Lumière MIFC 2022 - Rodolphe Lerambert (ADRC) : "Malgré un contexte difficile, il y a une grande appétence des salles pour le patrimoine"
Date de publication : 19/10/2022 - 08:20
À l’occasion des rencontres professionnelles coorganisées par l’ADRC et l’Afcae dans le cadre du MIFC, le responsable du département patrimoine de l’Agence nationale pour le développement du cinéma en régions fait le point sur les actions de celle-ci à destination du cinéma classique.
Vous proposez de nouveau, avec l’Afcae, deux journées professionnelles à l’occasion du Marché international du film classique (MIFC), les jeudi 20 et vendredi 21 octobre. Quels en sont les grands axes ?
Comme chaque année, nous organisons un parcours dédié aux exploitants adhérents, au sein duquel nous proposons temps d’échanges et projections à l’intérieur du Village MIFC. C’est devenu un rendez-vous important, qui permet aux exploitants et programmateurs de préparer la saison à venir en assistant à une présentation de line-ups et à des projections spécifiques. Nous en aurons quatre le jeudi, avec des films qui vont surement créer l’événement : Mes petites amoureuses de Jean Eustache (distribué par Les Films du Losange), Autour de minuit de Bertrand Tavernier (restauré par Warner Bros. en 4K), Lumière de Jeanne Moreau (dans le cadre d’un événement autour des films de Jeanne Moreau proposé par Carlotta Films), et, en séance publique le soir, Outsiders: The Complete Novel de Francis Ford Coppola (distribué par Pathé). Ces journées permettent également aux exploitants d’échanger sur leurs pratiques, notamment autour de la question de la médiation. À ce titre, nous proposons cette année une table ronde intitulée "Comment l’esprit ciné-club permet de mener des actions de médiation autour du cinéma classique ?".
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Parce qu’il fait écho aux problématiques actuelles. En raison de la crise de la fréquentation que nous traversons, on s’aperçoit que de nombreux exploitants adhérents ont repensé leur façon d’accompagner les films et leur médiation culturelle. Il s’agit donc, à travers cette table ronde, de montrer plusieurs initiatives réussies autour du patrimoine qui font vivre l’expérience collective du 7e art en cette période compliquée. On le sait, le cinéma de patrimoine permet de nombreuses animations en salles, conviviales et ludiques. Au sein de l’ADRC, nous en accompagnons justement beaucoup : rencontres, ciné-conférences, ateliers à destination du jeune public, ciné quizz, ciné-concerts… On voit bien d’ailleurs aujourd’hui que, souvent, le succès du cinéma de patrimoine passe par l’événementialisation, les séances accompagnées.
Le travail autour du patrimoine constitue l’un des trois piliers de l’ADRC. De quelle manière vos actions d’accompagnement en la matière ont-elles évolué depuis la réouverture des salles ?
Pour accompagner au mieux les salles à l’occasion de cette seconde réouverture, l’ADRC a de nouveau été très volontaire aux côtés de ses partenaires. Entre le 5 janvier et le 30 août 2022, nous avons ainsi travaillé avec 521 cinémas sur 624 films et 258 animations accompagnées financièrement, soit des chiffres quasi comparables à l’avant-crise. On s’aperçoit donc que malgré un contexte difficile, il y a une grande appétence des salles pour le patrimoine. Avec notamment une forte demande sur les animations, en particulier nouvelles et innovantes. D’où l’importance de la table ronde que nous organisons avec l’Afcae au MIFC, qui nous permet de prendre le pouls, d’écouter les attentes des salles en la matière.
La 8e édition du Festival Play it Again! s’est tenue du 14 au 27 septembre. Quel bilan en tirez-vous ?
En dépit, là encore, d’un contexte difficile, le bilan est encourageant. D’une part, 334 cinémas ont répondu présents, ce qui n’est pas rien. Ensuite, plus de 21 000 entrées ont été réalisées sur l’ensemble du festival, soit une hausse de 23% par rapport à l’édition précédente. Nous avons toujours deux sections, une reprise des plus beaux classiques de l’année et une rétrospective conçue en partenariat avec le Syndicat des catalogues de films de patrimoine (SCFP) et le critique N. T. Binh (Positif), qui ont très bien fonctionné, et de manière très complémentaire. Avec, toujours, une attention particulière portée aux films destinés au jeune public.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la manifestation depuis que l’ADRC en a repris l’organisation en 2019 ?
C’est difficile à dire, puisque nous avons vécu deux années singulières. Mais dans la continuité du travail de l’Association des distributeurs de films de patrimoine (ADFP), l’ADRC a permis, avec le soutien du CNC, de développer son implantation territoriale et l’accompagnement des salles. Tout en nouant de nouveaux partenariats institutionnels et média qui lui assurent une notoriété croissante.
Depuis la réouverture, plusieurs films de patrimoine ont réalisé de beaux scores en salles : La maman et la putain, In the Mood for Love, la rétrospective Kinuyo Tanaka… S’agit-il selon vous d’épiphénomènes, ou le cinéma classique s’en sort-il mieux que la moyenne ?
Le patrimoine a sans doute bénéficié d’un effet "refuge" à l’occasion de la première réouverture des salles, du fait d’une offre faible de films inédits. Mais depuis, il y a en effet eu de très belles réussites, tels In the Mood for Love en 2021 et La maman et la putain cette année. Il y a eu également de très belles surprises, comme la rétrospective Tanaka, inaugurée l’an dernier au Festival Lumière avec Carlotta Films. Nous sommes d’ailleurs heureux des beaux résultats enregistrés par plusieurs rétrospectives, notamment autour des œuvres de Jane Campion (initiée l’an dernier par le Festival Lumière, et dont nous étions partenaires pour la ressortie), Pier Paolo Pasolini (en partenariat avec le Festival de La Rochelle), Romy Schneider (en partenariat avec La Cinémathèque française) ou encore Kelly Reichardt (en partenariat avec le Centre Pompidou). Cela montre que ces rétrospectives, lancées à l’occasion de grands festivals comme Lumière, peuvent ensuite avoir une belle vie en salle. Parmi les prochains rendez-vous figure la rétrospective Louis Malle, un événement important initié par Malavida à partir des restaurations de Gaumont et prévu en salle le 9 novembre, que nous accompagnons après sa présentation à Lumière. Avec un accompagnement culturel très fort, via des documents dédiés, des animations et une exposition itinérante autour de L’Inde fantôme.
Comme chaque année, nous organisons un parcours dédié aux exploitants adhérents, au sein duquel nous proposons temps d’échanges et projections à l’intérieur du Village MIFC. C’est devenu un rendez-vous important, qui permet aux exploitants et programmateurs de préparer la saison à venir en assistant à une présentation de line-ups et à des projections spécifiques. Nous en aurons quatre le jeudi, avec des films qui vont surement créer l’événement : Mes petites amoureuses de Jean Eustache (distribué par Les Films du Losange), Autour de minuit de Bertrand Tavernier (restauré par Warner Bros. en 4K), Lumière de Jeanne Moreau (dans le cadre d’un événement autour des films de Jeanne Moreau proposé par Carlotta Films), et, en séance publique le soir, Outsiders: The Complete Novel de Francis Ford Coppola (distribué par Pathé). Ces journées permettent également aux exploitants d’échanger sur leurs pratiques, notamment autour de la question de la médiation. À ce titre, nous proposons cette année une table ronde intitulée "Comment l’esprit ciné-club permet de mener des actions de médiation autour du cinéma classique ?".
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Parce qu’il fait écho aux problématiques actuelles. En raison de la crise de la fréquentation que nous traversons, on s’aperçoit que de nombreux exploitants adhérents ont repensé leur façon d’accompagner les films et leur médiation culturelle. Il s’agit donc, à travers cette table ronde, de montrer plusieurs initiatives réussies autour du patrimoine qui font vivre l’expérience collective du 7e art en cette période compliquée. On le sait, le cinéma de patrimoine permet de nombreuses animations en salles, conviviales et ludiques. Au sein de l’ADRC, nous en accompagnons justement beaucoup : rencontres, ciné-conférences, ateliers à destination du jeune public, ciné quizz, ciné-concerts… On voit bien d’ailleurs aujourd’hui que, souvent, le succès du cinéma de patrimoine passe par l’événementialisation, les séances accompagnées.
Le travail autour du patrimoine constitue l’un des trois piliers de l’ADRC. De quelle manière vos actions d’accompagnement en la matière ont-elles évolué depuis la réouverture des salles ?
Pour accompagner au mieux les salles à l’occasion de cette seconde réouverture, l’ADRC a de nouveau été très volontaire aux côtés de ses partenaires. Entre le 5 janvier et le 30 août 2022, nous avons ainsi travaillé avec 521 cinémas sur 624 films et 258 animations accompagnées financièrement, soit des chiffres quasi comparables à l’avant-crise. On s’aperçoit donc que malgré un contexte difficile, il y a une grande appétence des salles pour le patrimoine. Avec notamment une forte demande sur les animations, en particulier nouvelles et innovantes. D’où l’importance de la table ronde que nous organisons avec l’Afcae au MIFC, qui nous permet de prendre le pouls, d’écouter les attentes des salles en la matière.
La 8e édition du Festival Play it Again! s’est tenue du 14 au 27 septembre. Quel bilan en tirez-vous ?
En dépit, là encore, d’un contexte difficile, le bilan est encourageant. D’une part, 334 cinémas ont répondu présents, ce qui n’est pas rien. Ensuite, plus de 21 000 entrées ont été réalisées sur l’ensemble du festival, soit une hausse de 23% par rapport à l’édition précédente. Nous avons toujours deux sections, une reprise des plus beaux classiques de l’année et une rétrospective conçue en partenariat avec le Syndicat des catalogues de films de patrimoine (SCFP) et le critique N. T. Binh (Positif), qui ont très bien fonctionné, et de manière très complémentaire. Avec, toujours, une attention particulière portée aux films destinés au jeune public.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la manifestation depuis que l’ADRC en a repris l’organisation en 2019 ?
C’est difficile à dire, puisque nous avons vécu deux années singulières. Mais dans la continuité du travail de l’Association des distributeurs de films de patrimoine (ADFP), l’ADRC a permis, avec le soutien du CNC, de développer son implantation territoriale et l’accompagnement des salles. Tout en nouant de nouveaux partenariats institutionnels et média qui lui assurent une notoriété croissante.
Depuis la réouverture, plusieurs films de patrimoine ont réalisé de beaux scores en salles : La maman et la putain, In the Mood for Love, la rétrospective Kinuyo Tanaka… S’agit-il selon vous d’épiphénomènes, ou le cinéma classique s’en sort-il mieux que la moyenne ?
Le patrimoine a sans doute bénéficié d’un effet "refuge" à l’occasion de la première réouverture des salles, du fait d’une offre faible de films inédits. Mais depuis, il y a en effet eu de très belles réussites, tels In the Mood for Love en 2021 et La maman et la putain cette année. Il y a eu également de très belles surprises, comme la rétrospective Tanaka, inaugurée l’an dernier au Festival Lumière avec Carlotta Films. Nous sommes d’ailleurs heureux des beaux résultats enregistrés par plusieurs rétrospectives, notamment autour des œuvres de Jane Campion (initiée l’an dernier par le Festival Lumière, et dont nous étions partenaires pour la ressortie), Pier Paolo Pasolini (en partenariat avec le Festival de La Rochelle), Romy Schneider (en partenariat avec La Cinémathèque française) ou encore Kelly Reichardt (en partenariat avec le Centre Pompidou). Cela montre que ces rétrospectives, lancées à l’occasion de grands festivals comme Lumière, peuvent ensuite avoir une belle vie en salle. Parmi les prochains rendez-vous figure la rétrospective Louis Malle, un événement important initié par Malavida à partir des restaurations de Gaumont et prévu en salle le 9 novembre, que nous accompagnons après sa présentation à Lumière. Avec un accompagnement culturel très fort, via des documents dédiés, des animations et une exposition itinérante autour de L’Inde fantôme.
Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : DR
L’accès à cet article est réservé aux abonnés.
Vous avez déjà un compte
Accès 24 heures
Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici