau paramètre à prendre en compte. Cela débouche sur le fait que le nombre de courts métrages en sélection est plus bas que jamais. Ce qui nous amène à nous questionner. À partir du seuil de combien de courts métrages, notre sélection risque-t-elle de ne plus constituer un échantillonnage significatif de la réalité de la production ? Devrons-nous envisager d’ajouter une séance de courts métrages supplémentaire l’an prochain ? Je n’ai pas la réponse encore mais il est clair que nous devons y réfléchir. Historiquement à Annecy, une compétition de court métrage représentait une cinquantaine de titres. Cette année, nous en sommes à 30. Jusqu’où sommes-nous prêts à descendre, pour continuer à représenter la diversité des courants, des pays, conserver une parité, etc. Cela nous pose des défis pour le futur.
Jusqu’à présent ce n’était que les courts de fiction qui avaient tendance à être assez longs, notamment en France…
L’écart entre les deux diminue. Une des explications est liée aux ambitions des cinéastes qui peuvent désormais envisager devenir des réalisateurs de long métrage. On l’a vu avec Florence Miailhe, Sébastien Laudenbach et cette année avec José Miguel Ribeiro ou Koji Yamamura. Ce sont tous des cinéastes connus pour leurs courts métrages. Alberto Vazquez, réalisateur d’Unicorn Wars qui est son deuxième long, avait fait beaucoup de courts auparavant. Et à présent, ces cinéastes qui n’utilisent pas des techniques industrielles, dont les esthétiques sont parfaitement compatibles avec le format court, arrivent à passer au long métrage, sans perdre leur spécificité.
Comment a été décidé ce focus sur l’animation Suisse ?
L’animation suisse, qui célèbre son siècle d’existence, est un peu sous le radar. On a tendance à la sous-estimer. Mais en observant les statistiques, j’ai réalisé que la Suisse est le 8e pays ayant le plus de films sélectionnés en sélection officielle depuis dix ans. Il se situe dans le groupe du Canada, du Japon, de la Grande-Bretagne ou encore des États-Unis. Et cette année, il y a encore des films suisses pratiquement dans toutes les sections compétitives. L’an dernier, le Cristal du court métrage a été remis à Écorce de Samuel Patthey et Silvain Monney, Ma vie de Courgette de Claude Barras avait reçu celui du long métrage en 2016 et l’année suivante un Cristal d’honneur avait couronné le travail de Georges Schwizgebel, très grand nom du court métrage. Je peux citer aussi un film comme Chris the Swiss d’Anja Kofmel qui a fait beaucoup parler de lui en allant à Cannes avant de venir à Annecy. Il y a donc beaucoup de diversité, de grands auteurs et une belle régularité. Une école comme celle de Lucerne est l’une des sept ou huit écoles qui sont présentes chaque année en compétition à Annecy, aux côtés des Gobelins ou du Royal College of Arts. Par ailleurs, c’est un pays qui est aussi très actif par le biais de la coproduction. Il nous a donc paru intéressant de faire ce focus, d’autant que sur l’aspect patrimoine il y a par exemple tout le travail d’animation de sable initié par Gisèle et Ernest Ansorge.
Un souhait particulier de votre part pour cette édition ?
Le soleil est toujours une dimension importante, d’autant plus que, cette année, nous reprenons les projections en plein air sur le Pâquier avec une très belle programmation. Pour la première fois, nous aurons deux écrans, dont un plein jour pour des films destinés à un public plus jeune à partir de 20h, les autres projections démarrant comme d’habitude à 22h15. Nous voulons retrouver le caractère festif qui caractérise tant le festival avec des salles pleines. Le chiffre des accréditations approche celui de 2019. Nous semblons retrouver l’élan qui était le nôtre avant la pandémie.
Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : Gilles Piel
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