Cinéma

Annecy 2022 - L'animation française sur le front

Date de publication : 14/06/2022 - 18:20

Alors que la production audiovisuelle poursuit sa croissance effrénée, les longs métrages animés ont eu un rôle important lors de la réouverture des salles en France, comme le confirme l'étude dévoilée par le CNC, mardi en fin de journée au Mifa.

Faisant partie des rendez-vous traditionnels du Mifa, cette présentation, qui n’avait pas eu lieu à Annecy depuis 2019, a été effectuée par Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la prospective du CNC.
 
En observant les chiffres globaux de l'étude annuelle du CNC, l'animation française semble avoir traversé la crise sanitaire sans encombre. En témoigne l'attractivité de la production audiovisuelle à l'international, toujours au beau fixe. Selon les chiffres d'Ampere Analysis, la France est le 3e pays au monde en termes de séries d'animation en cours de commande avec 65 programmes derrière les intouchables États-Unis (313 programmes) et Japon (214 programmes). Côté diffuseurs, si Warner Bros. Discovery et Netflix demeurent les acteurs les plus actifs (105 et 95 programmes respectivement), France Télévisions s'illustre également avec 40 programmes commandés, faisant du service public le premier groupe européen et le 6e mondial.
 
Les données du CNC corroborent cette dynamique. 2021 aura été une très bonne année pour l'audiovisuel animé français. Le volume de production de contenus audiovisuels animés atteint le niveau le plus élevé depuis 2016 avec 357 heures relevées soit une hausse de 21% par rapport à 2020. Mieux, l'ensemble des devis s'établit à 314,5 M€, le plus haut niveau enregistré par le Centre. Rappelons toutefois que ces données sont assez fluctuantes au regard des cycles de productions.
 
Un élément est certain : l'attrait des partenaires étrangers est de plus en plus fort. Leur investissement au sein de la production audiovisuelle française atteint 95,4 M€ en 2021, soit le montant le plus important depuis 2001. Si les préventes à l'étranger ont diminué en 2021 (47 M€, - 7,2%), les apports en coproduction ont, eux, plus que doublé (44,1 M€). Les autres financeurs contribuent aussi à cette dynamique avec les apports des producteurs français (67,4 M€, +16%), des diffuseurs (67,6 M€, +30,6%) et du CNC (58 M€, + 41,8%).
 
Cet élan se retrouve également à travers un nombre record de producteurs actifs en 2021 (66). L'étude du CNC met toutefois en évidence une importante concentration ; huit entreprises produisant 50% du volume horaire total en 2021. Entre 2017 et 2021, Method Animation (Mediawan), Xilam Animation et Cyber Group Studios sont les premiers producteurs avec respectivement 180, 101 et 76 heures d'œuvres animées à leur actif.
 
Une exploitation importante après la réouverture dans les salles

La réouverture des salles de cinéma en 2021 a coïncidé avec une sortie massive des films d'animation. Le CNC relève 38 films inédits en 2021, soit le deuxième plus haut niveau enregistré depuis 1996 derrière 2019 (52 œuvres). Ces longs métrages ont bénéficié d'une combinaison de sortie conséquente avec en moyenne 361 établissements pour les films d'animation en première semaine, contre 178 pour l'ensemble des films sortis durant l'exercice. Eurozoom et Universal Pictures international ont été les distributeurs les plus actifs (5 films d'animation chacun).

Impactés par une activité tronquée en 2021, les longs métrages d'animation inédits ont généré 14,6 millions d'entrées (-55,6% par rapport à 2019) et 94,2 M€ de recettes. Ils représentent 16,7% de la fréquentation sur l'année, soit la troisième part la plus importante relevée depuis 1996. A noter que 18 des 38 films d'animation exploités dans les salles ont généré moins de 100 000 entrées en 2021, une part nettement plus conséquente en 2021 (47,4%) que sur la période 2002-2021 (38,3%), note le CNC. Les films américains demeurent la principale locomotive en obtenant ¾ des entrées des longs métrages d'animation en 2021. Encanto, la fantastique famille Madrigal, sorti par Disney le 24 novembre 2021, est le seul titre qui a généré plus de deux millions d'entrées (2,21 millions de billets vendus au 28 décembre 2021).

Pour le CNC, l'animation apparait comme un levier "stratégique" pour relancer la fréquentation en salles. Salon les données recueillies, les films d'animation ont capté en 2021 un public jeune (44,5% de 3-14 ans) et plus occasionnel (42,2% des entrées contre 33,4% pour les films tous genres confondus).

Concernant la production cinématographique, 10 films d'animation ont été agréées en 2021, contre 12 en 2020. Ce nombre est supérieur à la moyenne enregistrée sur la décennie (8,4). À noter que six des dix films recensés sont des premiers longs métrages. Une œuvre a un budget supérieur à 10 M€ : Lendarys, de Jean-Baptise Cuvelier et Philippe Duchene (10,75 M€).

Un export toujours important

Côté export, les ventes des œuvres françaises demeurent à un bon niveau. Malgré une légère contraction par rapport au niveau historique de 2019 (-3,5%), l'animation demeure avec 74,7 M€ le premier genre à l'export pour l'audiovisuel français (part de 37,9%).
 
Pénalisés par la crise sanitaire, les 37 longs métrages d'animation français exportés ont seulement généré 1,9 million de billets vendus dans le monde en 2021, le plus bas niveau de la décennie. Les films ont toutefois pu bénéficier d'une belle exposition sur les chaînes TV linéaires et les services de VàDA; 124 films d’animation français sont ainsi disponibles sur au moins une plateforme de VàDA à l’international.
 
L'offre animée plus forte que jamais en VàDA
 
Considéré comme "produit d’appel pour certaines plateformes de VàDA", l'animation est plus présente que jamais au sein de ces offres. En avril 2022, plus de 89 000 épisodes de programmes jeunesse sont accessibles via les streamers en France, soit 45,1 % de l’offre globale de programmes. En cinq ans, l’offre d'épisodes a été multipliée par 3,3.
 
Après avoir connu un niveau record en 2020, la diffusion linéaire se rétracte légèrement. En 2021, les chaînes nationales ont diffusé 15 274 heures d'animation, en recul annuel de 9,2%. Gulli demeure le premier diffuseur de programmes d’animation (6 585 heures), devant France 4 (4 048 heures) et France 5 (1 396 heures). L'offre d'animation sur France 4 a diminué de 616 heures par rapport à 2020, en raison notamment du lancement de Culturebox qui occupe le canal de la chaîne entre 20h et 5h depuis le 3 mai 2021.
 
Un niveau record pour l'emploi en novembre 2021

La crise sanitaire a eu un impact sur l'emploi dans l'animation française notamment au niveau de la population intermittente (-13,4% de salariés intermittents en avril 2020 par rapport à mars 2020). Cette diminution reste toutefois très modeste vis-à-vis de l'impact généré par la pandémie sur la population intermittente dans la production cinématographique (-72% entre mars et avril 2020) et la production audiovisuelle (-59,1%).

L'activité est d'ailleurs très vite repartie dans l'animation française pour atteindre un nombre record de 7 954 salariés en novembre 2021, relèvent le CNC et Audiens. La population intermittente a largement contribué à cette relance avec 5 689 salariés, soit une hausse de 19,7% par rapport au niveau d'avant crise (novembre 2019).

Florian Krieg
© crédit photo : Patrice Carré

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