Cinéma

Lumière 2023 - Wim Wenders éclaire la grand-messe du cinéma classique

Date de publication : 21/10/2023 - 08:00

Le cinéaste allemand a reçu, ce vendredi 20 octobre, le 15e Prix Lumière honorant l’ensemble de sa carrière. Ce, à l’occasion d’une cérémonie riche en hommages, en images et en musique, à la hauteur de l’artiste.

C’est un auditorium une fois de plus bondé et balancé par les musiques ayant rythmé la riche filmographie de l‘honoré du jour que s’est tenue cette 15e cérémonie du Prix Lumière, ponctuant le festival lyonnais éponyme dédié au patrimoine cinématographique. Un évènement qui vit ainsi Wim Wenders (photo) recevoir la récompense honorifique, distinguant une carrière de cinéaste, de documentariste – mais aussi, un peu, de photographe – riche de plus de cinquante ans.

L’évènement, de taille, était évidemment joliment fréquenté par d’autres artistes, comédiennes et comédiens, cinéastes et musiciennes et musiciens, venus rendre hommage au réalisateur de 78 ans. Ainsi, côté internationaux, Alfonso Cuaron, Rintaro, Marisa Paredes, Monia Chokri, Magalie Lépine Blondeau, Panos Koutras, entre autres, et les compagnons de longue date de Wenders, Peter Handke et Rüdiger Vogler, étaient de la fête.

Côté français, ils étaient notamment rejoints par Aurore Clément, Michel Hazanavicius, Claude Lelouch, Irène Jacob, Lyna Khoudri, Danièle Thompson, Vincent Lindon, Laura Smet, Hippolyte Girardot, Dominique Blanc, Vincent Lacoste, Jeanne Cherhal, Costa Gavras, Gaspar Noé, Laurent Gerra, Suzanne Lindon, Finnegan Oldfield, Rebecca Marder, Félix Moati, Christian Carion, Jérôme Kircher, Thomas Bidegain, Claude Mourieras et Jean-Jacques Annaud. Mais aussi des professionnels, telles les productrices Carole Scotta et Caroline Benjo (Haut et Court), la distributrice et productrice Régine Vial (Les Films du Losange), la productrice Marie Masmonteil (Elzévir films), les distributeurs Anne-Laure Brénéol (prix Fabienne-Vonier 2023) et Lionel Ithurralde (Malavida Films), Vincent Paul-Boncourt (Carlotta Films), Jean-Fabrice Janaudy (Les Acacias), Thierry Lacaze (Studiocanal), notamment.

Sans oublier bon nombre d’institutionnels, dont la présidente du Festival de Cannes, Iris Knobloch, le président du CNC, Dominique Boutonnat, le Dg de Rhône-Alpes Cinéma, Grégory Faes, l’éditrice et ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen, ainsi que Max Lefranc-Lumière, descendant des frères Lumière.
 
Rock, piano et caliente
La musique était évidemment très présente pour mettre en lumière l’œuvre de Wim Wenders. L’Auditorium fut ainsi bercé par le tube de Lou Reed, Perfect Day, en référence à son nouveau long, Perfect Days (sortie le 29 novembre en France chez Haut et Court), I Don’t Want A Lover de Texas (faisant référence ici à une anecdote qui vit le groupe écossais utiliser une partie de l’affiche de Paris-Texas pour illustrer une tournée) ; et les bandes originales de Paris, Texas et Buena Vista Social Club.
Deux tubes de cette BO furent d’ailleurs joués sur scène par le groupe lyonnais Collective Caliente, là où Jeanne Cherhal s’est tentée une reprise piano-voix de celui de Lou Reed. Le compositeur Laurent Petitgrand, qui a accompagné le cinéaste sur de nombreuses œuvres majeures de sa filmo, c’est en outre illustré au piano.

Plusieurs images furent également à l’honneur à l’écran du Grand Auditorium de Lyon. Wim Wenders a ainsi commenté plusieurs photos issues des trois expositions établies à Lyon à l’occasion du festival. Et au-delà des montages des films du cinéastes, et de plusieurs des 181 projetés à Lumière cette année, Thierry Frémaux a également livré quelques films des frères Lumière, pour la plupart récemment restaurés.
 
Au rang des hommages d’artistes, Vincent Lindon s’est présenté pour lire un texte de Wenders à l’honneur de Michelangelo Antonioni et Igmar Bergman, rédigé au moment de leurs disparitions respectives (toutes deux le 30 juillet 2007). Et cinq grands témoins se sont ensuite présentés, dont trois pour dresser les traditionnels éloges du Prix Lumière de l’année. Ainsi, le cinéaste mexicain Alfonson Cuaron a témoigné : "Pour notre génération, tu as été comme un phare. Tu as permis de faire comprendre que le but et le destin n’étaient pas les plus importants. Le plus important, c’est le voyage."
 
De son côté, Aurore Clément, que Wenders a dirigée évidemment dans Paris, Texas, palme d’or 1984 à Cannes, lui a ainsi déclaré : "Toute cette semaine, nous avons voyagé avec vous dans l’errance, la liberté, la solitude ; ce vertige qui plane dans vos films. (…) Votre cinéma est tendre, réfléchi. Il y a l’amour. (…) Le monde gronde. Nous avons besoin de poètes comme vous, pour nous redonner du désir, et des ailes."
 
"Jeter de la lumière sur le monde"
Enfin, Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière, a conclu par cet éloge : "Wim nous offre un regard au présent, encore capable de créer, dans un monde de plus en plus confus. Merci pour tes histoires, merci pour tes films, qui nous ont magnifiquement accompagnés cette semaine, et dans nos vies."
 
Wim Wenders a ensuite reçu le 15e Prix Lumière des mains d’Aurore Clément et Alfonson Cuaron, non sans laisser voir une grande émotion. Il a tenu ainsi à remercier ses amis Peter Handke et Rüdiger Vogler, grands témoins sur scène ; ainsi que ses ancienne assistante, la cinéaste Claire Denis, ses distributeurs et éditeurs Haut et Court, Les Films du Losange et Carlotta Films, ainsi que Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière, feu Henri Langlois, l'un de ses grands mentors de cinéma, et sa femme Donata Wenders.
 
"C'est quand même absolument inimaginable que les inventeurs du cinéma s’appelent Lumière", s’est exprimé le cinéaste, en français. "C'est quand même l'essence même du cinéma, la lumière. A l'écran, on essaye de jeter de la lumière sur le monde, sur des histoires, sur des personnes. Ce que j'ai fait dans mon cinéma, c'est éclaircir cette question : comment nous vivons, comment peut-on vivre mieux ?"

Sylvain Devarieux
© crédit photo : Institut Lumière - Photo Olivier Chassignole


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