Cinéma

Annecy 2024 - Véronique Encrenaz : "La croissance du Mifa est le résultat d’un travail de fond que nous menons depuis des années"

Date de publication : 11/06/2024 - 08:07

La responsable du Marché International du Film d’Animation détaille les grandes lignes de cette 39e édition, qui se déroule du 11 au 14 juin et dont l’organisation a été organisée cette année autour de quatre offres distinctes dont le tout nouvel espace XR&Games.

Le Mifa a été structuré autour de quatre offres cette année, dont une supplémentaire par rapport à l’an dernier….
En effet, les accrédités vont retrouver le chapiteau avec tous les stands, l’Impérial Palace qui accueille tout ce qui est contenu et le Mifa Campus que nous avons spécialement créé l’an dernier et qui accueille étudiants et talents et qui va être amélioré cette année. Et la quatrième offre est constituée par l'espace XR&Games qui sera à la Chambre de Métiers et de l’artisanat. Nous l’avons instaurée pour deux raisons principales. La réalité virtuelle était présente au Mifa depuis 2018 dans un lieu dédié, mais qui manquait de visibilité. Avec ce nouvel espace nous pouvons y réunir l’ensemble du contenu global XR disponible à Annecy, y compris les WIP. Seule la compétition XR sera comme d’habitude accueillie dans la salle de création de Bonlieu. Mais ce lieu unique et aisément identifiable devrait permettre aux professionnels concernés de se retrouver plus facilement et de pouvoir échanger. On sait que cette industrie cherche encore son modèle économique, donc l’idée est de pouvoir avancer à ses côtés. Par ailleurs nous y avons adjoint le jeu vidéo car cela correspond à une demande qui nous était faite depuis quelques temps. Certains jeux indépendants sont extrêmement créatifs et se rapprochent beaucoup de l'animation. Il y a donc beaucoup de ponts à créer

La chambre de Métiers et de l’artisanat avait accueilli les conférences jusque 2017. L’ensemble du bâtiment est-il investi par ce nouvel espace ?
Oui c'est un lieu qui comprend notamment une très belle salle de conférences de 200 places. Mais nous avons pu investir tous les étages, y compris le hall d’accueil. Les différentes salles vont permettre de présenter des contenus XR, dans des conditions plus confortables que sous le chapiteau, notamment en termes d’environnement sonore. Et le jeu aura aussi un espace dédié ou les sociétés pourront faire des démonstrations. Nous avons travaillé avec le Weird Market, un évènement espagnol qui mixe réalité virtuelle, XR, jeux et animations. Ils étaient très bien placés pour nous accompagner là-dessus. Et leur idée a été de lancer un concours de cinématique, ce qui parle aussi bien à l’univers du jeu qu’à celui de l’animation. Nous en avons reçu plus de 70 et il y aura une remise de prix ce mardi soir

Quelle superficie occupe le Mifa cette année ?
11 000 m2, puisque la Chambre de Métiers nous permet de disposer de 1 000 m2 supplémentaires. Par ailleurs nous avons sorti l’accueil Mifa afin de le placer à l’extérieur ce qui nous a libéré un peu de place pour quelques stands. Nous en avons 182 au total cette année.

Le nombre de participants est-il aussi croissant ?
Les délégations comme celles d'Italie, d'Espagne ou encore d'Allemagne, ont en effet encore grossi. Elles se retrouvent donc sur des stands qui sont à présent trop petits. Pour vous donner quelques exemples le trio de tête est composé par la France, le Royaume Uni et les États-Unis, dont la délégation compte 678 personnes cette année. Les espagnols sont 597 et les italiens 524, soit une centaine de plus que l’an dernier. Du côté des nouveaux pays, Singapour a une ombrelle pour la première fois. Le Vietnam est présent de même que le Maroc qui vient avec une forte délégation, et la superficie du pavillon africain a doublé, grâce au soutien de l’Agence Culturelle Africaine. Le Brésil revient aussi cette année et nous avons des discussions en cours sur les présences futures de l’Australie et de la Nouvelle Zélande. Il nous appartient donc de pouvoir accompagner ce mouvement car au niveau européen, on constate que tous les voyants sont au vert. Les différents pays prennent de plus en plus en compte la portée de l'animation, en termes d'emplois, d'exportations, de création de contenu et donc d'influence à travers le monde. On le constate à travers la création de crédits d'impôts et de divers soutiens à la création et à la production. Reste que si les voyants sont au vert sur la création de contenus, c’est bien plus difficile pour l’industrie. Les studios souffrent de la baisse des commandes, notamment des plateformes. On voit bien que la bulle de l’immédiat après-covid a éclaté. Certains disaient que l’activité allait repartir en 2024. A présent on parle plutôt de 2025.

160 évènements organisés cette année. Des temps forts en vue ?
La présence du Portugal qui sera aussi très présent au marché. Et Regina Pessoa qui va faire l'ouverture du Mifa Campus en tant que marraine. Car c’est un lieu qui permet aux grands noms de l’animation de partager avec les jeunes talents. Je pense aussi à une table ronde qui promet d’être très intéressante, sur la façon dont le Japon perçoit son animation, y compris les jeunes générations qui ont peut-être envie de faire évoluer les choses. Et la présence de plateformes spécialisées dans les contenus ado-adultes comme Neon ou Hulu me parait important. On évoquera aussi les chaînes FAST qui commencent à concurrencer YouTube par exemple. On abordera aussi le métavers et l’interactivité. Et puis en liaison directe avec notre nouvel espace XR & Games, il y aura une conférence sur la propriété intellectuelle diversifiée, c'est-à-dire, c'est les stratégies à adopter pour créer un écosystème d'IP adapté aux différentes supports.

Et il y aura aussi des sessions de recrutement de studios. Leur nombre est-il en baisse comme c’était déjà le cas l’an dernier ?
Effectivement l’an dernier, 31 studios étaient venus pour des sessions de recrutement, contre une quarantaine en 2022. Cette année ils ne sont que 22 alors que le nombre de candidatures explose. Nous en avions enregistré 13 000 l’an dernier contre 16 000 cette année. Donc il y aura mathématiquement très peu d’élus. C’est clairement la grande problématique actuelle de l’animation.

L’industrie souffre mais la créativité est-elle toujours au rendez-vous ?
Plus que jamais puisque nous avons reçu 760 projets pour nos sessions de pitchs. Nous avons donc doublé celles consacrées au long métrage et à la série. 41 projets seront présentés, mais si l’on rajoute tous les pitchs partenaires, nous en sommes à 130 cette année. C'est tout simplement énorme. Tout cela est le résultat d’un travail de fond que nous menons depuis des années.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : ANNECY FESTIVAL/G. Piel


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