Festival de la Fiction 2023 – Les risques psychosociaux pour les scénaristes à la loupe
Date de publication : 14/09/2023 - 09:00
Une étude inédite cofinancée par la SACD met clairement en exergue les risques psychosociaux auxquels sont confrontés les scénaristes dans le cadre de leur activité.
Lors du Festival de la Fiction, Maxime Besenval, chercheur au Centre de sociologie des organisations, a présenté à La Rochelle les conclusions de son étude "L’écriture scénaristique et les risques du travail". Le chercheur a notamment mené un sondage auprès de 880 scénaristes français ayant déposé une œuvre au cours des 15 dernières années. Les chiffres parlent pour eux-mêmes. 40% des individus interrogés affirment avoir été victime d’épuisement professionnel lié leur activité de scénariste. 50% déclarent vivre des périodes d’anxiété chronique liées à leur profession. Pire, 41 % affirment avoir "déjà vécu une ou des situations de harcèlement moral" dans le cadre de leur activité de scénariste. Pourtant, seulement trois cas ont été portés devant la justice. Une des raisons invoquées est l'anticipation de répercussions professionnelles négatives.
Pour Maxime Besenval, les scénaristes sont clairement confrontés à des risques psychosociaux liés à la teneur même du métier de scénariste : les exigences du travail -avec une surcharge du travail -, les exigences émotionnelles imposées par cette profession, l'engagement (manque de marges de manoeuvre), des rapports sociaux détériorés, un conflit de valeurs pouvant entraîner une crise de la vocation et une insécurité avec un futur incertain et une situation économique fragile.
Le chercheur a évoqué la situation précaire des scénaristes dont le travail peut être remplacé à n'importe quelle phase du process d'écriture. Il estime également que le droit d'auteur est devenu tendanciellement un outil de gestion du travail "sans pour autant qualifier l'auteur de travailleur et le faisant par extension échapper au débat sur sa régulation." Il s'agit "un outil de répartition du risque avec une indexation des flux financiers à la réussite des étapes marchandes".
Pour faire face à l'incertitude de l'emploi, les scénaristes vont avoir tendance à surinvestir dans le travail et multiplier les projets jusqu'à instaurer une frontière poreuse entre sphère privée et travail. L'engagement vocationnel et émotionnel va également contribuer à ce phénomène. Cette observation est également constatée chez les scénaristes à succès qui vont vouloir capitaliser pour pérenniser leur carrière.
Le scénariste va également manquer de ressources pour faire face à ces risques psychosociaux au regard de l'instabilité de l'environnement de travail (moindre visibilité des situations pathogènes, auto responsabilisation, dilution des responsabilités, disparition des ressources et autorités des organisations stables pour faciliter le signalement des personnes en souffrance).
Les récents accords entre les scénaristes et producteurs sur les pratiques contractuelles visent à réguler certains points soulevés, notamment le cadrage de l'incertitude et la volatilité du travail.
Pour Maxime Besenval, les scénaristes sont clairement confrontés à des risques psychosociaux liés à la teneur même du métier de scénariste : les exigences du travail -avec une surcharge du travail -, les exigences émotionnelles imposées par cette profession, l'engagement (manque de marges de manoeuvre), des rapports sociaux détériorés, un conflit de valeurs pouvant entraîner une crise de la vocation et une insécurité avec un futur incertain et une situation économique fragile.
Le chercheur a évoqué la situation précaire des scénaristes dont le travail peut être remplacé à n'importe quelle phase du process d'écriture. Il estime également que le droit d'auteur est devenu tendanciellement un outil de gestion du travail "sans pour autant qualifier l'auteur de travailleur et le faisant par extension échapper au débat sur sa régulation." Il s'agit "un outil de répartition du risque avec une indexation des flux financiers à la réussite des étapes marchandes".
Pour faire face à l'incertitude de l'emploi, les scénaristes vont avoir tendance à surinvestir dans le travail et multiplier les projets jusqu'à instaurer une frontière poreuse entre sphère privée et travail. L'engagement vocationnel et émotionnel va également contribuer à ce phénomène. Cette observation est également constatée chez les scénaristes à succès qui vont vouloir capitaliser pour pérenniser leur carrière.
Le scénariste va également manquer de ressources pour faire face à ces risques psychosociaux au regard de l'instabilité de l'environnement de travail (moindre visibilité des situations pathogènes, auto responsabilisation, dilution des responsabilités, disparition des ressources et autorités des organisations stables pour faciliter le signalement des personnes en souffrance).
Les récents accords entre les scénaristes et producteurs sur les pratiques contractuelles visent à réguler certains points soulevés, notamment le cadrage de l'incertitude et la volatilité du travail.
Florian Krieg
© crédit photo : SACD
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