Congrès FNCF 2023 – L'ADRC publie son étude sur les coûts prévisionnels des projets de cinéma

Après deux années très fortement impactées par la crise sanitaire et les fermetures de salles consécutives à celle-ci, l'exploitation tricolore a vu une reprise s'amorcer progressivement au cours de l'année 2022, avec plusieurs mois très encourageants une fois le premier trimestre passé. Pour autant, le nombre de projets soutenus dans le cadre de la commission d'aide sélective à la petite et moyenne exploitation a continué de diminuer en 2022, pour s'établir à 25. Une "baisse relative", note l'Agence nationale pour le développement du cinéma en régions (ADRC) dans son étude sur les coûts prévisionnels des projets de cinéma, publiée ces derniers jours.

 

Ainsi, 26 projets avaient été soutenus par le commission en 2021, et 29 en 2020. Des chiffres en revanche bien inférieurs à la moyenne des dix dernières années, qui comptabilisait alors 39 projets par an. Ce recul se traduit, logiquement, par une baisse des investissements en euros constants, qui passent de 66 M€ en 2021 à 59,8 M€ en 2022 - ils étaient, en 2020, de 74,8 M€. Au regard de cet écart, le prix moyen par projet est lui aussi en repli, à 2,39 M€ en 2022, contre 2,54 M€ en 2021. "A partir de 2015, le secteur a connu une augmentation conséquente des prix des projets, allant jusqu’à un record de 94,4 M€ investis en 2019. Depuis la crise sanitaire, le nombre de projets soutenus et les investissements sont en baisse", résume l'ADRC, qui signale au passage que la crise sanitaire a engendré "une augmentation conséquente des coûts de construction" dans le secteur du bâtiment, d'autant plus forte que s'y sont ajoutées la guerre en Ukraine et une inflation généralisée.

 

"Concernant les projets les plus lourds en investissement (créations et adjonctions), on observe un déséquilibre entre le nombre de projets privés et publics", note l'agence. Or, "il est rare que cette situation se présente hors période d’élections municipales". L'an dernier, sur dix "projets structurants", "seulement deux" étaient ainsi "portés par une maitrise d’ouvrage publique", alors que, en 2021, "la répartition était à peu près égale, avec six projets publics et sept privés".

 

En parallèle, et cela peut paraitre surprenant au regard du contexte précédemment évoqué, "les coûts de construction dans le secteur cinématographique diminuent, contrairement au reste de la filière qui subit l’inflation générale", soutient l'ADRC, qui apporte des éléments de compréhension. "Cela peut s’expliquer par un échantillon plus réduit, notamment de projets publics, et donc moins représentatif des prix de la filière, ainsi que de l’évolution des typologies de projets soutenus", esquisse-t-elle.

 

Quoi qu'il en soit, après une augmentation de 40,2% en 2021, "le prix médian au fauteuil des créations [de cinémas, Ndlr] diminue de 35,59 % en 2022" pointe l'agence, même si "les projets ayant les valeurs les plus hautes (dites plafond) suivent une baisse plus légère (- 17,69 %)". Ce prix était ainsi compris l'an dernier, sur neuf projets pris en compte, entre 4 500€ et 5 000€, pour un coût médian de l'établissement créé à 4M€. Ce prix médian au fauteuil grimpe à 5 500€-6 200€ pour les restructurations, où le coût médian de l'opération est cette fois évalué à 1,4M€.

 

"La progression des ratios (le coût moyen d'un fauteuil ou d'un m² au regard du coût total du projet, Ndlr), qui avait augmenté à la suite de la crise sanitaire, marque un vrai coup d’arrêt, notamment pour les projets conséquents. Ces derniers ont atteint un plafond en 2021 et entament maintenant un ralentissement. Les projets structurants sont la cible d’économies, parfois au détriment du confort, avec plus de compacité et des ratios de surface par spectateur qui tendent à diminuer. Les ratios subissent donc une baisse globale, mais restent à un niveau élevé, signe que la mise en accessibilité des établissements ainsi que les démarches environnementales sont toujours des objectifs pour les porteurs de projets", conclut l'ADRC.