Lumière MIFC 2022 - Que viva España !
Date de publication : 19/10/2022 - 08:15
S’il est une tradition solidement établie dans le cadre du Marché international du film classique (MIFC), c’est de consacrer chaque année un coup de zoom à un pays. La péninsule ibérique succède en cette 10e édition à la Suisse.
Le cinéma ibérique s’est longtemps résumé à l’international aux comédies sardoniques de Luis García Berlanga et Juan Antonio Bardem, à quelques pépites provocantes du géant en exil Luis Buñuel et aux aventures édifiantes du petit Joselito, “l’enfant à la voix d’or”. Il a fallu la ténacité de Carlos Saura et de son scénariste Rafael Azcona pour sauver l’honneur d’un pays réduit au statut de simple lieu de tournage par le western spaghetti et des fleurons du cinéma bis européen.
La fin du franquisme et la transition démocratique vont de pair avec l’explosion de la Movida et de son plus célèbre représentant, Pedro Almodóvar. C’est le signe qu’attendait toute une génération pour accéder au pouvoir, sans avoir à subir les contraintes de la censure. Un état de grâce d’où émergent des personnalités telles que Bigas Luna, Julio Medem, Alejandro Amenábar, Fernando Trueba ou Pablo Berger qui séduisent également à l’international en donnant l’image d’un pays moderne, tandis que prospère simultanément un cinéma de genre singulier, à l’instigation de Paco Plaza, Jaume Balagueró, Juan Antonio Bayona, Álex de La Iglesia ou Rodrigo Sorogoyen.
Simultanément affleurent des jeunes réalisatrices aussi talentueuses qu’Iciar Bollain (deux Goya pour Ne dis rien en 2003), Isabel Coixet (trois Goya pour The Secret Life of Words en 2006), Pilar Palomero (quatre Goya pour Las niñas en 2021) et Carla Simón (Ours d’or à la Berlinale 2022 pour Nos soleils) qui incarnent l’avenir. Reste un phénomène inclassable : le très discret Victor Erice, 82 ans, qui s’apprête à signer son quatrième long métrage depuis L’esprit de la ruche (1973) : Cerrar los ojos.
Cette vitalité est entérinée par une montée en puissance de l’industrie cinématographique locale, un boum des exportations et des succès réguliers dans les grands festivals. Lauréat du Teddy à Berlin en 1987 pour La loi du désir, Pedro Almodóvar décroche ainsi l’Oscar 2003 du meilleur film en langue étrangère pour Parle avec elle, sept European Awards, deux prix à Venise quatre César et autant de Bafta. Cannes, dont il est président du jury en 2017 après en avoir été membre en 1992, lui décerne le prix de la mise en scène et celui du jury œcuménique pour Tout sur ma mère en 1999, celui du meilleur scénario pour Volver en 2006 et le prix de la jeunesse pour La piel que habito en 2011. Mais pas davantage de Palme d’or qu’à son illustre aîné Carlos Saura qui y est pourtant venu une dizaine de fois en compétition de 1960 à 1988, mais s’est consolé avec un Ours d’or à Berlin pour Vivre vite en 1981 et deux Ours d’argent de la mise en scène pour La chasse en 1966 et Peppermint frappé en 1968, cinq semaines après que le rideau cannois soit retombé définitivement sur la projection de son film.
L’une des particularités du cinéma ibérique repose sur sa décomposition en plusieurs entités autonomes, dont le Pays Basque qui produit des films en langue locale exploités pour l’essentiel au sein de cette province, mais aussi les îles Canaries et la Navarre qui offrent des déductions spéciales. Avec pour fer de lance international le prestigieux Festival de San Sebastián et quelques titres de gloire comme les près de 100 000 entrées enregistrées en Espagne et les dix Goya obtenus par Handia (2017) de Jon Garaño et Mikel Arregi. L’Espagne peut aussi se targuer de posséder plusieurs stars de calibre international, au premier rang desquelles figurent en bonne place trois acteurs fétiches d’Almodóvar : Antonio Banderas (nommé à l’Oscar pour Douleur et gloire en 2020 qui lui avait déjà valu un prix d’interprétation masculine à Cannes et un Goya), Javier Bardem (Oscar 2008 du meilleur second rôle masculin pour No Country for Old Men des frères Coen) et Penélope Cruz (Oscar 2009 du meilleur second rôle féminin pour Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen), lauréate 2022 du prestigieux prix national du cinéma qui lui a été remis le 17 septembre dernier par le ministre de la Culture espagnol au nom d’un jury présidé par Beatriz Navas Valdés, la directrice générale de l’Institut de la cinématographie et des arts audiovisuels (ICAA). Tout un symbole !
Cette vitalité est entérinée par une montée en puissance de l’industrie cinématographique locale, un boum des exportations et des succès réguliers dans les grands festivals. Lauréat du Teddy à Berlin en 1987 pour La loi du désir, Pedro Almodóvar décroche ainsi l’Oscar 2003 du meilleur film en langue étrangère pour Parle avec elle, sept European Awards, deux prix à Venise quatre César et autant de Bafta. Cannes, dont il est président du jury en 2017 après en avoir été membre en 1992, lui décerne le prix de la mise en scène et celui du jury œcuménique pour Tout sur ma mère en 1999, celui du meilleur scénario pour Volver en 2006 et le prix de la jeunesse pour La piel que habito en 2011. Mais pas davantage de Palme d’or qu’à son illustre aîné Carlos Saura qui y est pourtant venu une dizaine de fois en compétition de 1960 à 1988, mais s’est consolé avec un Ours d’or à Berlin pour Vivre vite en 1981 et deux Ours d’argent de la mise en scène pour La chasse en 1966 et Peppermint frappé en 1968, cinq semaines après que le rideau cannois soit retombé définitivement sur la projection de son film.
L’une des particularités du cinéma ibérique repose sur sa décomposition en plusieurs entités autonomes, dont le Pays Basque qui produit des films en langue locale exploités pour l’essentiel au sein de cette province, mais aussi les îles Canaries et la Navarre qui offrent des déductions spéciales. Avec pour fer de lance international le prestigieux Festival de San Sebastián et quelques titres de gloire comme les près de 100 000 entrées enregistrées en Espagne et les dix Goya obtenus par Handia (2017) de Jon Garaño et Mikel Arregi. L’Espagne peut aussi se targuer de posséder plusieurs stars de calibre international, au premier rang desquelles figurent en bonne place trois acteurs fétiches d’Almodóvar : Antonio Banderas (nommé à l’Oscar pour Douleur et gloire en 2020 qui lui avait déjà valu un prix d’interprétation masculine à Cannes et un Goya), Javier Bardem (Oscar 2008 du meilleur second rôle masculin pour No Country for Old Men des frères Coen) et Penélope Cruz (Oscar 2009 du meilleur second rôle féminin pour Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen), lauréate 2022 du prestigieux prix national du cinéma qui lui a été remis le 17 septembre dernier par le ministre de la Culture espagnol au nom d’un jury présidé par Beatriz Navas Valdés, la directrice générale de l’Institut de la cinématographie et des arts audiovisuels (ICAA). Tout un symbole !
Jean-Philippe Guérand
© crédit photo : Arrebato (Rapture) d'Iván Zulueta
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