Annecy 2023 - Jeremy Zag et Aton Soumache racontent "Miraculous"
Date de publication : 13/06/2023 - 08:12
À l’occasion de la sortie de Miraculous - le film dans les salles françaises, le 5 juillet distribué par SND, Jeremy Zag, fondateur des studios Zag, réalisateur, coscénariste et compositeur de l’oeuvre, et Aton Soumache, producteur du film pour Mediawan Kids & Family, reviennent sur le déploiement de cet univers mondialement célèbre.
Quelle est la place de ce long métrage au sein de l’univers Miraculous ?
Jérémy Zag : Notre ambition est de proposer en 1h30 un grand film d’animation musical, mêlant action et émotions et qui s’adresse à toute la famille. Avec ce long métrage, nous avons essayé de raconter tout ce qui fait l’essence même de Miraculous : l’amour, le mystère et les secrets, l’aventure et la magie. Le “girl power” est aussi absolument central, avec une héroïne puissante.
Aton Soumache : C’est dans l’ADN de Miraculous ! La série a toujours fait preuve d’avant-gardisme.
JZ : Nous sommes dans un univers de superhéros très inspirant avec des valeurs fortes autour de l’amitié, de la générosité et de la confiance en soi. Plus que d’admirer les protagonistes, nous souhaitons que les spectateurs se projettent à travers ces personnages.
AS : Dès le lancement de cet univers, notre volonté a été d’être le plus haut de gamme possible. L’ambition cinématographique a toujours été présente dans le projet. La série, elle-même, incarnait cette envie. Nous proposions du cinéma pour la télévision. Ce film est une manière de transformer l’ambition initiale. En quelque sorte, c’est le début d’une nouvelle aventure. En tant que producteur, la vision de Jérémy sur ce long était aussi unique que convaincante. Pour la première fois au cinéma, nous proposons une superhéroïne avec une dimension héritée du music-hall. C’est un mélange original entre des films d’action à la Marvel et des musicals à la Disney, avec une touche à la japonaise, tout cela dans un Paris revisité. Ce film unique en son genre illustre à la perfection la magie et la vision de Jérémy.
Le film raconte les débuts des aventures de Ladybug et de Chat noir, les protagonistes principaux de l’univers Miraculous. Pourquoi avoir opté pour cette approche narrative ?
JZ : Aujourd’hui, la série est diffusée dans plus de 150 pays. C’est un phénomène mondial plébiscité par des millions d’enfants et leurs parents. Le long métrage, qui mêle intensité et poésie, nous permet de réunir les quadrants : petits-enfants, enfants, parents, grands-parents. À l’instar de ce que propose Disney à travers ses classiques transgénérationnels, nous nous adressons à un large public.
AS : Nous souhaitions relever deux défis en produisant un long métrage : ouvrir une nouvelle porte pour ceux qui ne connaissent pas encore l’univers, et parler à la communauté de fans qui suit cette saga depuis une dizaine d’années. En racontant les débuts de ces aventures, Jérémy a eu une idée géniale. Cette approche permet de s’adresser à tout le monde ! Les contraintes narratives étaient monumentales. Jérémy a dû naviguer à travers les cinq saisons de la série pour proposer une nouvelle expérience tout en restant fidèle à l’univers qui passionne les fans du monde entier.
Vous l’évoquiez, la musique a été déterminante dans ce projet. Comment l’incorporez-vous dans votre oeuvre ?
JZ : La musique est au centre du processus créatif, les mélodies me permettent de traduire les émotions. En composant ces morceaux, j’ai pu imaginer des scènes d’animation qui constituaient déjà l’ossature du film.
AS : Travailler sur une comédie musicale est le défi ultime pour un producteur. En France, il y en a très peu, et Jérémy s’inscrit dans cette lignée du grand film musical. Mêler cette dimension avec le genre superhéros et la culture des années 1980, cela donne la vraie signature du cinéma de Jérémy Zag. Il a un processus créatif très précis rappelant ceux de Sergio Leone ou de Stanley Kubrick, qui oeuvraient sur leur musique avant même de commencer le tournage. La quasi-totalité des chansons ont été créées avant le film et ont structuré le récit. Jérémy écoute son film avant de le regarder : l’émotion est immédiate. Elle est sincère et profonde. Son cinéma, c’est de l’“emotion pictures” !
JZ : Pour les chansons, je souhaitais me rapprocher du style de Disney avec de la musique pop américaine, où la mélodie est très forte. Mes références musicales sont celles des grands compositeurs qui ont bercé mon enfance : John Williams, James Horner, Hans Zimmer, Thomas Newman et Joe Hisaishi m’ont fortement inspiré. Nous avons enregistré la musique originale avec l’Orchestre philarmonique de Londres, au sein des mythiques studios Air, accompagnés par le mixeur de James Horner. Nous avons poussé les curseurs de l’émotion au maximum grâce à la musique et aux chansons.
Vous avez aussi beaucoup travaillé sur la portée du regard dans le film…
JZ : Cette émotion et cette sensibilité se retrouvent également à travers le travail sur le regard des personnages. J’ai été extrêmement exigeant à ce sujet auprès des animateurs du film. Le traitement du regard, et ce qu’il dit des sentiments ressentis par les personnages, est essentiel.
Comme dans la série, la ville de Paris est déterminante dans le film…
JZ : Avec Paris, nous avons la chance de vivre dans un immense Disneyland ! Nous avons pu nous projeter dans un monde féérique réel. J’ai commencé à écrire ce film à Los Angeles, où j’ai vécu dix ans. Je voulais apporter cette vision américaine de la capitale. Miraculous nous a permis d’en présenter de multiples facettes : le Paris romantique, le Paris des mystères et le Paris de l’action, avec les scènes sur les toits. Paris est une source inépuisable de narrations.
AS : Paris est le personnage principal, après Ladybug et Chat noir. Nous avons adoré peindre cette ville comme un lieu où l’action est à son maximum. Elle regorge d’endroits qui permettent des mises en scène incroyables, au-delà du romantisme et du glamour.
Le devis conséquent du long métrage (80 M€) a suscité la curiosité de nombreux professionnels…
AS :Il correspond à l’ambition internationale d’un projet mondialement connu. Cette comédie musicale ultraspectaculaire devait pouvoir s’inscrire dans les standards des films d’Illumination et de DreamWorks. La part du financement français réprésente moins de 10% du budget. C’est la dimension internationale de l’animation qui a eu un effet multiplicateur sur notre projet et sur son financement. Le récent succès mondial de Super Mario Bros. le film conforte encore plus cette appétence pour ce genre. Grâce à l’univers de Miraculous et au savoir-faire de la France en animation, nous nous sommes donné les moyens de faire un grand film international.
Netflix diffusera le long métrage à l’international. Pourquoi ce choix ?
AS : Nous l’avons financé en pleine crise sanitaire. Il fallait trouver le bon équilibre entre la prise de risque d’une sortie salle et la nécessité de se protéger. Le contexte nous a amenés à faire des choix stratégiques sur le financement. Notre marque a une telle notoriété que le film rencontrera son public, quel que soit son support.
Vous évoquiez la crise sanitaire. Il y a également une tension au niveau de l’emploi pour l’animation. Comment s’est déroulé la production de ce film ?
JZ : Au regard de la concurrence et de l’ambition du projet, le recrutement a été très compliqué. Notre exigence artistique était très forte. Nous voulions réunir les meilleurs talents. Je me suis battu pour avoir les cadreurs les plus talentueux pour les scènes d’action. Michael Gracey, réalisateur de The Greatest Showman, est producteur exécutif du film et il a été d’une grande aide pour les chansons.
Certains studios optent pour une starification des voix des personnages d’animation. Vous avez fait le choix de conserver les voix de la série…
JZ : Les voix des personnages sont parfaitement identifiées par le public qui les aime et les reconnaît entre mille. Nous voulions que les héros de cet univers restent les vedettes du film.
AS : Cet univers a déjà ses codes. Nous voulions rester fidèles aux talents, et ainsi à l’ADN de Miraculous.
Cela fait une dizaine d’années que vous travaillez ensemble. Quel regard portez-vous sur cette collaboration ?
AS : En tant que producteur, c’est une aventure artistique unique et très intense. Je n’ai jamais travaillé avec un talent qui ait autant de cordes à son arc que Jérémy. Producteur, réalisateur, entrepreneur, compositeur. Il sait tout faire et nous avons développé une complicité unique.
JZ : Je suis ravi d’avoir rencontré un producteur dont les compétences dépassent mes ambitions.
Quid de vos futurs projets ?
JZ : Nous souhaitons continuer à développer l’univers, à travers de nouveaux personnages notamment. Les crossovers et la dimension internationale sont amenés à prendre de l’ampleur.
AS : Le film va ancrer la marque dans une nouvelle dimension. Outre les nouvelles saisons de la série, l’univers va continuer à s’étendre. Le meilleur reste à venir.
JZ : Je lance également Melody, mon prochain film d’animation avec Katy Perry.
AS : Un titre fortement symbolique au regard de sa passion pour les grands films musicaux.
Florian Krieg
© crédit photo : Aton Soumache et Jeremy Zag - Julien Liénard pour Le Film Français
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