Annecy 2022 - La Suisse à l’honneur

Ecorce court métrage de Samuel Patthey et Silvain Monney, couronné d’un Cristal l’an dernier, Ma vie de courgette de Claude Barras, primé en 2016, ou encore Georges Schwizgebel honoré d’un Cristal d’honneur en 2017. Autant de titres et de noms qui prouvent la grande vitalité de l’animation suisse, à laquelle Annecy a décidé de rendre hommage cette année. Il a débuté en amont, Citia choisissant de confier à deux cinéastes helvétiques, la réalisation de la bande annonce de cette édition 2022. Marjolaine Perreten de Nadasdy Film (Genève) s’est donc associée pour sa réalisation à Frédéric Siegel de Team Tumult (Zürich). Le projet rassemble ainsi deux des régions linguistiques suisses, francophone et germanophone, à travers un couple de réalisateurs qui s’était rencontré en 2016 au Festival d'Annecy, où leurs films de fin d'études avaient été sélectionnés en compétition.

En Suisse, tout a commencé en 1921 avec la la sortie du moyen métrage d’animation de 43’, Histoire de Monsieur Vieux-Bois, adaptation du récit en images du peintre et pédagogue genevois Rodolphe Töpffer. Les historiens le considèrent aujourd’hui comme le premier film d’animation produit dans le pays. Entièrement conservé, il a été restauré et numérisé récemment par la Cinémathèque Suisse.

D’une grande qualité, le nombre de projets de longs-métrages d’animation produits en Suisse reste très marginal en comparaison avec la fiction et le documentaire. En moyenne, depuis 2015 et la production de Ma Vie de Courgette, la Confédération produit trois longs métrages d’animation par an et une petite cinquantaine de courts métrages, 2021 ayant été une année record avec 64 films. Mais le pays est un partenaire de coproduction particulièrement important. Les principaux festivals de cinéma dédiés à l’animation sont Fantoche à Baden et Animatou à Genève. Par ailleurs les Journées de Soleure acceptent depuis toujours des films d’animation dans leur sélection et proposent un concours de films d’animation lors d’une séance dédiée.

Côté industrie, cinq principaux studios émergent, à commencer par Nadasdy Film fondé en 2001 par Zoltán Horváth, réalisateur-producteur de films d’animation, et Nicolas Burlet, producteur et administrateur. Basé à Zurich, Team Tumult est géré par un collectif de créateurs. Maison historique, le studio GDS est né de la passion commune de trois graphistes, Georges Schwizgebel, Daniel Suter et Claude Luyet. Stimulés par le visionnement de nombreux films d’animation découverts à Annecy, ils décident alors de se réunir pour faire leurs premiers pas dans ce domaine, en s’installant dans une arrière-cour à Carouge, près de Genève.

Originaires de Fribourg, les deux frères Samuel Guillaume et Frédéric Guillaume, se sont lancés dans lʼanimation en 1998 en réalisant leur premier film, Le petit manchot qui voulait une glace. Ils décident alors d’en faire leur métier en créant leur propre studio, Cine3D. Enfin le studio bernois YK Animation produit depuis 2013 des films courts, tout en explorant régulièrement les nombreux aspects de la création sous toutes ses formes.

Durant toute la semaine sont donc proposés 15 programmes dédiés à l’animation helvétique. L’Association des professionnels du cinéma d’animation, le Groupement Suisse du Film d’Animation (GSFA), a concocté quatre programmes de courts métrages offrant une plongée dans l’histoire du cinéma d’animation suisse depuis 1921. Une carte blanche composée de 10 courts métrages a été donnée à Claude Barras. Elle est accompagnée d’une exposition photographique de Charlotte Desigaud consacrée à Ma vie de Courgette (photo). Deux rétrospectives mettront en lumière Marcel Barelli, cinéaste passionné par les animaux et la nature, connu pour son regard moral humoristique sur l’écologie et Isabelle Favez, spécialiste de l'animation pour enfants.

Trois autres cartes blanches ont été confiées aux festivals Animatou et Fantoche, ainsi qu’à la plus importante école suisse d’animation, l’HSLU de Lucerne. Les festivaliers peuvent aussi redécouvrir la technique d’animation du sable de quartz mise au point par Gisèle et Nag Ansorge, dont les films ont été restaurés par la Cinémathèque suisse. Et deux longs métrages sont projetés à l’occasion de cette mise en avant : Sur le pont de Samuel et Frédéric Guillaume, ainsi que Red jungle de Zoltan Horvath et Juan-José Lozano. Enfin un ciné-concert au piano de Georges Schwizgebel, accompagné de son fils Louis Schwizgebel-Wang, aura lieu au château d’Annecy le vendredi 17 juin.