Congrès FNCF 2022 - L'urgence énergétique en priorité absolue
Date de publication : 22/09/2022 - 08:12
Le débat avec les pouvoirs publics a permis aux exploitants d'exprimer leurs inquiétudes et leurs attentes vis-à-vis de ce sujet déterminant. D'autres sujets (bordereau à la journée, fonds jeunes cinéphiles, chronologie des médias) ont également été abordés.
Un cri d'alarme. Thierry Tabaraud, exploitant dans l'Est, a interpellé le CNC sur l'urgence énergétique à laquelle doivent faire face certaines salles de cinéma. "Au 1er novembre, je ne pourrai pas financer l'énergie générée par les salles en pleine heure d'hiver. Cet hiver va être la période la plus difficile sur le plan économique."
En réponse, Dominique Boutonnat, président du CNC, a souligné les aides transversales annoncées par l'Etat. Son homologue de la FNCF Richard Patry appelle à la vigilance sur ce sujet. "Il faut veiller à ce que ces aides soient adaptées à notre secteur. Au regard de leur consommation d'énergie, les PME du cinéma ne rentrent pas dans le dispositif du bouclier tarifaire. Nous aurons besoin du soutien du CNC auprès de Bercy pour ne pas exclure ces salles."
Par ailleurs, le CNC va donner la capacité aux salles de mobiliser leur compte de soutien disponible pour la hausse des factures énergétiques. Cet élément ne rentrait pas auparavant dans les clauses susceptibles de mobiliser ce soutien. Le CNC va également permettre aux salles d'utiliser le dispositif des avances, "qui a un vrai coût budgétaire pour le Centre", rappelle Dominique Boutonnat.
Le président du CNC s'engage aussi à traiter au cas par cas les situations alarmantes, dont les aides restent insuffisantes.
Parmi les autres pistes évoquées : l'intégration de la transition énergétique au sein des conventions avec les régions.
Sophie Dulac : "Il n'y a pas d'autre problème que celui de l'énergie"
Autre prise de parole marquante, celle de l'exploitante et distributrice Sophie Dulac. Pour elle, l'énergie doit être érigée en priorité absolue. "Tout ce que nous entreprenons pour reconquérir le public n'a aucun intérêt si nous payons des factures monumentales." Selon Sophie Dulac, il est nécessaire de repenser "fondamentalement" le fonctionnement de l'exploitation en France. "Aujourd'hui, une séance de cinéma pour deux ou trois personnes est une catastrophe sur le plan énergétique."
L'évolution de la régulation sur le taux d'occupation est envisagée par le CNC. Rappelons que ce taux s'élève à 10,8% en 2021. François Aymé, président de l'Afcae, fait également remarquer que le nombre de séances est passé de 6 à 8,6 millions entre 2010 et 2019, soit une hausse de 40% en dix ans. "Nous nous sommes emballés sur l'offre quantitative au cours des dernières années. Dans le cadre d'une crise énergétique, ce rythme ne semble pas tenable."
"Ce sujet passe par une concertation avec l'exploitation et la distribution", indique Dominique Boutonnat. Richard Patry a lui rappelé qu'une baisse des séances impliquerait un choix moins important pour les distributeurs et que les engagements de programmation étaient basés sur un plan de séances. "Cela deviendrait plus compliqué pour nos salles de tenir nos engagements." Il appelle également à une concertation.
Outre le "colmatage" des failles pour faire face à cette crise énergétique, Marie-Christine Désandré explique qu'un meilleur équipement deviendra vite nécessaire. "Cela passe par de nouveaux aménagements, de l'isolation à la projection laser. Nous pouvons le faire mais nous ne sommes pas en capacité de les financer." Elle souhaite collaborer avec le CNC pour identifier l'ensemble des aides régionales, nationales et européennes pour mener à bien ces projets.
Le bordereau à la séance, outil nécessaire pour examiner l'occupation des salles
Magali Valente, directrice du cinéma du CNC, a évoqué la mise en œuvre du bordereau à la séance comme un outil utile pour disposer d'une finesse d'analyse pour les séances. "La transparence et le partage de la donnée autour de la salle seront des atouts importants pour l'exploitation et la distribution
En réponse, Dominique Boutonnat, président du CNC, a souligné les aides transversales annoncées par l'Etat. Son homologue de la FNCF Richard Patry appelle à la vigilance sur ce sujet. "Il faut veiller à ce que ces aides soient adaptées à notre secteur. Au regard de leur consommation d'énergie, les PME du cinéma ne rentrent pas dans le dispositif du bouclier tarifaire. Nous aurons besoin du soutien du CNC auprès de Bercy pour ne pas exclure ces salles."
Par ailleurs, le CNC va donner la capacité aux salles de mobiliser leur compte de soutien disponible pour la hausse des factures énergétiques. Cet élément ne rentrait pas auparavant dans les clauses susceptibles de mobiliser ce soutien. Le CNC va également permettre aux salles d'utiliser le dispositif des avances, "qui a un vrai coût budgétaire pour le Centre", rappelle Dominique Boutonnat.
Le président du CNC s'engage aussi à traiter au cas par cas les situations alarmantes, dont les aides restent insuffisantes.
Parmi les autres pistes évoquées : l'intégration de la transition énergétique au sein des conventions avec les régions.
Sophie Dulac : "Il n'y a pas d'autre problème que celui de l'énergie"
Autre prise de parole marquante, celle de l'exploitante et distributrice Sophie Dulac. Pour elle, l'énergie doit être érigée en priorité absolue. "Tout ce que nous entreprenons pour reconquérir le public n'a aucun intérêt si nous payons des factures monumentales." Selon Sophie Dulac, il est nécessaire de repenser "fondamentalement" le fonctionnement de l'exploitation en France. "Aujourd'hui, une séance de cinéma pour deux ou trois personnes est une catastrophe sur le plan énergétique."
L'évolution de la régulation sur le taux d'occupation est envisagée par le CNC. Rappelons que ce taux s'élève à 10,8% en 2021. François Aymé, président de l'Afcae, fait également remarquer que le nombre de séances est passé de 6 à 8,6 millions entre 2010 et 2019, soit une hausse de 40% en dix ans. "Nous nous sommes emballés sur l'offre quantitative au cours des dernières années. Dans le cadre d'une crise énergétique, ce rythme ne semble pas tenable."
"Ce sujet passe par une concertation avec l'exploitation et la distribution", indique Dominique Boutonnat. Richard Patry a lui rappelé qu'une baisse des séances impliquerait un choix moins important pour les distributeurs et que les engagements de programmation étaient basés sur un plan de séances. "Cela deviendrait plus compliqué pour nos salles de tenir nos engagements." Il appelle également à une concertation.
Outre le "colmatage" des failles pour faire face à cette crise énergétique, Marie-Christine Désandré explique qu'un meilleur équipement deviendra vite nécessaire. "Cela passe par de nouveaux aménagements, de l'isolation à la projection laser. Nous pouvons le faire mais nous ne sommes pas en capacité de les financer." Elle souhaite collaborer avec le CNC pour identifier l'ensemble des aides régionales, nationales et européennes pour mener à bien ces projets.
Le bordereau à la séance, outil nécessaire pour examiner l'occupation des salles
Magali Valente, directrice du cinéma du CNC, a évoqué la mise en œuvre du bordereau à la séance comme un outil utile pour disposer d'une finesse d'analyse pour les séances. "La transparence et le partage de la donnée autour de la salle seront des atouts importants pour l'exploitation et la distribution
Victor Hadida, président de la FNEF, abonde en ce sens. "Nous avons ce besoin de transparence et d'immédiateté de l'information. Dans ce moment de relance, nous aimerions que ces données soient disponibles pour avoir la capacité de réaction. Il y a un besoin de compréhension mutuelle." Le CNC met en œuvre également des outils d'analyse en open source, proposés par des entreprises tiers. En parallèle, la digitalisation et l'instantanéité des remontées de recettes, priorités du Centre, devraient être effectives dès 2023.
Frédéric Monnereau : "Nous appelons à une discussion sereine et complète sur l'ensemble de la chronologie des médias"
Frédéric Monnereau : "Nous appelons à une discussion sereine et complète sur l'ensemble de la chronologie des médias"
Interpellé par plusieurs exploitants sur la possible déprogrammation de Black Panther: Wakanda Forever, Frédéric Monnereau, General Manager Motion Pictures France de The Walt Disney Company, a réagi. Le studio espérait une première réunion dans le cadre de la clause de revoyure pour début septembre. Elle aura finalement lieu le 4 octobre.
"Avec cet élément de réponse, nous allons rapidement prendre une décision sur cette sortie en salles. Nous appelons à une discussion sereine et complète sur l'ensemble de la chronologie des médias. Nous espérons que cette réunion sera plus que constructive et offrira un cadre sur les discussions à venir et les différentes fenêtres."
"Tout accord peut générer des difficultés d'application. Il faut que les solutions soient recherchées. Nous participerons à cette recherche de consensus", déclare Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la FNCF.
"La goutte d'eau pour nos liquidités de trésorerie peut venir de l'absence de films porteurs proposés par un acteur aussi important que Disney. Nous avons besoin d'un engagement immédiat", prévient l'exploitant Cédric Aubry qui aurait souhaité une prise de décision sur ce film en amont des négociations.
Pour la députée Aurore Bergé, "les salles de cinéma ne peuvent pas être l'otage d'une négociation à venir sur la chronologie des médias. Elles ne doivent pas être la variable d'ajustement. Ces négociations doivent nous interroger sur l'objectif même de la chronologie. Nous devons préserver cet équilibre entre la salle, les capacités de financement et la création. Sans offre, la salle se dépeuple. Sans salle, le film a beaucoup moins de sens."
Quid du fonds jeunes cinéphiles ?
Annoncé en juillet 2021, en complément du Pass Culture, cette initiative a été très appréciée par les salles, notamment Art et essai, qui aimeraient que le CNC pérennise ce dispositif. 400 cinémas ont pris part à ce fonds.
Dominique Boutonnat estime que le dispositif entre parfaitement dans la stratégie de reconquête des jeunes, priorité du Centre. Toutefois, les contours du futur dispositif doivent être peaufinés en novembre. Ce fonds était, en effet, financé via des crédits relance dont le CNC ne bénéficie plus. Il pourrait être intégré dans un dispositif plus général et structurel, celui du classement Art et essai.
Dominique Boutonnat a également réitéré sa priorisation au recrutement de médiateurs culturels. Il sera au cœur des nouvelles conventions Etat-Régions-CNC. Julien Neutres avait évoqué un passage de 80 à 200 médiateurs dans les régions dans une interview au Film français.
"Tout accord peut générer des difficultés d'application. Il faut que les solutions soient recherchées. Nous participerons à cette recherche de consensus", déclare Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la FNCF.
"La goutte d'eau pour nos liquidités de trésorerie peut venir de l'absence de films porteurs proposés par un acteur aussi important que Disney. Nous avons besoin d'un engagement immédiat", prévient l'exploitant Cédric Aubry qui aurait souhaité une prise de décision sur ce film en amont des négociations.
Pour la députée Aurore Bergé, "les salles de cinéma ne peuvent pas être l'otage d'une négociation à venir sur la chronologie des médias. Elles ne doivent pas être la variable d'ajustement. Ces négociations doivent nous interroger sur l'objectif même de la chronologie. Nous devons préserver cet équilibre entre la salle, les capacités de financement et la création. Sans offre, la salle se dépeuple. Sans salle, le film a beaucoup moins de sens."
Quid du fonds jeunes cinéphiles ?
Annoncé en juillet 2021, en complément du Pass Culture, cette initiative a été très appréciée par les salles, notamment Art et essai, qui aimeraient que le CNC pérennise ce dispositif. 400 cinémas ont pris part à ce fonds.
Dominique Boutonnat estime que le dispositif entre parfaitement dans la stratégie de reconquête des jeunes, priorité du Centre. Toutefois, les contours du futur dispositif doivent être peaufinés en novembre. Ce fonds était, en effet, financé via des crédits relance dont le CNC ne bénéficie plus. Il pourrait être intégré dans un dispositif plus général et structurel, celui du classement Art et essai.
Dominique Boutonnat a également réitéré sa priorisation au recrutement de médiateurs culturels. Il sera au cœur des nouvelles conventions Etat-Régions-CNC. Julien Neutres avait évoqué un passage de 80 à 200 médiateurs dans les régions dans une interview au Film français.
Florian Krieg
© crédit photo : FNCF
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