Cinéma

Cannes 2024 – "Animale" raconté par sa coproductrice belge Cassandre Warnauts

Date de publication : 22/05/2024 - 18:00

Le film de clôture de la Semaine de la Critique, réalisé par Emma Benestan est le fruit d’une coproduction franco-belge entre June Films et Frakas productions, menée pour des raisons avant tout artistiques.

Par quel biais et à quel stade du film êtes-vous entrés dans la coproduction de Animale ?
Nous avions collaboré avec Julie Billy lorsqu’elle travaillait chez Haut et Court. Julie et nous partageons un désir de cinéma commun et une volonté de proposer des films singuliers, tournés vers le public, abordant des thématiques fortes. Nous avons très vite décidé de travailler ensemble très en amont sur nos projets respectifs, convaincues elle et nous que la stratégie de groupe dans le contexte très concurrentiel actuel était une plus-value énorme.

Julie et Naomi nous ont donc envoyé très tôt le scénario de Animale, ce qui est une preuve de confiance et a permis une implication artistique qui dépasse largement le cadre de la simple coproduction financière.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet d’Emma Benestan ?
Nous sommes de grands fans de Fragile, le premier film d’Emma. Elle bouscule les codes et propose de nouveaux visages dont le cinéma a tellement besoin. Surtout, le film démontrait déjà son grand talent de directrice d’acteurs.

Ensuite, la lecture du scénario… Il proposait un personnage féminin complexe, fort. Il y avait presqu’une nécessité à accompagner ce projet et sa proposition de cinéma. Pour sa manière d’interroger le genre, le corps, la violence mais aussi l’intime, le rapport à la nature. C’est un film qui regarde le monde d’un endroit différent, avec un prisme singulier. C’est qui nous fait désirer le cinéma. C’est aussi le type de projet qui nous anime…après Grave, Vincent doit mourir,…c’était pour nous une évidence.

Quel fut votre apport ?
Nous avons longuement échangé pour que l’apport belge soit une vraie force artistique pour le projet. Cela a toujours été notre enjeu principal. Emma souhaitait proposer le film à Ruben Impens à l’image… Ruben est un chef opérateur très demandé mais, comme nous, il a eu un véritable coup de cœur pour le projet et a embarqué dans l’aventure avec un investissement incroyable. Ensuite, nous avons envoyé une partie de l’équipe décoration qui a adoré travaillé main dans la main avec les Camarguais. Au bout de la chaîne, toute la post-production son a eu lieu à Bruxelles.

En termes de financements, le film a convaincu l’aide sélective de la Fédération Wallonie Bruxelles au premier passage, et avons complété la part belge par BeTv et le Tax Shelter, bien entendu.

Quelles étapes plus ou moins décisives ont été franchies au cours de la période du développement ?
Naomi et Julie sont de vraies accompagnatrices pour leurs auteurs et cinéastes. Elles n’ont rien lâché. C’était très beau à voir, à quel point elles portaient le film qu’Emma voulait faire. L’enjeu du casting était évidemment un pari fou. Seule Oulaya Amamra, pour qui Emma avait écrit le rôle, était professionnelle. Dès le développement, il fallait penser à la métamorphose, aux effets visuels. Mais aussi sonores. Un travail colossal a été amorcé en amont. À la fois pour convaincre les partenaires, mais surtout pour porter le film artistiquement le plus loin possible.

Le film avait des besoins spécifiques en termes de production ?
Le film est assez cher car il a des ambitions artistiques. Il fallait trouver les bons partenaires qui accordent leur confiance sans lui enlever quoi que ce soit de sa vision (en imposant un gros casting par exemple). Ce fut le cas avec chacun des partenaires que Julie et Naomi ont réuni autour du film. C’est très fort de le constater à chaque étape.

La Camargue n’est pas un territoire facile à aborder. La relation forte de confiance entre Emma et son équipe et les gens qui ont porté la fabrication du film, fut décisive. Puis il fallait tourner avec des taureaux… cela n’était pas un tournage de tout repos mais encore une fois, tout fut rendu possible grâce au relationnel sur place. Au respect de la région, des gens, des animaux.

Qu’attendez-vous de cette sélection en clôture de la Semaine de la critique ?
C’est la quatrième fois que nous présentons un film à la Semaine et c’est pour nous la meilleure place pour le film. Ava et son équipe ont tellement bien parlé du film que nous savons que le film y sera choyé. C’est une joie évidemment de partager le film avec le public pour la première fois dans une sélection aussi prestigieuse.

Beaucoup de choses encore en cours chez vous ?
Nous terminons les prochains films belges de Fabrice Du Welz Maldoror, et de Marta Bergman L’enfant bélier. En têtes de coproductions françaises, nous sommes notamment en finitions des prochains films de Manele Labidi et de Pablo Aguero. Nous continuons notre collaboration avec Julia Ducournau le tournage de son troisième film qui est imminant. Nous sommes aussi en développement de nombreux auteurs belges en ce moment : Michaël Roskam, Marion Renard, Aline Magrez, Marie Mc Court, Giordano Gederlini, Delphine Noels.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : DR


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