Cinéma

Connext 2023 - L’émergence d’une nouvelle génération

Date de publication : 09/10/2023 - 08:20

De nombreux premiers et deuxièmes longs métrages sont présentés cette année tandis que plusieurs séries s’adressent directement aux jeunes.

En mai dernier à Cannes, la directrice du CCA francophone, Jeanne Brunfaut remarquait que la relève du cinéma belge était présente avec des premiers et deuxième films, alors la règle était habituellement un mélange des deux. Un constat qui s’est retrouvé aussi la programmation du festival de Namur et qui a été confirmé par son palmarès. Or force est de constater qu’une même tendance est en marche au nord du pays.

Plusieurs longs métrages présentés à Connext sont effectivement des premiers films réalisés par des talents émergents comme Julie Keeps Quiet de Leonardo Van Dijl, Young Hearts d’Anthony Schatteman, Soft Leaves de Miwako Van Weyenberg ou encore Real Faces de Leni Hughe. Même tendance pour Skiff, le deuxième long métrage de Cecilia Verheyden, qui a également réalisé l'une des saisons d'Undercover pour la VRT et Netflix, et qui signe ici une œuvre particulièrement personnelle qu’elle a conçue dès le départ. S’inscrivant dans cette tendance, Lukas Dhont présentera en fin de la première journée à Anvers ses "future five", cinq jeunes talents choisis par le réalisateur de Girl et Close, afin de les mettre en avant devant les nombreux professionnels présents.

Et comme le souligne Koen Van Bockstal un même constat peut s’opérer du côté des séries ou la tendance serait une attention accrue envers la jeune génération, notamment dans Chameleon, Hawa & Adam, ou encore les deuxièmes saisons de Roomies ou d’Arcadia. Produite par Ivy Vanhaecke (De Mensen), la série Chameleon, qui suit quatre amis d’enfance voulant se sortir du quartier défavorisé dans lequel ils ont grandi, a été imaginée par Malik Mohammed. "Malik est un jeune homme aux multiples talents qui est chorégraphe, danseur, acteur et maintenant débute en tant qu'écrivain" raconte Ivy Vanhaecke. "Kristof Hoefkens, le showrunner avec lequel nous travaillons, est venu nous voir pour nous parler de Malik et de son idée pour Chameleon. Nous avons été immédiatement séduits par l'histoire et le ton. Kristof a coécrit le scénario et a guidé Malik tout au long du processus d'écriture. C’est un jeune auteur qui porte une voix véritablement authentique".

Avec sa structure De Wereldvrede, Gilles De Schrijver accompagne aussi plusieurs jeunes talents à Anvers, à commencer par Leonardo Van Dijl, dont le premier long métrage Julie Keeps Quiet (photo) sera présenté au stade de work in progress. Après avoir réalisé des clips pour Prada et Oscar & The Wolf, Van Dijl avait l’un des seuls belges "labellisé" Cannes 2020 avec son court métrage Stephanie retenu en compétition officielle. "Il possède un grand sens de l’image allié à un style narratif très mûr, qui lui permet de réussir à transmettre des messages émotionnels forts" résume Gilles De Schrijver.

Son film Julie Keeps Quiet, se situe dans l’univers des jeunes talents sportifs. "Tous les regards se tournent vers Julie lorsque les pratiques douteuses de Jeremy, son entraîneur de tennis, font soudain l'objet d'une enquête. Si quelqu'un peut dire quelque chose sur Jeremy, c'est bien sûr elle, sa préférée. Mais Julie se tait". Le tournage a été terminé fin septembre. "Il y a trois lieux de tournage principaux : le club de tennis, l'école et la maison parentale de Julie. Nous avons tourné pendant six semaines dans différentes parties de la Belgique, mais principalement en Flandre" raconte le producteur. A présent le montage va débuter, sous la houlette de Bert Jacobs. "Nous essaierons de terminer le film à temps pour le présenter à Cannes 2024. En Belgique, nous visons une sortie dans les salles de cinéma à l'automne 2024" poursuit Gilles De Schrijver.

De Wereldvrede présente aussi à Anvers la saison deux de Roomies. Présentée en compétition internationale cette année à CanneSeries, elle est réalisée par Flo Van Deuren et Kato De Boeck deux réalisateurs dont les courts métrages précédents ont raflé de nombreux prix à l’international, avec en prime un court qui a fait partie de la liste des films en lice pour les Oscars en 2020.

Enfin le producteur organise aussi la projection de Holy Rosita de Wannes Destoop. S’il n’est plus vraiment un "jeune" réalisateur, ce dernier s’est fait connaître par sa prédilection pour les personnes qui ont tendance à être exclues de la société, qui sont physiquement ou mentalement "différentes" et ne se conforment pas à la norme sociale. Holy Rosita suit le personnage de Rosita qui "veut désespérément devenir mère. Mais son entourage pense que c'est irresponsable, car elle peut à peine s'occuper d'elle-même. Lorsque Rosita tombe enceinte, elle décide de garder le secret".

"Dans son premier court métrage, Swimsuit 46, qui a remporté le prix du jury à Cannes en 2011, Wannes Destoop mettait en scène Chantal, une jeune fille de 12 ans qui se sent plus que normale, mais dont l'entourage attire son attention sur le fait qu'elle est ronde et que ce n'est pas normal" poursuit Gilles De Schrijver. "Son deuxième court métrage, Billy the Bully, racontait l'histoire d'un garçon rondouillard de 11 ans qui faisait de l'intimidation pour éviter d'être intimidé. Et dans la série Albatros de Canvas (VRT), Wannes a réuni dix personnes souffrant d'obésité qui partent en camp d'amaigrissement. La série raconte leur lutte, la toile de fond étant celle d'une histoire sur la psyché humaine. La série a remporté le prix Europa de la meilleure série de fiction européenne en 2021".

Patrice Carré
© crédit photo : Nicolas Karakatsanis / De Wereldvrede


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