Lumière MIFC 2022 – Le CNC et les professionnels échangent
Date de publication : 21/10/2022 - 08:23
La traditionnelle rencontre entre le CNC et les professionnels a permis de soulever un certain nombre de problématiques du secteur tant sur la restauration que l'offre physique et digitale.
En préambule, Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la prospective du CNC a présenté les chiffres clés du patrimoine en France. Une présentation suivie par celle de Vincent Florant, directeur du numérique du Centre, qui a présenté les différents soutiens du Centre.
Le soutien au patrimoine (VàD et DVD) en valeur absolue a augmenté de 9% entre 2017 et 2021 et dépasse désormais les 3 M€ par an.
Le stockage numérique au cœur des enjeux
Sabrina Joutard, présidente du SCFP, a introduit les échanges sur la conservation des œuvres. Elle est notamment revenue sur son interview au Film Français où elle indiquait qu'il était nécessaire "repenser toute la chaîne de conservation". Une réflexion à initier dès la postproduction et les films frais. Cette étape se fait de façon rapide et le tri des fichiers n'est souvent pas fait. Les cataloguistes se retrouvent alors avec un nombre trop important d'éléments.
Sabrina Joutard a également alerté sur le coût du stockage numérique. Aujourd'hui, un film en 2K représente a minima 5 To. Le coût de stockage d'un To représente 1 500 € par film par an. "Pour un film qui ne fait pas de recettes, le coût est difficile à supporter pour le catalogue", souligne la présidente du SCFP.
Outre son coût, le stockage numérique fait face à une problématique. Aujourd'hui pour avoir un agrément auprès du CNC, il est nécessaire de présenter un contrat de stockage numérique en bonne et due forme. Ce contrat a une durée obligatoire de cinq ans. "Que deviennent les films après 5 ans ? Le sujet va se poser avec les premières échéances des contrats en 2023. Pour les petits catalogues, il s'agit d'un vrai enjeu avec une perte possible de certains films", constate Sabrina Joutard.
Le CNC agit en ce sens, indique Laurent Cormier, directeur du patrimoine. Le Centre renvoie aux recommandations techniques publiées par la CST en étroite collaboration avec la Ficam sur les différents modes de conservation et la nécessité de passer des contrats avec les prestataires. "Il s'agit d'un vrai sujet de fond, lourd et coûteux. Il fallait que les ayants-droit s'emparent du sujet pour progresser. C'est désormais le cas", déclare-t-il. " Tout cela se fait dans un contexte d'obligation juridique d'exploitation suivie. Les producteurs ont des contraintes par le code de la propriété intellectuelle sur la bonne conservation des éléments", ajoute le directeur du patrimoine du CNC.
Laurent Cormier se dit prêt à mener des discussions avec les cataloguistes et les éditeurs vidéo autour des sujets sur la conservation photochimique et numérique. "Il faudrait également se pencher sur le sujet de choix des éléments en collaboration avec les ayants-droits et la SACD. Que doit-on conserver et pour combien de temps ? Définir les opérateurs est également important." Une norme européenne sur la conservation, prochainement officialisée par l'Afnor, permettrait également d'instaurer une certaine homogénéité.
L'enjeu lié au développement durable concerne aussi la conservation, domaine énergivore. Le Bois d'Arcy a déjà procédé à un bilan carbone et des mesures pour améliorer la consommation énergétique pourraient être prises prochainement. Laurent Cormier aimerait également que les calculateurs de l'empreinte carbone qui seront labellisés, intègrent cette question de la conservation.
Le soutien au patrimoine (VàD et DVD) en valeur absolue a augmenté de 9% entre 2017 et 2021 et dépasse désormais les 3 M€ par an.
Le stockage numérique au cœur des enjeux
Sabrina Joutard, présidente du SCFP, a introduit les échanges sur la conservation des œuvres. Elle est notamment revenue sur son interview au Film Français où elle indiquait qu'il était nécessaire "repenser toute la chaîne de conservation". Une réflexion à initier dès la postproduction et les films frais. Cette étape se fait de façon rapide et le tri des fichiers n'est souvent pas fait. Les cataloguistes se retrouvent alors avec un nombre trop important d'éléments.
Sabrina Joutard a également alerté sur le coût du stockage numérique. Aujourd'hui, un film en 2K représente a minima 5 To. Le coût de stockage d'un To représente 1 500 € par film par an. "Pour un film qui ne fait pas de recettes, le coût est difficile à supporter pour le catalogue", souligne la présidente du SCFP.
Outre son coût, le stockage numérique fait face à une problématique. Aujourd'hui pour avoir un agrément auprès du CNC, il est nécessaire de présenter un contrat de stockage numérique en bonne et due forme. Ce contrat a une durée obligatoire de cinq ans. "Que deviennent les films après 5 ans ? Le sujet va se poser avec les premières échéances des contrats en 2023. Pour les petits catalogues, il s'agit d'un vrai enjeu avec une perte possible de certains films", constate Sabrina Joutard.
Le CNC agit en ce sens, indique Laurent Cormier, directeur du patrimoine. Le Centre renvoie aux recommandations techniques publiées par la CST en étroite collaboration avec la Ficam sur les différents modes de conservation et la nécessité de passer des contrats avec les prestataires. "Il s'agit d'un vrai sujet de fond, lourd et coûteux. Il fallait que les ayants-droit s'emparent du sujet pour progresser. C'est désormais le cas", déclare-t-il. " Tout cela se fait dans un contexte d'obligation juridique d'exploitation suivie. Les producteurs ont des contraintes par le code de la propriété intellectuelle sur la bonne conservation des éléments", ajoute le directeur du patrimoine du CNC.
Laurent Cormier se dit prêt à mener des discussions avec les cataloguistes et les éditeurs vidéo autour des sujets sur la conservation photochimique et numérique. "Il faudrait également se pencher sur le sujet de choix des éléments en collaboration avec les ayants-droits et la SACD. Que doit-on conserver et pour combien de temps ? Définir les opérateurs est également important." Une norme européenne sur la conservation, prochainement officialisée par l'Afnor, permettrait également d'instaurer une certaine homogénéité.
L'enjeu lié au développement durable concerne aussi la conservation, domaine énergivore. Le Bois d'Arcy a déjà procédé à un bilan carbone et des mesures pour améliorer la consommation énergétique pourraient être prises prochainement. Laurent Cormier aimerait également que les calculateurs de l'empreinte carbone qui seront labellisés, intègrent cette question de la conservation.
Une hausse du coût des matières premières sensible pour la vidéo physique
Après avoir été impacté par la fermeture de magasins et par la non-sortie de films au cinéma, Hugues Peysson, membre de L'appel des 85, constate une reprise du marché de vidéo physique pour le patrimoine. "Cela récompense l'émulation et le travail de fond mené par les éditeurs grâce au CNC", indique-t-il rappelant que 500 titres sont soutenus chaque année sur 3 000 œuvres référencées en édition vidéo.
Aujourd'hui, l'édition vidéo fait face à plusieurs difficultés : les nouvelles technologies, qui impliquent une hausse des dépenses des éditeurs afin de s'adapter, et une hausse de 40% du coût des matières premières.
Difficile dès lors de constituer un modèle économique. "Aujourd'hui, nous avons un prix moyen que nous ne pouvons pas dépasser. Nous ne pouvons pas répercuter la totalité des coûts de production sur le consommateur. Nous nous retrouvons dans les problématiques évoquées par les cataloguistes : stocker des fichiers de plus en plus lourds et faire face à une évolution technologique (4K, HDR)."
Vincent Florant, directeur du numérique du CNC, rappelle que le soutien à la filière a été maintenu malgré une baisse du marché global de la vidéo physique. Face à la hausse des matières premières, il évoque également les aides gouvernementales avec le dispositif PGE Résilience et les prêts à taux bonifié en cette époque spécifique.
Après avoir été impacté par la fermeture de magasins et par la non-sortie de films au cinéma, Hugues Peysson, membre de L'appel des 85, constate une reprise du marché de vidéo physique pour le patrimoine. "Cela récompense l'émulation et le travail de fond mené par les éditeurs grâce au CNC", indique-t-il rappelant que 500 titres sont soutenus chaque année sur 3 000 œuvres référencées en édition vidéo.
Aujourd'hui, l'édition vidéo fait face à plusieurs difficultés : les nouvelles technologies, qui impliquent une hausse des dépenses des éditeurs afin de s'adapter, et une hausse de 40% du coût des matières premières.
Difficile dès lors de constituer un modèle économique. "Aujourd'hui, nous avons un prix moyen que nous ne pouvons pas dépasser. Nous ne pouvons pas répercuter la totalité des coûts de production sur le consommateur. Nous nous retrouvons dans les problématiques évoquées par les cataloguistes : stocker des fichiers de plus en plus lourds et faire face à une évolution technologique (4K, HDR)."
Vincent Florant, directeur du numérique du CNC, rappelle que le soutien à la filière a été maintenu malgré une baisse du marché global de la vidéo physique. Face à la hausse des matières premières, il évoque également les aides gouvernementales avec le dispositif PGE Résilience et les prêts à taux bonifié en cette époque spécifique.
"Nous n'avons pas d'aide sectorielle qui s'ajoute à ces soutiens. Le CNC évolue sur des ressources constantes. Créer un nouveau dispositif revient à en retirer un autre", indique-t-il.
VàD : une refonte de l'aide automatique souhaitée
Pour sa première participation à ce rendez-vous annuel, Mathias Hautefort, président du SEVAD, a dressé un état des lieux des plateformes de VàD françaises. Après avoir été impactées par la crise sanitaire et l'absence de films dans les salles, elles retrouvent aujourd'hui une croissance à deux chiffres pour la plupart. Une croissance qui bénéficie au cinéma français puisque les plateformes reversent 50 M€ par an.
Les plateformes françaises généralistes, historiques, spécialisées dans le patrimoine et dédiées à l'export, contribuent à l'essor du patrimoine français comme le montrent l'étude du CNC.
Pour Mathias Hautefort, l'éco-responsabilité peut constituer un axe important pour le développement du film de patrimoine en ligne. Il propose ainsi aux abonnés des plateformes, qu'il dirige, de pouvoir réduire sa bande-passante lors d'un visionnage et ainsi réduire leur empreinte carbone.
Le président du SEVAD appelle également à la protection des plateformes françaises face à leurs homologues américaines. "La diversité a toujours joué en faveur des ayants droit. Il faut continuer à assurer la croissance de nos plateformes."
En ce sens, Mathias Hautefort salue l'aide sélective du CNC dédiée à certaines plateformes avec une volonté d'augmenter ce budget. Pour autant, le président du SEVAD estime qu'il faut aller plus loin et notamment sur l'aide automatique. A date, ce soutien s'adresse aux films de moins de 8 ans. Cela pénalise l'offre de patrimoine.
"Aujourd'hui, la vidéo à la demande est un contributeur assez important et en forte croissance pour le financement du CNC. Cette contribution devrait permettre d'avoir quelques marges de manœuvre pour aider le film de patrimoine et soutenir les petites plateformes qui pourraient être exonérées des taxes", estime Mathias Hautefort.
Les raisons de cette barrière sont historiques et budgétaires, explique Vincent Florant. Historique car il s'agit de la reprise du mécanisme du soutien automatique au cinéma, qui comporte cette barrière. "Nous nous rejoignons sur l'objectif de favoriser la diffusion du cinéma de patrimoine. Cependant, nous avons aujourd'hui un sujet de financement pour de nouvelles initiatives avec des ressources stables", déclare le directeur du numérique du CNC.
Le dirigeant du Sevad a également rappelé l'importance d'identifier un film en digital. "Aujourd'hui, lorsque l'on cherche un film sur Google, les premiers résultats correspondent essentiellement à des plateformes américaines. C'est un vrai souci. Il faut que Google accepte de référencer l'outil de référencement VàD du CNC", déclare-t-il.
Aujourd'hui, ce moteur est présent au sein d'Allociné et de Télérama. "Nous renvoyons trois millions de clics vers les plateformes françaises. Cet outil est une véritable campagne marketing pour les films français et européens", indique Vincent Florant, ajoutant qu'il s'agit d'un des atouts efficaces pour lutter contre le piratage.
VàD : une refonte de l'aide automatique souhaitée
Pour sa première participation à ce rendez-vous annuel, Mathias Hautefort, président du SEVAD, a dressé un état des lieux des plateformes de VàD françaises. Après avoir été impactées par la crise sanitaire et l'absence de films dans les salles, elles retrouvent aujourd'hui une croissance à deux chiffres pour la plupart. Une croissance qui bénéficie au cinéma français puisque les plateformes reversent 50 M€ par an.
Les plateformes françaises généralistes, historiques, spécialisées dans le patrimoine et dédiées à l'export, contribuent à l'essor du patrimoine français comme le montrent l'étude du CNC.
Pour Mathias Hautefort, l'éco-responsabilité peut constituer un axe important pour le développement du film de patrimoine en ligne. Il propose ainsi aux abonnés des plateformes, qu'il dirige, de pouvoir réduire sa bande-passante lors d'un visionnage et ainsi réduire leur empreinte carbone.
Le président du SEVAD appelle également à la protection des plateformes françaises face à leurs homologues américaines. "La diversité a toujours joué en faveur des ayants droit. Il faut continuer à assurer la croissance de nos plateformes."
En ce sens, Mathias Hautefort salue l'aide sélective du CNC dédiée à certaines plateformes avec une volonté d'augmenter ce budget. Pour autant, le président du SEVAD estime qu'il faut aller plus loin et notamment sur l'aide automatique. A date, ce soutien s'adresse aux films de moins de 8 ans. Cela pénalise l'offre de patrimoine.
"Aujourd'hui, la vidéo à la demande est un contributeur assez important et en forte croissance pour le financement du CNC. Cette contribution devrait permettre d'avoir quelques marges de manœuvre pour aider le film de patrimoine et soutenir les petites plateformes qui pourraient être exonérées des taxes", estime Mathias Hautefort.
Les raisons de cette barrière sont historiques et budgétaires, explique Vincent Florant. Historique car il s'agit de la reprise du mécanisme du soutien automatique au cinéma, qui comporte cette barrière. "Nous nous rejoignons sur l'objectif de favoriser la diffusion du cinéma de patrimoine. Cependant, nous avons aujourd'hui un sujet de financement pour de nouvelles initiatives avec des ressources stables", déclare le directeur du numérique du CNC.
Le dirigeant du Sevad a également rappelé l'importance d'identifier un film en digital. "Aujourd'hui, lorsque l'on cherche un film sur Google, les premiers résultats correspondent essentiellement à des plateformes américaines. C'est un vrai souci. Il faut que Google accepte de référencer l'outil de référencement VàD du CNC", déclare-t-il.
Aujourd'hui, ce moteur est présent au sein d'Allociné et de Télérama. "Nous renvoyons trois millions de clics vers les plateformes françaises. Cet outil est une véritable campagne marketing pour les films français et européens", indique Vincent Florant, ajoutant qu'il s'agit d'un des atouts efficaces pour lutter contre le piratage.
Ce sujet du piratage impacte toujours l'ensemble de l'écosystème, cataloguistes, éditeurs vidéo et plateformes légales, malgré la baisse du nombre de piratages et les actions menées par le CNC, l'Alpa et l'Arcom. "Nous sommes encore dans un système très permissif", regrette Hugues Peysson.
Florian Krieg
© crédit photo : CNC
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