Cinéma

Annecy 2023 - Animation in Europe, fédération à l'influence grandissante

Date de publication : 15/06/2023 - 08:07

Créée en 2016 afin de porter la voix des producteurs d'animation européens auprès des pouvoirs publics, la fédération a depuis grandi et fait entendre ses revendications.

Le Festival d'Annecy a permis à Animation in Europe de faire un point d'étape public sur sa structure et ses ambitions. A ses débuts en 2016, la fédération des productions européens d'animation comptait 12 pays membres. Elle compte désormais 20, avec trois nouveaux pays ayant rejoint le mouvement : l'Estonie, la Grèce et le Portugal.
 
Lors de l'assemblée générale organisée à Annecy, les membres ont désigné leur bureau pour la période 2023-2025. Philippe Alessandri (Watch Next Media) continuera d'assurer la présidence. Il sera entouré par quatre vice-présidents : Moe Honan (Moetion Films, Irlande), Pablo Jordi (Pikkukala, Finlande), Ivan Agenjo (Peekaboo Animation, Espagne) et Dirk Beinhold (Akkord Film Produktion, Allemagne).

La fédération s'est également structurée à travers une convention annuelle, Animar, organisée à Barcelone en novembre. Pendant deux jours, les professionnels se retrouvent pour discuter des enjeux du secteur (financement public et privé, intégration des plateformes…) et mettent en place des groupes de travail.
 
L'investissement des plateformes dans l'animation européenne, enjeu majeur
L'article 13 de la directive européenne sur les services de médias audiovisuels permet aux Etats membres d'imposer des obligations d'investissements aux plateformes étrangères. 15 pays ont à date opté pour cette mesure. Les Pays-Bas ont été les derniers à adopter cet article.
 
Seul (et gros) souci pour l'animation : les investissements des plateformes portent essentiellement sur la fiction. Les contenus pour enfants, perçus comme universels, sont directement pilotés depuis les bureaux situés à Los Angeles.
 
Seules la France et l'Italie ont instauré une clause de diversité imposant un fléchage vers l'animation. Les obligations d'investissements restent toutefois à un niveau très faible au regard de l'importance du genre dans le catalogue des plateformes. La production d'animation pour les streamers reste essentiellement exécutive. En Allemagne, où l'article 13 n'a pas encore été adopté, aucune commande pour une œuvre animée n'a été effectuée par une plateforme. Au regard de la dimension internationale de l'animation, ce phénomène est très pénalisant pour les producteurs.
 
"Nous devons offrir aux enfants, qui représentent plus de 10% de la population européenne, des œuvres créées et produites en Europe", déclare Philippe Alessandri qui plaide pour l'instauration de sous-quotas en faveur de l'animation.
 
A date, Animation in Europe se base davantage sur des ressentis et des échanges entre membres. Il manque à la fédération des données pour alerter les pouvoirs publics. Cela sera la priorité de la structure dans les mois à venir auprès de l'Observatoire européen de l'audiovisuel. La fédération aimerait connaître le nombre d'œuvres animées commandées par les streamers et quelles sont celles où les producteurs parviennent à conserver une partie des IP. Ces chiffres sont fondamentaux à l'heure où une potentielle révision de la directive SMA se profile au Parlement européen fin 2025.

Florian Krieg
© crédit photo : AIE


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