Annecy 2022 - Jennifer Lee : "Avec ce prix, je réalise enfin que j’ai ma place"
Date de publication : 18/06/2022 - 08:07
La réalisatrice de La Reine des neiges et directrice de la création chez Walt Disney Animation Studios a reçu à Annecy le Cristal d’honneur pour sa contribution au monde de l’animation.
Vous avez notamment un Oscar, un Bafta et un Annie Award. Comment vous sentez vous d’ajouter à votre prestigieuse collection, un Cristal d’Honneur du Festival d’Annecy?
C’est très important pour moi car ce prix m’est donné par la communauté de l’animation. Cette même communauté, internationale, réunit ici, enfin après deux ans à distance, et Dieu sait qu’on a pu prouver qu’on pouvait tenir la distance. Mais de se retrouver ensemble ici, c’est essentiel. L’animation était mon rêve depuis que j’étais toute petite, et je n’aurais jamais imaginé que cela aller se réaliser. Alors faire partie de cette communauté et recevoir ce prix, c’est une manière pour moi de réaliser enfin que j’ai ma place. Je peux officiellement dire que je fais partie de cette communauté et non plus me dire "Est-ce que je me suis faufilée par la porte de derrière?". Je me sens accueillie.
On aurait presque l’impression que vous souffrez du syndrome de l’imposteur? C'est étonnant venant de quelqu'un comme vous.
Mais nous en souffrons tous! Pendant mon Q&A d’hier, une jeune femme hier dans la salle a abordé ce sujet. Elle parlait de cette sensation qu’elle avait et me demandait comment on parvenait à la dépasser. Et je lui ai dit que c’était pareil pour moi et d’une certaine manière je pense que c’est bien d’avoir cette sensation de temps à autre. Parfois, cela peut être très utile car ça nous permet de rester concentrer sur notre travail, mais parfois, c’est très handicapant car ça nous empêche d’agir. Comme je vous le disais, j’ai toujours rêver de travailler dans l’animation, et encore maintenant quand je vois le logo "Walt Disney" apparaitre à l’écran, je me pince toujours en me disant "Wow, j’y suis". Et j’espère que cette sensation ne partira jamais. On a besoin d’émerveillement pour créer, même si la contrepartie c’est beaucoup d’angoisse et d’anxiété.
Que symbolise le Festival d’Annecy à vos yeux?
J’ai toujours voulu venir et c’est la première fois cette année. Cela devait se faire il y a deux ans mais la pandémie est arrivée. Je trouve ce festival important car il met au centre cette communauté de l’animation, il lui donne une place et un rayonnement. C’est très important et peut-être encore un peu plus cette année après deux ans à distance. J’ai eu l’occasion de rencontrer tellement d’artistes incroyables venus du monde entier ainsi que de jeunes talents motivés et enthousiastes. A la fin de notre présentation d’aujourd’hui, je me suis aperçue que j’étais entourée d’une douzaine de jeunes femmes qui étaient enfant quand La reine des neiges est sorti. Elles sont désormais étudiantes en animation et me racontaient à quel point le film les avait marqué et avait influencé leur parcours. En deux jours, j’en ai croisé certaines plusieurs fois et je me disais "Un jour on travaillera ensemble". Et ça, c’était vraiment magique. Il n’y a qu’à Annecy que c’est possible.
Vous partagez le Cristal d’honneur avec le réalisateur Michel Ocelot. Vous connaissez bien son travail?
Son travail est tout simplement impressionnant. Autant que lui d’ailleurs. J’ai eu la chance de passer un peu de temps avec lui. Et je peux l’affirmer : c’est l’homme le plus chaleureux, le plus drôle et le plus doux que j’ai eu la chance de rencontrer. C’est un véritable honneur de recevoir ce prix en même temps que lui.
Que représente l’animation française pour vous?
Je pense que ce qui caractérise l’animation française, c’est sa manière de célébrer cette forme d’art. Et de la considérer l’animation comme tel, un art. Je pense que l’animation est la façon la plus pure de célébrer l’imaginaire. En France, vous saisissez parfaitement ce concept, à tous les points de vue avec des talents neufs, des regards neufs et un goût pour la technologie aussi. La France donne le pouls de l’animation. Alors être ici, c’est un honneur.
Depuis 2018, vous êtes la directrice de la création de Walt Disney Animation Studios. Quels sont vos objectifs à ce poste? Quelle impulsion souhaitait vous donner?
Quand j’ai pris ce poste en 2018, le mot "Disney+" n’existait même pas, donc beaucoup de choses se sont passées. Ce qui a été important pour moi, et ce que j’ai voulu comme direction pour l’avenir du studio, c’était de raconter des histoires venues du monde entier par des personnes venues du monde entier. Je voulais qu’on s’ouvre, que Disney collabore avec des profils plus diversifiés pour qui l’accès est souvent plus difficile et donc leur donner des opportunités. Et je pense qu’entre les films que nous avons fait et les contenus sur Disney+, ce désir que j’avais s’est concrétisé. Ma façon de diriger, c’est de soutenir. Alors je soutiens les auteurs dans leur vision, je leur donne les outils pour qu’ils parviennent à leur donner vie. Je peux être dure parfois dans mes retours car je veux qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, qu’ils n’aient pas peur de pousser toujours plus loin leurs idées. Les studios sont désormais remplis de personnes venus de partout dans le monde, issus de cultures et de communautés différentes. Tous travaillent ensemble, se parlent, échangent, proposent. C’est extrêmement galvanisant, je n’avais jamais rien connu de tel.
De votre côté, est-ce que vous travaillez sur un nouveau film?
Depuis 2018, j’ai eu l’impression de travailler sur énormément de projets donc je me sens toujours dans l’action mais non, avec ce poste de direction de la création, je n’ai pas vraiment le temps ni l’occasion de me lancer sur un nouveau projet. Mais je peux vous dire qu’on prépare un film spécial pour les 100 ans de Disney l’année prochaine. Je ne peux pas vous en dire plus, c’est un très gros projet mais la surprise sera au rendez-vous. Nous donnerons quelques détails sur notre manière de souffler nos 100 bougies dans les prochaines semaines.
C’est très important pour moi car ce prix m’est donné par la communauté de l’animation. Cette même communauté, internationale, réunit ici, enfin après deux ans à distance, et Dieu sait qu’on a pu prouver qu’on pouvait tenir la distance. Mais de se retrouver ensemble ici, c’est essentiel. L’animation était mon rêve depuis que j’étais toute petite, et je n’aurais jamais imaginé que cela aller se réaliser. Alors faire partie de cette communauté et recevoir ce prix, c’est une manière pour moi de réaliser enfin que j’ai ma place. Je peux officiellement dire que je fais partie de cette communauté et non plus me dire "Est-ce que je me suis faufilée par la porte de derrière?". Je me sens accueillie.
On aurait presque l’impression que vous souffrez du syndrome de l’imposteur? C'est étonnant venant de quelqu'un comme vous.
Mais nous en souffrons tous! Pendant mon Q&A d’hier, une jeune femme hier dans la salle a abordé ce sujet. Elle parlait de cette sensation qu’elle avait et me demandait comment on parvenait à la dépasser. Et je lui ai dit que c’était pareil pour moi et d’une certaine manière je pense que c’est bien d’avoir cette sensation de temps à autre. Parfois, cela peut être très utile car ça nous permet de rester concentrer sur notre travail, mais parfois, c’est très handicapant car ça nous empêche d’agir. Comme je vous le disais, j’ai toujours rêver de travailler dans l’animation, et encore maintenant quand je vois le logo "Walt Disney" apparaitre à l’écran, je me pince toujours en me disant "Wow, j’y suis". Et j’espère que cette sensation ne partira jamais. On a besoin d’émerveillement pour créer, même si la contrepartie c’est beaucoup d’angoisse et d’anxiété.
Que symbolise le Festival d’Annecy à vos yeux?
J’ai toujours voulu venir et c’est la première fois cette année. Cela devait se faire il y a deux ans mais la pandémie est arrivée. Je trouve ce festival important car il met au centre cette communauté de l’animation, il lui donne une place et un rayonnement. C’est très important et peut-être encore un peu plus cette année après deux ans à distance. J’ai eu l’occasion de rencontrer tellement d’artistes incroyables venus du monde entier ainsi que de jeunes talents motivés et enthousiastes. A la fin de notre présentation d’aujourd’hui, je me suis aperçue que j’étais entourée d’une douzaine de jeunes femmes qui étaient enfant quand La reine des neiges est sorti. Elles sont désormais étudiantes en animation et me racontaient à quel point le film les avait marqué et avait influencé leur parcours. En deux jours, j’en ai croisé certaines plusieurs fois et je me disais "Un jour on travaillera ensemble". Et ça, c’était vraiment magique. Il n’y a qu’à Annecy que c’est possible.
Vous partagez le Cristal d’honneur avec le réalisateur Michel Ocelot. Vous connaissez bien son travail?
Son travail est tout simplement impressionnant. Autant que lui d’ailleurs. J’ai eu la chance de passer un peu de temps avec lui. Et je peux l’affirmer : c’est l’homme le plus chaleureux, le plus drôle et le plus doux que j’ai eu la chance de rencontrer. C’est un véritable honneur de recevoir ce prix en même temps que lui.
Que représente l’animation française pour vous?
Je pense que ce qui caractérise l’animation française, c’est sa manière de célébrer cette forme d’art. Et de la considérer l’animation comme tel, un art. Je pense que l’animation est la façon la plus pure de célébrer l’imaginaire. En France, vous saisissez parfaitement ce concept, à tous les points de vue avec des talents neufs, des regards neufs et un goût pour la technologie aussi. La France donne le pouls de l’animation. Alors être ici, c’est un honneur.
Depuis 2018, vous êtes la directrice de la création de Walt Disney Animation Studios. Quels sont vos objectifs à ce poste? Quelle impulsion souhaitait vous donner?
Quand j’ai pris ce poste en 2018, le mot "Disney+" n’existait même pas, donc beaucoup de choses se sont passées. Ce qui a été important pour moi, et ce que j’ai voulu comme direction pour l’avenir du studio, c’était de raconter des histoires venues du monde entier par des personnes venues du monde entier. Je voulais qu’on s’ouvre, que Disney collabore avec des profils plus diversifiés pour qui l’accès est souvent plus difficile et donc leur donner des opportunités. Et je pense qu’entre les films que nous avons fait et les contenus sur Disney+, ce désir que j’avais s’est concrétisé. Ma façon de diriger, c’est de soutenir. Alors je soutiens les auteurs dans leur vision, je leur donne les outils pour qu’ils parviennent à leur donner vie. Je peux être dure parfois dans mes retours car je veux qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, qu’ils n’aient pas peur de pousser toujours plus loin leurs idées. Les studios sont désormais remplis de personnes venus de partout dans le monde, issus de cultures et de communautés différentes. Tous travaillent ensemble, se parlent, échangent, proposent. C’est extrêmement galvanisant, je n’avais jamais rien connu de tel.
De votre côté, est-ce que vous travaillez sur un nouveau film?
Depuis 2018, j’ai eu l’impression de travailler sur énormément de projets donc je me sens toujours dans l’action mais non, avec ce poste de direction de la création, je n’ai pas vraiment le temps ni l’occasion de me lancer sur un nouveau projet. Mais je peux vous dire qu’on prépare un film spécial pour les 100 ans de Disney l’année prochaine. Je ne peux pas vous en dire plus, c’est un très gros projet mais la surprise sera au rendez-vous. Nous donnerons quelques détails sur notre manière de souffler nos 100 bougies dans les prochaines semaines.
Perrine Quennesson
© crédit photo : DR
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