Lumière MIFC 2023 - Marc Olry : "Lost Films, entre coup de cœur et défi"
Date de publication : 17/10/2023 - 08:25
Pour accompagner cette ouverture du MIFC au cœur du festival Lumière, focus sur un distributeur fidèle à la manifestation lyonnaise et son marché, au parcours pour le moins singulier, qui proposera notamment une réédition 4K de Mon nom est Personne en fin d’année.
Lumière célèbre sa 15e édition, et le MIFC sa 11e. Que représentent ces manifestations pour un distributeur tel que Lost Films ?
Un moment incontournable et unique car chaque année le MIFC innove, propose et grandit. Il devient de plus en plus international tout en restant toujours ce qu’il a été depuis le début : convivial. Du salon vidéo du dimanche à tous les temps forts du marché en semaine c’est le rendez-vous des possibles entre tous les acteurs du patrimoine des majors aux toutes petites structures comme Lost films.
Un moment incontournable et unique car chaque année le MIFC innove, propose et grandit. Il devient de plus en plus international tout en restant toujours ce qu’il a été depuis le début : convivial. Du salon vidéo du dimanche à tous les temps forts du marché en semaine c’est le rendez-vous des possibles entre tous les acteurs du patrimoine des majors aux toutes petites structures comme Lost films.
Votre parcours est quelque peu atypique, car vous étiez technicien pour le cinéma avant de vous lancer, en 2009, dans la distribution de films classiques, qu’est-ce qui a motivé cette vocation ?
Beaucoup de mes amis étaient dans la distribution, et moi aussi j’ai eu envie de défendre mes propres titres, parfois vraiment perdus, rares ou simplement mal aimés, d'où le nom : Lost Films. En fait j’aimerais encore participer à des tournages (accessoiriste après avoir longtemps été assistant réalisateur). C’était mon modèle économique depuis la création de Lost Films en 2009 car je n’ai jamais pu me salarier comme distributeur. J’étais en tournage par intermittence et distributeur en permanence (les vacances où on coupe tout, je n'ai jamais connu). Quand on anime une société tout seul il y a toujours quelque chose à faire et depuis le Covid j'ai mis de côté les plateaux.
Comment regardez-vous l’évolution de Lost Films, qui aura elle-même 15 ans d’activité en 2024 ?
Rétrospectivement, je dirais presque que c’était mieux avant quand je sortais un film par an et en 35mm : La rumeur, Du silence et des ombres et Comment voler un million de dollars, ensuite avec Stella femme libre (proposé il y a quelques années pour un hommage à Melina Mercouri au Festival Lumière) comme tout le monde j’ai dû "basculer en numérique". Avant nos copies de film de patrimoine circulaient une année entière ! Le numérique - outil formidable - a considérablement perverti et fait éclater le marché, voire même les rapports entre exploitants et distributeurs, quand tout maintenant se dématérialise. La qualité de notre travail s’est dégradé quand seul l’état physique des copies s’est "amélioré".
Beaucoup de mes amis étaient dans la distribution, et moi aussi j’ai eu envie de défendre mes propres titres, parfois vraiment perdus, rares ou simplement mal aimés, d'où le nom : Lost Films. En fait j’aimerais encore participer à des tournages (accessoiriste après avoir longtemps été assistant réalisateur). C’était mon modèle économique depuis la création de Lost Films en 2009 car je n’ai jamais pu me salarier comme distributeur. J’étais en tournage par intermittence et distributeur en permanence (les vacances où on coupe tout, je n'ai jamais connu). Quand on anime une société tout seul il y a toujours quelque chose à faire et depuis le Covid j'ai mis de côté les plateaux.
Comment regardez-vous l’évolution de Lost Films, qui aura elle-même 15 ans d’activité en 2024 ?
Rétrospectivement, je dirais presque que c’était mieux avant quand je sortais un film par an et en 35mm : La rumeur, Du silence et des ombres et Comment voler un million de dollars, ensuite avec Stella femme libre (proposé il y a quelques années pour un hommage à Melina Mercouri au Festival Lumière) comme tout le monde j’ai dû "basculer en numérique". Avant nos copies de film de patrimoine circulaient une année entière ! Le numérique - outil formidable - a considérablement perverti et fait éclater le marché, voire même les rapports entre exploitants et distributeurs, quand tout maintenant se dématérialise. La qualité de notre travail s’est dégradé quand seul l’état physique des copies s’est "amélioré".
Comment résumeriez-vous votre ligne éditoriale ?
Entre coup de cœur et défi. Avoir non seulement la bonne idée mais surtout le titre qui va faire battre mon cœur et m’animer pendant des mois. Je serai incapable de sortir un film par calcul, pour rebondir sur l’air du temps ou un anniversaire si je ne l’aimais pas passionnément. Pour moi être distributeur c’est être le plus grand "fan" et défenseur du film. Nous avons une responsabilité.
Entre coup de cœur et défi. Avoir non seulement la bonne idée mais surtout le titre qui va faire battre mon cœur et m’animer pendant des mois. Je serai incapable de sortir un film par calcul, pour rebondir sur l’air du temps ou un anniversaire si je ne l’aimais pas passionnément. Pour moi être distributeur c’est être le plus grand "fan" et défenseur du film. Nous avons une responsabilité.
Après le thriller américain Trois milliards d'un coup de Peter Yates en juin dernier, vous préparez la réédition de Mon nom est Personne de Tonino Valerii en décembre prochain, quels sont vos ambitions pour ce line-up 2023 ?
L’année dernière au festival Lumière j’avais eu un vrai coup de cœur pour un diptyque de Cayatte (La vie conjugale) restauré par Pathé - une grande maison avec laquelle je n’ai jamais travaillé, puisque toutes mes dernières rééditions je les avais signées avec Studiocanal. Mais devant la timidité de mes habituels interlocuteurs j’ai dû renoncer à ce projet. J’aurais été vraiment seul. Céline Defremery chez Studiocanal m’a fait découvrir un pur "lost film", cette pépite de Peter Yates complètement inconnue avec un gros travail pour la faire exister. Alors que tout le monde me réclamait déjà le prochain : Mon nom est Personne. Avec ce titre, qui est certainement un des derniers très grands westerns, quelque chose m’échappe. Il y a un véritable désir, le film est populaire et continue de résonner pour beaucoup et n'était jamais ressorti. La copie 4K restaurée à Bologne est magnifique et une partie du public va le réévaluer. Bref, je ne suis pas à l'abri d'un succès.
L’année dernière au festival Lumière j’avais eu un vrai coup de cœur pour un diptyque de Cayatte (La vie conjugale) restauré par Pathé - une grande maison avec laquelle je n’ai jamais travaillé, puisque toutes mes dernières rééditions je les avais signées avec Studiocanal. Mais devant la timidité de mes habituels interlocuteurs j’ai dû renoncer à ce projet. J’aurais été vraiment seul. Céline Defremery chez Studiocanal m’a fait découvrir un pur "lost film", cette pépite de Peter Yates complètement inconnue avec un gros travail pour la faire exister. Alors que tout le monde me réclamait déjà le prochain : Mon nom est Personne. Avec ce titre, qui est certainement un des derniers très grands westerns, quelque chose m’échappe. Il y a un véritable désir, le film est populaire et continue de résonner pour beaucoup et n'était jamais ressorti. La copie 4K restaurée à Bologne est magnifique et une partie du public va le réévaluer. Bref, je ne suis pas à l'abri d'un succès.
Quels futures rééditions pouvez-vous nous annoncer pour 2024 ?
Aucune idée… j’ai du mal à me projeter en ce moment, même si j’ai envie de croire que Mon nom est Personne va marcher. C’est un peu le film de la dernière chance. Un film permettant le suivant (un autre de mes modèles économiques). Depuis la reprise et la réouverture des salles, dans une période plus que difficile, j’ai pris des risques en sortant parfois deux films par an ou en m'engageant dans la post-production du film de Jean-Baptiste Thoret, Michael Cimino un mirage américain, pour qu’il puisse exister au cinéma.
Propos recueillis par Sylvain Devarieux
© crédit photo : DR
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